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DADVSI : l’internet contrôlé...

Publie le dimanche 19 mars 2006 par Open-Publishing
5 commentaires

Bonjour,

Ce qui est inadmissible pour les internautes, c’est qu’au nom du "piratage" (encore un mot très mal choisi par les médias, d’ailleurs), Internet doit voir toute sa technologie fermée et remise entre les mains des personnes de l’Industrie du Disque ou du Cinéma.

Je parle notament du moyen permettant à chaque internaute de télécharger un fichier (j’ai bien dit FICHIER - Je rappelle qu’un fichier PEUT ETRE TOUT A FAIT LEGAL !) sur l’ordinateur d’un autre, qu’on appelle "peer to peer" (P2P). Le P2P est un OUTIL seulement et rien d’autre. La personne qui voudra mettre à disposition ses photos de vacances par P2P sera donc désormais considérée comme un PIRATE et sera donc passible de 150€ d’amende pour avoir mis en partage ses photos de vacances totalement LEGALES et LIBRES DE DROIT.

Trouvez-vous ça normal ?! De même, trouvez-vous normal qu’un éditeur d’un tel logiciel soit sanctionné de prison et d’une énorme amende pour avoir fabriqué seulement cet OUTIL-là (je le rappelle) permettant de télécharger des fichiers également TOUT A FAIT LEGAUX ?! Même un chauffard ivre qui écrase un piéton ne prend pas autant ! On voit à quel point l’argent a de la valeur pour certains, par rapport à la vie humaine...

Trouvez-vous normal que l’on tolère les fabriquants d’alcool et de puissantes voitures qui font de nombreux morts chaque jour sur la route, et que l’on interdise des fabriquants de logiciel permettant de télécharger des fichiers ?! Ce n’est pas l’OUTIL qu’il faut condamner mais son utilisation ! VOILA ce qui nous pose problème, à nous internautes. Et ce n’est hélas pas le seul problème qu’il pose. Le P2P n’est hélas pas le seul dans la ligne de mire, mais de nombreuses autres technologies internet : Newsgroup, serveurs FTP/HTTP, webradio, ... Internet s’est enrichi au fur et à mesure que les années ont passé de technologie innovantes ont fait leur apparition. Et en un claquement de doigt, sous la pression d’hommes TRES RICHES (en argent seulement...) et surtout TRES AVARES, et GRACE à un Ministre de la Culture incompétant (il ne sait MEME PAS ce qu’est Internet et c’est LUI qui a fait voter cette loi sur l’Internet ! Mais où va-t-on ????), nous régressons 10 ou 15 ans en arrière... en les laissant en plus prendre possession de l’Internet français, supprimer toutes les technologies actuelles et fliquer. Tout décider pour tout le monde !!! L’Internet à la manière chinoise, vous aimez ?

Cette loi, c’est aussi un couteau sous la gorge pour les "logiciels libres", car avec la mise à mort du P2P et d’une manière générale les technologies de partage et de téléchargement, elle interdit d’une certaine manière le développement des logiciels libres, car elle interdit les utilisateurs de télécharger sur ces réseaux. Qui a forcément envie, pour télécharger un "logiciel libre", d’utiliser des logiciels propriétaires contaminés par des DRM contenant du code pouvant être très néfaste pour son ordinateur ? Pourquoi devrait-on FORCEMENT accèpter qu’un Major décide si OUI ou NON Untel a le droit de télécharger la dernière version de Linux, de Firefox ou d’OpenOffice ?! J’ai personellement acheté mon ordinateur avec mes sous, j’ai peut-être envie d’en faire ce que je veux, non ?!?! Des logiciels libres tels que (un exemple parmi des milliers) Linux sont notament mis en partage sur des réseaux type P2P pour la souplesse de téléchargement et ainsi éviter d’exploser des serveurs. Le P2P, notre cher Ministre vient de guillotiner de manière radicale (pourquoi se casser le *** à trouver de vraies solutions ? ah oui, il est juste incompétant, c’est vrai...), totalement injuste et sans aucun fondement d’ailleurs. Les serveurs ne permettent pas forcément de supporter des téléchargements massifs sans voir le serveur exploser. Le P2P était donc un fabuleux outil et qui, surtout, symbolisait même l’esprit du "libre" et du "partage". De nombreuses branches, adeptes du "libre" (telles que : éducation, recherche, science) ont maintenant la corde au cou... grâce aux Gourous des "artistes". Sympa, non ? Je peux moi aussi me plaindre de ne pas assez gagner d’argent (hein... "SEULEMENT" quelques dizaines de milliers d’euro par mois en faisant semblant de chanter dans un micro éteint, à la TV...), de devenir un gros égoïste, de faire des revendications et de volontairement (ET POUR ME SATISFAIRE MOI SEUL) mettre 60 millions de français dans la panade ? Si chacun peut se faire justice soi-même, mais où va-t-on ?!

Un autre danger, c’est les système dits "de protection" (si on peut appeler ça ainsi... hum) qu’on appelle DRM. Personne ne sait ce qu’ils contiennent, sauf le concepteur lui-même (Made In MAJORS’, bien entendu). Il y a déjà eu auparavant le fameux et controversé rootkit de chez Sony qui a été reconnu comme code malicieux par les sociétés antivirus (la fabrication et diffusion de code malicieux est normalement SEVEREMENT punie, mais bien entendu, quand on s’appelle SONY, multinationale, on peut tout se permettre SANS RISQUE DE SANCTIONS ! L’argent a le pouvoir de tout laver et de tout réparer...), s’incrustant à l’intérieur du système d’exploitation et multipliant dangereusement le nombre de failles de sécurité et exposant l’ordinateur à de très gros risques viraux, et de prise en contrôle à distance (par un pirate, un VRAI, cette fois - pas un téléchargeur de MP3...) grâce à un cheval de Troie. Avec les DRM, vous devrez de la même façon vous inquiéter au sujet de votre ordinateur ! En plus, la dernière chanson de la Star Académie, vous pourrez l’écouter par exemple 10 fois seulement sur la plateforme ou le player qu’on vous aura imposé, et vous pourrez ensuite ressortir le porte-monnaie pour la racheter une nouvelle fois, et ce autant de voir que la maison de disque l’aura décidé. Un CD normal, vous l’achetez une fois, et vous écoutez la musique (que VOUS AVEZ ACHETé) autant de fois que vous voulez. Mais avec les stratégies de marketing (à traduire par : magouilles commerciales), on pourra décider à votre place de limiter la musique que VOUS AVEZ POURTANT ACHETé et donc de vous manipuler de manière subliminale ! On décidera TOUT pour vous ! N’est-ce pas merveilleux ? Avec les DRM, vous pourrez l’écouter soit 10 fois, 1000 fois ou 1 million de fois, selon ce que le gentil employé de l’Industrie du Disque aura choisi. Ce n’est plus vous qui deciderez de ce que vous pourrez écouter, mais la maison de disque. Voilà la culture, selon notre Ministre. Mais bien sûr, il ne va pas l’avouer... et ce n’est certainement pas le JT de TF1 qui le dira ! D’où la désinformation totale et la naïveté à l’échelle française !

Je ne vous parle pas non plus de l’obligation d’utiliser TEL support pour TELLE chanson et qui ne tournera nulle part ailleurs. La chanson que vous offrirez à votre fils tournera (avec un peu de chance) sur sa platine, mais s’il la prête à sa soeur, cela ne fonctionnera plus sur sa platine à elle. Vous pourrez aussi balancer votre tout nouveau baladeur à 500€ que vous venez de vous offrir et qui ne sera pas compatible avec la chanson que vous rêvez de vous d’acheter. Où est la liberté d’utiliser le support qu’on veut ?! Bof, tant que ça rapporte aux gens déjà très riches, où est le problème, franchement ?

Une telle loi détourne sciemment la fléchette de la véritable cible. De nombreuses études ont été menées et ont prouvé que le P2P n’a pas fait baisser les ventes de disques... bien au contraire ! Le P2P a JUSTEMENT permis à de très nombreux internautes de découvrir de nouveaux groupes de musique et de les acheter de façon légale chez les marchands ! Des groupes qu’ils n’auraient pas connus autrement, ni à la TV ni à la radio (qui diffusent toujours les mêmes m**des) ! Sans P2P, nous serions TOUS condamnés à connaître SEULEMENT les "chansons" qui passent à la radio ou à la TV : Star Academy et autres nullités. Quelle personne voulant VRAIMENT de la culture peut acheter de telles choses ?? Les gens n’ont pas forcément envie d’écouter de telles daubes et de se rabaisser à ce niveau. On parle bien de culture ? Alors laissons les gens découvrir ce qu’ils aiment vraiment au lieu de leur imposer le "tube" du moment !

La copie privée est également mise à mort ! Mais bien sûr, cela n’empêchera toutefois pas la grosse taxe qui avait été rajoutée aux CD/DVD vierges (même si on y grave pas une seule chanson dessus...) d’être supprimée ! Cela rapporte tellement d’argent aux Gourou du Disque... Pourquoi la supprimer ? Souvenez-vous de la vignette auto ! Elle était à la base destinée à être reversée aux personnes agées... Mais les politiques se sont aperçus que ça rapportait tant de soussous. Alors pourquoi la supprimer franchement ? La (très grosse) taxe sur les CD/DVD vierges, c’est la même chose que cette vignette auto !

Le Ministre de la Culture n’a répondu à aucune question posée par les députés dans l’Hémicycle pendant les débats ! Il a feint de ne rien entendre ou de ne rien comprendre et s’est toujours détourné des questions en répondant à côté et continuant dans sa folle lancée sur les "méchants pirates" et leurs sanctions encourues... Est-ce normal un tel comportement ?

Il est effectivement normal que les artistes gagnent leur dû. Mais savez-vous que les maisons de disque rémunèrent leurs chers artistes à hauteur de 3% alors qu’elles en empoche 60% ? Et savez-vous que le patron de cette maison de disque dénigre publiquement les "pirates qui téléchargent", avec un air arrogant, alors qu’en fait le vrai pirate, c’est lui ? Forcément, ce ne sont sûrement pas les médias qui vont le dire, ça, ni même notre cher ministre ! Les "méchants pirates" seraient soudainement blanchis, comme par magie ! Un truc à ne pas oublier : "Le pirate n’est pas forcément celui qu’on croit."

Cette loi ne protègera nullement les artistes, mais seulement les patrons des grosses industries du disque et du cinéma. Faire voter cette loi, c’est leur donner le pouvoir de tout gouverner.

Cette loi retombera forcément sur ceux qui l’ont instaurée et se mangera elle-même après les avoir mangés, eux. Elle ne pourra de toute façon pas subister.

Si l’on veut vraiment s’attaquer au problème des droits d’auteurs, alors attaquons-nous y, mais de manière HONETTE et non PERVERSE et surtout pas par de la DESINFORMATION telle qu’on la voit dans les médias !

Des gens se disent "Cette loi est bien, les artistes seront protégés, etc". Mais hélas, ils n’ont vraiment rien, mais RIEN compris au vrai problème qui se cache derrière ! Ils se sont laissés bernés une fois de plus. Ils n’ont pas du tout compris par quoi cette loi est partie, de quoi elle découle, de par qui elle est arrivée. Comme dans un grand théatre, on nous montre le beau rideau orangé fermé et scintillant qui fait rêver tout le monde, mais en nous cachant ce qui s’y cache derrière... Avec cette loi DADVSI, le problème est équivalent. On nous montre une facette étincelante de la chose mais totalement pervertie. C’est de la désinformation totale. Ce qui se cache derrière ce beau rideau orange de cette loi DADVSI, c’est l’avarice d’hommes toujours plus affamés par l’argent et par le pouvoir. Aigris par des technologies qui les dépassent totalement et qu’ils n’arrivent pas à maitriser. Enervés de se voir détroner par des plus forts qu’eux et prêts à n’importe quoi pour revenir en pôle position.

Ce sont des hommes dangereux, sourire aux lèvres, mais remplis de haine et de méchanceté à l’intérieur, prêts à n’importe quoi pour se satisfaire égoïstement, jusqu’à tuer des technologies quasi-vitales pour les programmeurs, les universitaires, les scientifiques, les médecines,... et la culture elle-même. Voilà où l’on en arrive ! Les gens croient tout ce qu’on leur dit, obéissent bêtement aux ordres d’animateurs TV ("Tapez 1 pour sauver NUNUCHE1, tapez 2 pour sauver NUNUCHE2. Prix 1 SMS + 2€"), faisant par la même occasion de la grosse pub (et beaucoup d’argent) pour des maisons de disque, et les gens ne se permettent même pas de vérifier les informations qu’on les oblige à croire ici ou là ! Et pendant ce temps, des hommes profitent de cette naïveté générale des moutons que sont les français afin de s’emparer d’un pouvoir et de détruire le travail des autres...

... par simple amour de l’argent !

Domage que tout le monde ferme les yeux et trouve toujours de bonnes excuses. Quand il sera trop tard, il ne sera peut-être plus possible de revenir en arrière ! C’est MAINTENANT qu’il faut réagir !

 http://bellaciao.org/fr/article.php...

Messages

  • Malheureusement ce n’est pas par manque d’intérêt mais par volonté très claire et soutenue des médias de ne pas en parler !
    Lorsque les principaux relais de l’info sont aussi les principaux menacés, il y a comme de la rétention d’information dans l’air...
    Quand on ajoute, des changements de position réguliers et radicaux parmi les principaux antagonistes, il y a de quoi y perdre son latin.
    Mais le débat ne pourra pas en rester là, l’implication des uns, les ambitions des autres, feront de cette loi, un vulgaire et énième passage en force, qui sautera avec le prochain gouvernement donc affaire à suivre....

    Je vous conseille le livre "Je suis un voleur" de l’un des créateurs du Gandi.net , dispo sur : http://www.confessions-voleur.net

    Isabelle

    • Les prétextes de l’agression liberticide des majors et du ministre ont été battus en brêche par la réalité, par le fait qu’à aucun moment ils aient prouvé la nocivité des téléchargements completement libres. Bien pire, le peu d’enquêtes effectuées ont montré que le téléchargement, dit piratage pour ces braves gens, pousse à l’achat des oeuvres et non l’inverse....

      Il faut bien écouter un artiste, aimer ce qu’il fait, pour acheter ce qu’il crée. J’ai jamais acheté un disque, une cassette ou un CD de créateurs que je connaissais et appréciait.
      Et tout le monde est pareil .
      Les gens ne prennent pas au hasard des CD sur un étal pour les acheter. Et c’est bien parcequ’ils les ont déjà écouté, gratuitement, qu’ils les achètent. Les seuls lieux d’écoute généralisés ne se trouvent pas à la télé et à la radio qui ne prennent jamais un risque de passer un auteur, un interprete original (il n’y a qu’à voir la reprise incessante d’anciens morceaux dont les majors et les télés sont sûrs du succès pour bien comprendre que ces braves gens sont par essence conservateurs et ne prennent pas le risque de la création, sauf très rares exeptions).

      Le crétinisme appliqué ministeriel se base sur l’inverse....Les gens doivent acheter ce qu’ils ne connaissent pas, accepter des programmes espions dans cette merde qui peuvent abimer votre ordinateur ou abaisser sa sécurité (Sony a été pris dans un terrible scandale en ce sens)...

      Il y a également un autre avantage au téléchargement libre, c’est la diversité qu’il permet, l’aide à la création pour les auteurs inconnus.
      Car il n’a échappé à personne que la diversité ne s’exprime pas à la télé ou à la radio (lieux de licence globale controlés par les majors), un créateur original n’a aucune chance de percer par là.
      Il ne reste à ce créateur que deux possibilités de se faire connaître : la scène et le net.

      Il n’est pas sûr que les fondements du texte du ministre de la culture sautent avec un autre gouvernement de gauche.

      Il y a de profondes raisons à celà qui s’appellent : Majors mondiaux, Microsoft et d’autres... ainsi que le désir de la plupart des patrons politiques et économiques des grands groupes de médias qui ont acquis à très fort prix des hauts-parleurs pour faire l’opinion et qui ne sont pas prêts à perdre ce monopôle ne devant rien au talent.

      C’est du fond donc, des moteurs profonds de l’agression, qu’il faut se défier.

      Celà necessite également un travail important auprès de la population pour convaincre que des interets privés puissants qui essayent de voler le réseau, se l’approprier à des fins privées, soient expulsés du net (ils sont eux aisés à trouver, leurs statuts sont déposés), condamnés lourdement quand ils pratiquent l’espionage des citoyens et menacent des représentants du peuple pour qu’ils votent dans le sens de leurs interets.

      L’ensemble des remarques portées ici je les partage globalement. Le gouvernement a fait un grand écart par rapport à de grands principes dans cette affaire :

      * Legalisé l’espionage privé par de grands groupes (ce qui est une terrible logique)

      * Agressé la liberté de création en s’attaquant au monde du logiciel démocratique et ouvert en essayant d’interdire ces programmes.

      * Essayé d’affaiblir la sécurité du net, déjà très souvent mise en cause, en rendant obligatoires des programmes d’espionage faits par des entreprises privées, sans qu’on ait le droit de vérifier leur éventuelle nocivité, ni de les oter. Un des pretextes d’ailleurs pour l’agression des programmes ouverts et libres utilisés maintenant par de plus en plus de personnes et de corps d’état (comme la gendarmerie) est que justement on peut et on a droit de voir ce qui est concocté dans un programme.

      * Essayé de mettre entre les mains de très grandes entreprises américaines du logiciel en perte de vitesse (qui ne représentent nullement les américains et encore moins la communauté des internautes américains) le net français par stupidité (on plaidera la stupidité pour l’instant, sous reserve d’une enquête approfondie sur toute cette affaire).

      * Remis en caus, par son talibanisme pro-majors, des outils indispensables à la communauté scientifique française et mondiale.

      Un gouvernement attentif aux libertés, attentif à la création, attentif à l’avenir, devra revenir sur la loi de Donnedieu.

      La supprimer et la remplacer par une loi qui garantisse le net contre toute appropriation par des interets privés de grands groupes financiers, contre toute atteinte à la liberté d’échange des citoyens, par de lourdes peines contre ceux qui instillent des programmes d’espionage (même au travers de clauses abusives dans les licences d’utilisation de programmes ou de services) , une loi enfin qui essaye de développer au maximum les moyens d’acces libres et à très faible coût, voir gratuits, au net partout sur le territoire.

      Copas

  • J’ai déjà écrit ailleurs, en réponse à un article paru ici que cette loi est inapplicable et qu’elle ne sera pas appliquée.

    Un simple exemple permet de s’en rendre compte : vous avez trouvé sur le ouaibe une image qui vous a plu, que vous avez trouvé marrante, comme celle-ci, mettons... (J’ai choisi cette image à dessein : elle n’est pas libre de droits). Vous voulez en faire profiter vos amis. Vous la copiez donc sur votre disque dur, puis la placez dans un courriel que vous leur envoyez. Aux termes de cette loi, vous vous êtes mis en infraction non pas une, mais quatre fois (au moins) :
     1) en la téléchargeant, vous vous êtes livré à un acte de contrefaçon, puisque cette loi considère qu’un téléchargement, même pour un simple usage privé, n’est pas assimilable à une copie privé - amende prévue : 38 euros,
     2) pour y accéder, vous avez certainement utilisé un des navigateurs ouaibe en circulation : aucun ne gère les prétendues "mesures techniques de protection" (y compris les versions actuelles d’Internet Explorer, alors ne parlons même pas de Firefox !) : cette loi rend leur usage tout simplement illégal,
     3) en la diffusant à vos amis dans un courriel, vous avez illégalement distribué publiquement (aujourd’hui, en France, un courriel envoyé à deux personnes ou plus est considéré comme un document public - ça paraît totalement ubuesque, mais c’est comme ça...) et en toute connaissance de cause un document contrefait - amende prévue : 150 euros,
     4) même remarque qu’en 2), mais cette fois en ce qui concerne votre logiciel de messagerie.

    On peut encore ajouter que le prestataire de service qui gère le serveur SMTP qui s’occupera de l’envoi de votre courriel sera, lui aussi, dans l’illégalité, s’il n’y intègre pas un dispositif permettant de contrôler si vous avez ou non le droit de diffuser un tel document.

    Tous les internautes de France et de Navarre pratiquent ce genre de chose quotidiennement. Nous serons donc tous, plusieurs millions, des délinquants. Pour autant, je suis convaincu que personne ne va changer de pratique ainsi, du jour au lendemain, ceci d’autant moins que l’opposition à ce texte paraît générale. C’est pourquoi on peut affirmer que cette loi sera impossible à faire respecter.

    Alors quel est le but réel d’une loi dont tout le monde sait, les fonctionnaires du ministère de la Culture et les lobbyistes de Vivendi ou de la SACEM les premiers, qu’elle est inapplicable ?

    Tout simplement celui-ci : dans quelques mois, on va les entendre hurler de tous côtés que la pratique du peer2peer est plus florissante que jamais, qu’aucune des pratiques censément interdites par cette loi n’aura cessée, que les ventes de CD ou de DVD s’effondrent (ce qui risque effectivement d’arriver, si nous savons mettre nos menaces de boycott en pratique), que personne ne veut acheter en ligne des chansons à 99 centimes qu’on ne pourra écouter que trois fois dans le mois en cours avec le logiciel Sony-rootkit.exe sous Windows (exclusivement), et que, par conséquent, il convient de prendre des mesures plus draconiennes, c’est à dire contraindre les fournisseurs d’accès à introduire dans leurs réseaux des dispositifs de filtrage.

    Différentes lois votées depuis 2002 : la LSI, la LCEN, puis la petite dernière, la LSQ, adoptée en novembre dernier, font déjà de la France un quasi État policier numérique. Rappelons qu’aujourd’hui, les fournisseurs d’accès (y compris les entreprises qui possèdent un réseau interne avec un accès à l’internet ou les cybercafés) sont tenus de conserver pendant un an la trace des connexions opérées par leurs usagers. Ces traces sont accessibles aux services de police sans aucun contrôle judiciaire. En soi, elles livrent déjà pas mal d’informations sur l’usage que nous tous faisons du réseau. Mais jusqu’à aujourd’hui, ils n’ont en principe pas le droit d’exercer un contrôle sur le contenu des échanges. S’ils ont le droit de vérifier qui envoie un courriel à qui, il leur manquait celui de lire ce qu’on s’y dit. Il leur manquait aussi le droit de censurer les échanges, de bloquer ceux qui ne leur conviennent pas. C’est précisément une ouverture sur la possibilité de lire et de censurer le contenu des communications sur l’internet que cette loi introduit. Ceci va beaucoup plus loin qu’un simple problème de droit d’auteur.

    Et c’est précisément ce qu’il faut s’attendre à voir arriver très vite.

    De plus, comme nous l’avoue si candidement notre sympathique ministre de la Culture, ce serait quand même dommage de limiter cette possibilité aux seuls documents de nature artistique : je le cite, donc, notre cher ministre, dans une interview donnée à Libération : "Ce texte pour moi, n’est d’ailleurs que le premier d’une longue série d’adaptations de notre droit à l’ère numérique et je compte bien, par exemple, m’attaquer un jour au problème de la presse et de l’internet. C’est un autre sujet capital parce qu’il n’y aura pas d’informations de qualité sur l’internet sans de vrais signatures, de vrais acteurs dont c’est le métier." Chers amis de Bellaciao, vous voilà donc prévenus...

    Ceci dit, il y a parfois des retours de bâton inattendus.

    Ce n’est pas d’hier que les multinationales tentent de faire main basse sur l’internet. Jusqu’à présent, elles s’y sont toujours cassé les dents. Se souvient-on encore de la guéguerre qui opposa Microsoft et Netscape, à la fin du siècle dernier, pour imposer leurs formats propriétaires, lisibles chacun exclusivement par leurs navigateurs maison, sur les documents HTML ? Ces deux entreprises prétendaient prendre le contrôle du ouaibe en incitant les concepteurs des sites à introduire dans leurs pages des marqueurs interprétables seulement par l’un ou l’autre de leurs navigateurs. Et que croyez-vous qu’il arrivât ? Les webmestres, qui ne sont quand même pas à ce point crétins, et dont le but est de pouvoir être lus par le plus grand nombre possible de gens, se sont finalement contentés de publier des pages écrites en langage HTML standard, lisible par tous les navigateurs, fuyant comme la peste ces marqueurs propriétaires - dont certains, à dire vrai, étaient particulièrement incongrus (tels ce "blink" Netscape, qui permettait de faire clignoter des portions de texte à l’écran, je ne vous dis pas à quel point c’était pénible aux yeux du lecteur).

    Cette loi a de bonnes chances d’avoir des effets de bords que le gouvernement risque de ne pas apprécier du tout.

    D’abord, elle a suscité chez les internautes français un vaste mouvement de prise de conscience des dangers que font peser sur leurs libertés numériques les politiques menées dans ce domaine depuis plusieurs années. Personnellement, j’aurais préféré qu’une telle prise de conscience se fasse plus tôt, au moment des lois LSI, LCEN et LSQ que j’ai citées plus haut, mais mieux vaut tard que jamais.

    Ensuite, bon nombre de gens on découvert à cette occasion le fonctionnement réel de notre bonne vieille Vème République : il est probable que cette pantalonade, ce tour de prestidigitation, d’un article Ier escamoté, pour faire disparaître deux amendements gênants, puis réintroduit, afin de le faire définitivement rejeter par les seuls députés UMP à la botte du pouvoir exécutif, au profit d’un article I-bis expurgé des amendements incriminés restera un morceau d’anthologie de la vie politique française. Et, pour une fois, tout le monde a pu voir ça. D’ailleurs, on ne se privera pas de le montrer et de le remontrer encore, tellement ça vaut son pesant de cacahouettes.

    Encore, si cela pouvait aboutir à nous rendre plus compétents dans notre usage de l’outil internet, ce ne serait déjà pas un si mauvais résultat. Depuis des années, je tente, sans succès, de convaincre mes correspondants d’adopter l’usage de la cryptographie pour leur courrier. Dans un pays ou l’on risquera désormais une amende de 150 euros pour le simple fait d’envoyer un document joint à un courriel, peut-être ai-je enfin une chance d’être entendu. On pourrait aussi voir un intérêt se développer pour des méthodes de navigation anonymes, comme celle offerte par Tor-Privoxy, ou l’usage de réseaux peer2peer chiffrés, ou encore pour la constitution de mini-réseaux plus ou moins clandestins : l’internet offre à tout un chacun la possibilité d’installer un serveur ouaibe, ou FTP (pour les transferts de fichiers) chez soi ; aprenons à utiliser toutes ces possibilités.

    Je crois aussi qu’il faut porter la protestation contre cette loi au-delà du réseau. Ce qui a fait la force de l’internet dans le débat sur le traité constitutionnel européen, c’est le fait qu’un grand nombre de gens s’est activé pour imprimer les textes qui leurs paraissaient les plus intéressants (Étienne Chouard ?) et les diffuser autour d’eux, à leurs amis ou dans la rue. Je suis allé aux manifs anti-CPE et j’ai interpellé les jeunes sur cette question. Ils sont très intéressés, mais force est de constater qu’ils sont peu et mal informés à ce sujet, même si la plupart d’entre eux sont eux-mêmes des utilisateurs assidus du réseau. J’ai pris des contacts pour faire des présentations de ce projet de loi et des dangers qu’il recèle, ainsi que des moyens qu’on pourrait mettre en oeuvre pour le combattre. Ça ne concerne pas que les internautes. Par exemple, il y a tout un volet de la question qui tourne autour de la redevance copie privée sur les supports numériques. Cet aspect concerne au moins les intermittents du spectacle, car 25% des fonds obtenus par cette taxe vont à la création artistique, ainsi que toute personne amenée à acheter des CD, DVD vierges, un disque dur, un balladeur mp3, etc. On peut interpeller ces gens à ce sujet, en organisant des actions sauvages d’information dans les rayons disques des supermarchés, des FNAC...

    Des moyens d’action existent, d’autres sont à inventer. Faisons preuve d’imagination, mais ne restons pas les yeux scotchés à notre écran, et les doigts à taper des rouspétances sur les forums. C’est utile aussi, je ne le nie pas, mais ça ne suffira pas. Aujourd’hui, nous sommes sur le fil du rasoir. Big brother existe, certes, mais, et c’est la grande différence avec le roman d’Orwell, il n’est pas le seul en lice. Nous avons avec nous beaucoup de monde, et beaucoup d’intelligence à mettre en jeu. Nul ne peut dire aujourd’hui de quel côté penchera le fléau de la balance. Mais si nous voulons qu’il penche dans le bon sens, il faut nous y mettre tout de suite, chacun d’entre nous selon ses moyens, sans attendre que d’autres fassent les choses à notre place.