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DEMISSIONS DU COLLECTIF CONFEDERAL IMMIGRATION CGT

Publie le lundi 4 février 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

POURQUOI NOUS DEMISSIONNONS
DU COLLECTIF CONFEDERAL IMMIGRATION

CGT, le 21 janvier 2008

Des inflexions surprenantes et injustifiées sont actuellement apportées dans
notre CGT tant dans sa démarche revendicative que dans ses positionnements
publics sur les questions de l’immigration et des sans-papiers.

Les interviews que l’on a pu lire dans « Libération » en p.4 du 29 octobre
2007 comme dans « Ensemble ! » p.16 du n°3 de décembre 2007, laissent
songeurs.
 Libération : « Les étrangers présents en France doivent être régularisés.
C’est ce que prévoit l’article 40 de la nouvelle loi Heurtefeux sur l’immigration
 » (dixit la secrétaire confédérale chargée des droits des salariés).
 Dans les colonnes du mensuel confédéral, c’est rien moins qu’un satisfecit
qu’elle donne -avant de se reprendre- à la politique liberticide de l’UMP :
« j’ai salué l’adoption de l’article 40 de la loi Heurtefeux. Nous allons
enfin pouvoir agir au sein des entreprises en montant des dossiers de
régularisation... »
Nous sommes scandalisés de lire sous la plume d’une responsable "politique"
de la confédération qu’elle ait pu applaudir le vote de l’amendement Lefèvre
(UMP) qui n’était rien moins qu’un bétonnage de la loi Heurtefeux.
Il sera effectivement plus facile pour le patronat de puiser dans le vivier
des travailleurs sans-papiers présents dans le pays, plutôt que d’en faire
venir d’Afrique ou d’Asie !

La première des listes de métiers instaure le principe de discrimination
dans le pays. On va extraire nos sans-papiers de leurs emplois actuels et
les déraciner de leur environnement, pour les obliger à aller dans le bassin
de l’emploi où le patronat a besoin d’eux. Lefèvre n’innove pas, il a
simplement concrétisé ce qui était depuis longtemps annoncé : choisir les
bons immigrés, pour le meilleur profit du patronat.

La seconde liste, ouvrant de nouveaux emplois aux travailleurs de l’Est
européen aura pour principale conséquence de "blanchir" l’exploitation du
travail jusqu’alors clandestin.
Les jugements récents de la cour européenne laissent pressentir une
aggravation de la directive Bolkestein qui avait suscité un tollé quasi
général en février 2006. On se réoriente vers des emplois rémunérés au tarif
du pays d’origine.

Par ailleurs, l’amendement Lefèvre ne clôt pas les listes effrayantes de
renvois à la frontière, ni non plus les politiques de rafles exigées par
l’ancien ministre de l’intérieur, aujourd’hui aux manettes présidentielles.
Parler de régularisation "est une contre-vérité" indique le GISTI qui
dénonce le fait que déjà, la circulaire de régularisation de 2006 avait
permis le fichage des familles, comme cet article 40 permettra le fichage
des étrangers célibataires.

Ne pas se dresser clairement et fermement contre cet article indique un
ralliement au principe d’immigration choisie (c’est-à-dire choisir des
étrangers en fonction des métiers et ne pas prendre en compte les familles,
femmes et enfants). C’est rayer le sens des luttes menées entre autres par
des dizaines de milliers d’enseignants, de parents d’élèves et de militants
cégétistes, éc¦urés par la traque des sans-papiers, par leurs familles
brisées.
Tous, nous défendons le respect du droit au regroupement et à la vie
familiale ; nous voulons la régularisation de tous les sans-papiers.

C’est ce que la CGT a affirmé en votant sa 13ème résolution de notre 48ème
congrès.
Mais ceci semblerait ne plus être la position de la CGT d’aujourd’hui !
L’article 40 de la loi Heurtefeux, pour la seule régularisation des
travailleurs, contribue à l’instauration d’un célibat de fait pour les
travailleurs qui échapperont à l’expulsion.
Ignorer le regroupement familial, comme il est fait dans les textes de
Libération ou d’"Ensemble !" renvoie aux nouvelles impulsions que le Bureau
accepte de donner aux luttes, et qui condamnent l’immigré au mieux à la
chasteté au pire à la fréquentation des maisons closes. Verrons-nous le
retour aux pratiques d’abattage ?
L’immigré doit avoir le droit à son épanouissement par la vie familiale.
Mais aussi à une vie sentimentale sans censeurs moraux.

La résolution du 48ème congrès s’exprimait clairement en faveur de la
régularisation de tous les sans-papiers, pas des seuls travailleurs !

De même, nous restons surpris par la remise en cause, par omission, dans les
repères revendicatifs de la CGT, du droit de vote des étrangers, dans la
cité comme de leur droit d’être élus aux prud’hommes.

Autre déconstruction qui voit l’activité immigration dépossédée de toute la
thématique relavant du racisme, celui-ci n’étant pris en compte que dans le
cadre de la discrimination au travail. Or, s’il est vrai que nous devons
combattre toutes les formes de discrimination au travail dont le racisme,
nous ne pouvons ignorer toute l’idéologie contenue dans le racisme qui
permet l’expression xénophobe et stigmatise l’étranger, l’émigré comme étant
le bouc émissaire, le fauteur de trouble. Heurtefeux ne s’y est pas trompé
qui intègre dans sa loi relative à l’immigration les statistiques ethniques.
On ne peut soudain nier le caractère politique de l’idéologie raciste !
Nous voulons aussi revenir sur la déstructuration du contenu des stages
confédéraux et sur la démarche d’une dirigeante confédérale et de
l’animatrice de l’espace Société qui éliminent les camarades qui les
animaient jusqu’à présent pour s’en arroger la direction : du jamais vu de
la part de dirigeants confédéraux.
Qu’on en sache, ces stages n’ont reçu que des avis extrêmement favorables de
la part de tous ceux qui les ont suivis, pour leur contenu comme pour leur
animation.
Or, les stages prévus sur les « flux migratoires » ou sur le « Droit des
étrangers » viennent d’être tout simplement annulés et les camarades qui
avaient obtenu des détachements en tant que formateurs n’en ont même pas été
avertis. Quel mépris pour les camarades qui font le travail !

Dans ces conditions, il n’est pas étonnant, bien que fort décevant, que l’on
n’ait pas jugé opportun d’apposer la signature de la CGT sur l’appel à
manifester le 19 janvier contre l’enfermement des étrangers dans les centres
de rétention. Cet appel a été massivement signé par tout le mouvement
solidaire des Sans-Papiers, y compris par la CFDT. Il ne l’a été par la CGT,
malgré les nombreuses demandes qui lui ont été faites par les UD, les fédés
et par nous-mêmes.

Nous ne pouvons enfin éviter de revenir sur la réussite du 21 mars 2007.
Cette journée de "mobilisation internationale contre le racisme", n’a eu
lieu que grâce à l’acharnement des quelques camarades du groupe de travail
« immigration ».
De nombreuses difficultés ont compliqué la préparation de cette journée :
 bureau confédéral prévenu trop tardivement et par conséquent difficulté d’en
informer l’ensemble des structures dans les délais,
 refus de voir participer des militants cégétistes notoirement engagés dans
le combat antiraciste (par exemple refus par la responsable de l’activité d’inviter
Daniel Sanchez, que nous avons cependant contacté et qui a accepté de
revenir de vacances pour participer à cette journée)...
 tracasseries diverses...
Malgré toutes ces "obstructions", cette journée fut une réussite dont
certaine responsable a su se prévaloir. A l’issue de cette rencontre, des
engagements confédéraux ont été pris, qui n’ont connu aucune mise en ¦uvre.
Les actes de cette journée sommeillent dans un tiroir.
Pour tous ces éléments portés à votre connaissance, nous refusons de
cautionner les nouvelles orientations décidées unilatéralement par la
direction confédérale ou tout le moins par une partie de la direction
confédérale.
Quel mandat autorise des camarades à remettre en cause une résolution de
Congrès et en particulier le droit à mener une vie de famille, reconnu par
toutes les institutions internationales ?

C’est pourquoi nous démissionnons, ce jour, du collectif d’animation
confédéral Immigration. Nous restons évidemment actifs dans notre combat de
cégétistes engagés auprès des Sans-papiers et susceptibles de nous
réinvestir en la structure lorsque la CGT retournera à ses fondamentaux.

Lionel GIMONT Syndicat CGT - préfecture 93

Jacques GURFINKIEL Sec. Général du Syndicat CGT de l’Opac de Paris

Estelle CALZADA UD du Loiret

Alain LE CORNEC UD du Maine et Loire

Pour information :

Pour des raisons similaires, Françoise Riou a quant à elle
démissionné de son mandat de conseillère confédérale
en charge du dossier immigration par un courrier adressé
au Bureau Confédéral de la CGT, motivant sa démarche.

Messages

  • le 13° décision se trouve en page 10

    partie 2 amendée du document d’orientation

    Décision 13. Le congrès revendique l’égalité effective des droits pour toutes et tous et rejette le principe instaurant des droits différents selon l’origine ethnique, sociale, le sexe ou l’orientation sexuelle.
    Il revendique également la régularisation de tous les sans-papiers.
    Il rejette toute logique de quotas d’immigration et milite pour le plein emploi solidaire partout dans le monde
    , ce qui implique de nouvelles conceptions de solidarité et de coopération internationale. La Cgt revendique l’éligibilité des salariés étrangers dès les élections prud’homales de 2008

    Je ne suis pas certain que cette décision de démissionner soit la bonne !

    P. Bardet

  • On constate ici les concequences d’un fonctionnement où des individus
    passe au dessus des décisions collective pour faire passer leurs propres convictions. c’est intolérable et je trouve domageable pour toute la CGT cette démission alors que l’on devrait retirer leur délagation à ceux qui prennent ,au non de la CGT,des positions contraire aux décision de congrès. la moindre des honèteté
    serait de défendre ses idées dans l’organisation et de soit
    ne pas accepter des responsabilités si elles amnnenent à exprimer
    des positions contraire à ses convictions soit d’axepter d’étre en contradiction mais d’exprimer les postions démocratiquement prises.
    Le militantisme CGT ne peut être un choix de carrière et encore moins un marche pied,ce doit être un engagement de conviction. JP

  • voici l’article de Libération

    « Contre une liste de métiers »
    Francine Blanche (CGT) demande en outre la régularisation des sans-papiers salariés.
    Recueilli par CATHERINE COROLLER
    QUOTIDIEN : lundi 29 octobre 2007

    Francine Blanche est secrétaire confédérale de la CGT chargée du droit et de la dignité des salariés. Elle défend, sans exception, la régularisation de tous les sans-papiers salariés dans l’Hexagone.

    Le gouvernement se dit prêt à relancer l’immigration de travail, mais en passant par des listes de métiers. Qu’en pensez-vous ?

    On marche sur la tête. L’économie française a absolument besoin de salariés étrangers. Il y a des dizaines et des dizaines de milliers d’immigrés en situation irrégulière qui travaillent en France. 90 % des sans-papiers sont salariés, il faut le reconnaître. Les étrangers présents en France doivent être régularisés. C’est ce que prévoit l’article 40 de la nouvelle loi Hortefeux sur l’immigration, et c’est ce qui a commencé à être fait dans certaines entreprises, comme Buffalo Grill (1). En même temps, on est prudents. Cette disposition ne concerne pas tous les sans-papiers salariés. L’exposé des motifs de la loi dit bien qu’il s’agit de régularisations « à titre exceptionnel ». On sait que certains patrons qui avaient embauché des sans-papiers en toute connaissance de cause sont en train de les licencier. Or, une fois licenciés, ils sont expulsables.

    Quid des étrangers voulant venir travailler en France ?

    Nous nous sommes prononcés contre les mesures transitoires concernant la liberté de circulation des travailleurs ressortissants de l’Union européenne décrétées par le gouvernement français en 2006. Nous sommes donc contre les listes de métiers. Pour les Européens, ce sera terminé en 2011, mais pas pour les pays tiers. Or, à partir du moment où les étrangers trouvent du travail en France, c’est qu’ils sont utiles. La France a du mal à résoudre le problème de son immigration post-coloniale. Du temps de la colonisation, quand ces gens-là étaient chez eux, on pouvait leur faire faire des routes. Il n’y a aucune raison maintenant de limiter leur entrée.

    N’y a-t-il pas un risque de concurrence de la part de salariés venus notamment des anciens pays de l’Est ?

    Ce discours existe, mais c’est prendre le problème à l’envers. C’est parce que le gouvernement français ne veut pas se donner les moyens de faire respecter l’égalité des droits entre les travailleurs qu’il y a concurrence. Pour nous, la règle doit être : à travail égal, salaire égal. On a eu plein d’exemples de salariés polonais ou autres sous-payés par des petits sous-traitants locaux. Ça a été notamment le cas avec les Polonais sur les chantiers navals de Saint-Nazaire. Cet été, on a vu d’autres Polonais dans les Pyrénées-Orientales qui n’étaient tout bonnement pas payés. Des situations comme ça, on en a toutes les semaines. Pour les salariés des pays tiers qui entrent clandestinement, c’est encore pire. Là, l’égalité de traitement n’est évidemment pas respectée. C’est pour cela qu’il faut les régulariser.

    (1) Un conflit de plusieurs semaines a opposé la direction de Buffalo Grill à plusieurs dizaines de sans-papiers employés par différents restaurants de cette chaîne. Le 5 juillet, 20 salariés de cette entreprise en situation irrégulière ont été régularisés.