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Dammarie/ procès d’Omar contre des policiers

Publie le jeudi 16 décembre 2004 par Open-Publishing

Cette fois-ci, ce n’est pas comme d’habitude.
Ce ne sont pas les jeunes des
quartiers qui occupent sur le banc des accusés, mais ce sont des flics. Et
les accusateurs sont, cette fois-ci, les victimes habituelles des violences
policières.
Ca s’est passé, ce mercredi 15 décembre, au TGI de Melun (77). C’est le
jeune Omar, avec le soutien de l’association Bouge qui Bouge de
Dammarie-les-lys, qui accuse un capitane de police et deux gardiens de la
paix pour violation de domicile et mise en danger de la vie d’autrui.
Les faits se sont produits, il y a plus d’un an, le 25 juin 2003, à la cité
de Dammarie. Les policiers sont entrés dans la cave d’Omar, profitant d’un
banal feu dans une cave située plus loin, puis le capitaine a sorti son
arme de service et l’a menacé, tout en lançant, fait confirmé par
quatre témoins sous serment, des insultes racistes et xénophobes, du genre
« bougnoule, rentre dans ton pays ». Lors de l’audience, les policiers ont
nié les faits, et ont prétexté un climat quasi insurrectionnelle, des jets
de pierre pour justifier la sortie de l’arme de service du capitaine. Comme
l’a souligné l’excellente plaidoirie de l’avocate de l’accusation, à les
écouter on se croirait en pleine Intifada. Alors que tout s’est passé près
d’un bac à sable, et la prétendue « foule hostile » était composée des
mômes de 10 ans et des mères de familles. Plusieurs de ces mères de famille
ont, par ailleurs, attesté que ce n’est pas ces gosses qui menaçaient à l’
ordre public, mais le revolver brandi par le policier. Le Procureur,
représentant de l’Etat, a agi comme s’il était le défenseurs des policiers,
il a qualifié les faits, certifiés par les témoins, de « blague » et a
justifié sur tous les points le comportement des policiers. La salle n’est
pas resté inactive pendant l’audience, plusieurs fois la trentaine de jeunes
présents ont réagi, calmement mais fermement. Ils n’ont pas hésité à
remettre à leur place les policiers et leur avocat, qui, en dépit de tous
les témoignages, ont nié leurs insultes racistes et leur actes, « nous
nous assumons, nous payons pour ce qu’on fait, osez assumez vos actes,
pour une fois » leur balançait un jeune.

Le jugement a été mis en délibéré. Le rendez-vous est donc le lundi 27
décembre à 13h30, au TGI de Melun ( Gare SNCF , RER depuis la gare de Lyon)
pour l’annonce du verdict.

Les jeunes de Dammarie ont entamé cette action sans illusion, en
continuité du combat exemplaire qu’ils mènent, avec Bouge qui bouge depuis
plusieurs années contre l’arbitraire. Ils savent qu’il y a très très peu de
chance pour que la mise en cause de 3 policiers par Omar aboutisse. Mais
ils conçoivent ce procès comme une action pédagogique, pour démasquer et
démonter publiquement l’intervention policière, comme une étape pour
passer de la position d’accusé à celle de l’accusateur.