Accueil > Dans l’étau de Jabalya

Dans l’étau de Jabalya

Publie le vendredi 8 octobre 2004 par Open-Publishing


di MICHELE GIORGIO, Jabalya(Gaza)

Sous le feu des chars israéliens, des milliers de nouveaux « réfugiés » du
camp de réfugiés


Ils s’enfuient, ils sont des centaines, peut-être des milliers, les réfugiés
de Jabalya qui quittent le camp des réfugiés pour échapper au feu des chars israéliens
et aux combats, maintenant plus sporadiques, qui font rage dans le secteur. « Jours
de Repentir », la dévastatrice offensive militaire déclenchée par Israël il y
une semaine, qui riposte apparemment au lancement du côté palestinien des missiles
artisanaux Qassam, laisse derrière elle non seulement 90 morts palestiniens,
dont de nombreux civils innocents, mais aussi une longue étendue de gravats et
de destruction.

Sur une bande de terre d’une largeur de 7 à 9 km au Nord de Gaza, que les forces d’occupation sont en train de transformer en une « zone tampon », des dizaines de milliers de palestiniens restent pris au piège. Les bulldozers travaillent ici jour et nuit, ils aplanissent des terrains, ils démolissent des édifices et déracinent des arbres, ils repoussent vers l’arrière les centres habités. Après Rafah et Khan Yunis, maintenant Jabaliya et les villages de Beit Hanun et de Beit Lahya ressemblent aussi à un giron de l’Enfer de Dante. « Nous avons quitté la maison il y a trois jours, raconte Mohammed Shalabi, un des nombreux déplacés, mais je n’ai pu emmener avec moi que ma femme et mes enfants. Mes parents sont malades et ils ont choisi de rester à la maison, même au risque de leur vie ». Le chaos règne à la périphérie de Jabaliya, le plus connu et le plus bondé des camps palestiniens (110 000 habitants) où, il y a 17 ans, démarra la première Intifada contre l’occupation israélienne. Des camions chargés de pauvres choses bougent lentement le long des rues étroites du camp de réfugiés tandis qu’une foule de gens confus qui hurlent sans but, se déplacent comme un essaim d’abeilles.

« C’est comme cela depuis une semaine, désormais à Jabaliya on ne vit plus, les personnes ne savent pas quoi faire, comment se comporter », explique Abu Jamil, un commerçant de pièces détachées pour voitures. Au loin, à l’intérieur du camp, on aperçoit les silhouettes de combattants palestiniens, le visage couvert et armés de mitraillettes M6 et de kalashnikov. Ils ouvrent le feu avec leurs armes automatiques qui ne peuvent rien contre les cuirasses des chars israéliens. De l’autre côté, ils tirent même des coups de canon. Comme c’est arrivé mardi dans la nuit à Beit Lahya, où Hamdan et Hammude Obeid, père et fils, ont été mis en pièces par un coup de canon contre leur habitation. « Terroristes » à éliminer pour Israël, les shebab qui se battent les armes à la main sont des héros pour la population locale. « Ils essaient de nous défendre des attaques israéliennes, ils font ce que devraient faire les militaires de l’Autorité palestinienne qui ne viennent même pas dans ces parages », dit Sadiyye Abu Allayan, 56 ans, qui admet aider les combattants en leur faisant passer de l’eau et de la nourriture.

C’est Nizar Rayan, responsable du Mouvement islamiste de la zone Nord de Gaza qui coordonne les shebab de Hamas, la majorité des jeunes armés à Jabaliya. Pour des raisons de sécurité, il envoie ses ordres par SMS ou grâce à des messagers, souvent des garçonnets qui défient la mort dans les étroites ruelles du camp de réfugiés. « Chaque fois que Sharon envoie ses soldats dans nos rues, c’est une victoire pour Hamas parce que cela confirme que les Palestiniens ne se rendent pas et qu’ils défendent leur terre », soutient Rayan. Hamas a communiqué hier qu’il disposait de Qassam renforcés, capables de frapper à 14 km de distance et leur nouvelle version aura une portée de 18 km. Raja Surani, directeur du Centre pour les droits humains de Gaza est opposé au lancement de Qassam vers Israël mais en même temps, il montre Sharon du doigt : « Il n’est capable que de provoquer des destructions, la mort et une colère encore plus grande.

Les Israéliens par leur opération militaire ont créé de nouveaux kamikazes ». Les hôpitaux de Gaza city sont pleins de blessés, dont un grand nombre d’enfants. Depuis le 28 septembre, 24 enfants palestiniens ont été tués par le feu israélien, a calculé l’ONU, dénonçant le fait qu’Israël refuse au personnel humanitaire une entrée sûre à Gaza, ce qui a rendu impossible la distribution de rations de nourriture au Nord de Gaza. De dures critiques au gouvernement Sharon, à cause des accusations de collusion avec le terrorisme palestinien lancées à l’Onu, sont apparues hier dans la presse israélienne. Vendredi dernier Israël avait soutenu qu’ un missile Qassam avait été chargé sur une ambulance de l’Unrwa. Maintenant Israël se corrige : l’objet allongé filmé par un avion espion pourrait être un brancard comme le soutenait l’Unrwa-Onu.

Selon l’agence Onu, depuis le début de l’Intifada, il y a quatre ans, Israël a démoli 2571 maisons palestiniennes (dont 40% durant les huit premiers mois de cette année), déracinant et brûlant 382 000 arbres (dont 30 % en 2004 selon le ministère de l’agriculture palestinien). « Jours de repentir » se poursuivra « tant que la menace des Qassam ne cessera pas », répète le gouvernement Sharon. Et à Gaza on continue à mourir. Trois Palestiniens armés ont été tués dans un raid à la colonie de Kfar Darom. L’ouvrier thaïlandais qu’ils avaient pris en otage, blessé dans les fusillades, est mort vidé de son sang.

Traduit de l’italien par Karl et Rosa - Bellaciao

sourse : http://bellaciao.org/it/article.php3?id_article=5945