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De l’Afrique à l’Amérique, Dieu est partout
Publie le samedi 13 septembre 2008 par Open-Publishing1 commentaire
le 10 septembre 2008
Nous sommes en 1979. Robert Kayanga est âgé de 17 ans. En 2004, Robert Kayanga invite le président Yoweri Museveni, de l’Ouganda, en personne, à venir inaugurer l’édifice, d’une valeur de 11,1 millions de dollars (7,6 millions d’euros) qui se situe dans un quartier populaire de Kampala, capitale du pays. Le jeune Ougandais, Robert Kayanga, issu d’une famille protestante traditionnelle et devenu « born again », a fait beaucoup de chemin. Et beaucoup d’argent.
Après avoir suivi des études bibliques aux États-Unis et au Royaume-Uni, il revint au pays prêcher dans les écoles et les marchés. Il est aujourd’hui à la tête de mille quatre cents églises, il est l’un des plus célèbres pasteurs ougandais.
Claude Adrien De Mun, de Syfia Ouganda, se penche sur ces évangélistes à l’assaut du pouvoir. Il a assisté au prêche du pasteur Robert Kayanga. « Partout dans la Bible, l’argent joue un rôle majeur. Si vous ne savez pas comment utiliser l’argent, alors vous serez contrôlés par l’argent. L’argent est un outil. L’argent n’est ni bon ni mauvais ». Si seul l’argent n’était en cause. Mais voilà. Robert Kayanga est parvenu à imposer le mouvement Évangéliste au plus haut niveau de l’État ougandais et il a désormais un accès direct à la présidence. Environ 30% du gouvernement et des parlementaires seraient déjà « convertis ». L’épouse du Président, Janet Museveni, est une chrétienne « régénérée » (reborn-christian) et une de ses filles est pasteur dans une église qui promeut la guérison par la foi.
Le ministre de l’Éthique et de l’Intégrité, lui-même anglican et évangéliste, s’en réjouit, Il confie à Claude Adrien De Mun : « Il n’y a pas de différence entre les Églises et le gouvernement. Les mêmes valeurs morales nous rassemblent. Toutes nos réunions sont précédées par une séance de prière. Ceux qui pensent que les prières n’ont pas d’importance, n’ont pas d’influence. Je décrirai donc l’Ouganda comme un pays religieux ». Le succès du pasteur Robert Kayanga, qui a su réconcilier le religieux et le politique, suscite de nombreuses vocations. Comme l’indique Anouk Batard, du Monde diplomatique : « L’explosion évangélique actuelle, significative depuis les années 1990, est essentiellement urbaine. Les congrégations transforment hangars, garages, magasins, écoles, anciennes salles de cinéma et discothèques en lieux de prière, où accourent en masse les plus pauvres, qui se rassemblent encore dans des structures délabrées et poussiéreuses ». Les grosses voitures du pasteur Robert Kayanga, la luxueuse villa au bord du lac Victoria, un yacht, des gardes du corps, et bientôt un jet privé, témoignent aux yeux de tous, de l’intérêt de s’insérer dans ce mouvement d’ascension, apparemment irrésistible, vers la richesse et le pouvoir.
Alex Mitala, dirigeant du Conseil national ougandais des Églises du Renouveau (National Fellowship of Born Again Christian Churches), une organisation qui chapeaute près de quinze mille églises évangéliques, dont 95 % de pentecôtistes, confiait à Anouk Batard : « En tant que prophètes, nous, les pasteurs évangéliques, conseillons le gouvernement en privé. Pas question pour nous de manifester dans la rue ou de passer par les médias. Nous sommes en communication directe avec les plus haut placés. » L’homme poursuit le plus naturellement du monde : « Nous adoptons une démarche non pas politique mais prophétique, comme Moïse. Or les prophètes ne rendent jamais compte publiquement de leurs interactions avec les dirigeants ».
Il n’y a pas à dire, ces églises indépendantes se revendiquent du pentecôtisme et s’inspirent des télé-évangélistes américains « born again ». Cette tendance fondamentaliste et puritaine du protestantisme est très répandue dans la fameuse « Bible Belt » américaine. Pourvoir et influence sont au rendez-vous.
Selon Le Pew Forum cité par Le Figaro, qui a interviewé plus de 35 000 personnes entre mai et août 2007, les Américains sont universellement croyants, mais leurs pratiques religieuses sont très diversifiées. Plus de neuf sur dix (92 %) croient en Dieu (71 % sans le moindre doute), y compris une bonne moitié des agnostiques déclarés et même un cinquième des areligieux (par « ignorance doctrinale » selon les auteurs du rapport). Pour 60 % de la population, Dieu est « une personne avec laquelle on peut avoir une relation » (« Dieu veut que je sois président », Georges W. Bush), alors que 25 % le voient comme une « force immatérielle ». S’ils ne sont que 39 % à assister à un service religieux chaque semaine (54 % y vont une ou deux fois par mois), 58 % prient chaque jour et 56 % déclarent que la religion est « très importante » dans leur vie.
Sur les 250 milliards de dollars de dons annuels que font les Américains aux associations à but non lucratif, 36 % sont affectés aux différentes Églises. D’après une étude de 2008, 75 % des Américains (contre 21 % des Français) déclarent avoir lu au moins un passage de la Bible au cours de l’année passée.
Madeleine Albright vient de publier aux éditions Salvador : « Dieu, l’Amérique et le monde ». Elle constate avec réalisme que : « Nul ne peut nier l’énormité du traumatisme du 11 septembre, mais ce choc ne saurait justifier la politique erronée qui a été menée ensuite. L’Amérique est la démocratie la plus puissante du monde ; à ce titre, elle doit venir en aide à ceux qui désirent établir des institutions libres. Mais promouvoir la démocratie est une politique et non une mission. Les États-Unis ne sont pas au-dessus des lois. Nous ne sommes pas appelés par Dieu à répandre la démocratie et nous n’avons pas pour mission de propager la foi chrétienne ».
Dick Cheney, lors de son déplacement à Rome, a confié à la presse avoir « adoré » le discours de Sarah Palin à la Convention républicaine. « Chaque administration est différente. Et il n’y a aucune raison pour que Sarah Palin ne soit pas une vice-présidente efficace au sein de l’administration McCain », déclarait le vice-président américain. Dick Cheney aura exercé un pouvoir plus grand que tout autre vice-président des États-Unis et il s’est notamment fortement impliqué dans la décision d’entrer en guerre contre l’Irak.
Sarah Palin a repris une expression du révérend Ed Kalnins, pasteur de la Wasilla Assembly of God, pour qualifier la guerre en Irak : « une guerre sainte ». Madame Palin a confié qu’en juin 2007, lors d’une visite à cette église, elle a « prié pour un plan inspiré par Dieu » pour l’Irak. Elle a, par la même occasion, informé que son fils et son neveu, engagés volontaires, allaient partir combattre en Irak. Sarah Palin a adressé cette requête à son public : « Priez pour nos soldats femmes et hommes qui font des efforts pour faire ce qui est juste. Aussi, pour ce pays et pour nos dirigeants, nos dirigeants nationaux, qui envoient (des soldats) pour un travail qui vient de Dieu ».
Pour couronner le tout, John McCain clame tout haut : « Je suis fier d’avoir présenté notre prochaine vice-présidente (Sarah Palin) au pays. Et je suis impatient de la présenter à Washington. Et laissez-moi donner un premier avertissement au Washington usé, dépensier, qui ne fait rien, qui pense moi d’abord et le pays après : le changement arrive ».
S’agissant de son adversaire, le candidat républicain a brocardé Barack Obama sur son inexpérience : « M. Obama a eu tort sur l’Irak. Il mésestime l’Iran. Il n’a ni connaissance, ni expérience, ni jugement. Il ne sait pas comment fonctionne le monde, ni comment fonctionne l’armée », a dit M. McCain.
Dieu guidera certainement Sarah Palin à faire les choix géostratégiques qui s’imposent pour redorer le blason des États-Unis d’Amérique.
En terminant, John Mearsheimer, spécialiste de la politique étrangère des États-Unis, est professeur de sciences politiques à l’Université de Chicago et co-auteur du célèbre « The Israël Lobby and U.S. Foreign Policy » (2007). Dans une entrevue accordée à Hicham Mourad, John Mearsheimer pose un jugement lucide mais sévère sur la politique étrangère américaine. « Les néo-conservateurs ne sont pas un phénomène exceptionnel aux États-Unis. Les Américains croient qu’ils sont supérieurs aux autres. L’élite américaine le croit. Elle croit que les Américains sont dans leur bon droit de gouverner le monde. Et Barack Obama ne conteste pas ce point de vue. Il n’a jamais rien dit contre l’avis exprimé par l’ex-secrétaire d’État, Madeleine Albright, lorsqu’elle a annoncé que nous, les Américains, sont plus grands et voient mieux ».
Et pour l’avenir ? Selon John Mearsheimer, : « Les néo-conservateurs continueront à jouer un rôle important dans les années à venir dans la détermination de la manière dont le discours politique sera formulé, et des conditions d’application des politiques. Je ne vois donc pas de grande différence entre Barack Obama et le candidat républicain John McCain. D’ailleurs, ce dernier n’est plus davantage belliciste qu’Obama sur la crise en Iraq. En plus, Obama est souvent décrit par la droite américaine comme un faible candidat. Ce qui pourrait l’inciter à prendre des mesures ou à adopter des politiques dans le but de démentir cette accusation
Messages
1. De l’Afrique à l’Amérique, Dieu est partout, 13 septembre 2008, 15:16
Mac Chose connaît bien la marche du monde et la marche de l’armée. Il a expliqué à la télévision : "Je suis un criminel de guerre, j’ai bombardé des femmes et des enfants..." Il fera un bon président de la plus grande démocratie de la planète.