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De l’Education à l’hésitation nationale (video)

Publie le mardi 16 décembre 2008 par Open-Publishing
2 commentaires

De l’Education à l’hésitation nationale

de BERNARD DELATTRE

Le gouvernement accumule les concessions pour calmer la fronde dans l’enseignement. Le but serait d’éviter une dérive à la grecque des mouvements de contestation.

Le blog de notre correspondant à Paris

CORRESPONDANT PERMANENT À PARIS

J e ne suis pas ministre de l’hésitation nationale ", avait encore déclaré, mercredi dernier, très sûr de lui, le ministre de l’Education, Xavier Darcos, affirmant sa détermination pleine et entière à poursuivre "les réformes dont le pays a besoin" . Moins d’une semaine plus tard, cependant, le même ministre - très en cour à l’Elysée - a dû spectaculairement reculer, lundi, face à la fronde persistante qui, depuis des semaines, agite le monde de l’Education.

Ainsi, sa grande réforme du lycée, qui devait être annoncée, ce mardi, a-t-elle été reportée sine die. "On ne peut plus travailler sérieusement !" , a pesté lundi Xavier Darcos. Qui a fustigé "la prise en otage de la réforme par ceux qui passent leurs temps à affoler l’opinion sur base de mensonges et de fausses rumeurs" .

Fin novembre, déjà, le ministre avait tonné contre "la culture de la grève" régnant selon lui dans son département. Et contre "des syndicats dont la fonction principale est d’organiser la résistance au changement" .

Depuis, il a dû s’excuser pour ses récents propos dénigrants, ou en tout cas perçus comme tels, sur les enseignants de maternelle. Nicolas Sarkozy et lui ont aussi promis de changer la loi sur le service minimum dans les écoles les jours de grève afin que d’innombrables maires de petites communes ne soient plus, comme aujourd’hui, condamnés en justice à de lourdes amendes pour n’avoir pas réussi à organiser ce service. Le ministre a encore légèrement amendé son projet de réforme de lycée.

Mais ces gestes successifs n’ont pas permis d’éviter des manifestations, parfois incontrôlées et émaillées de heurts, de lycéens. Ni n’ont entamé la détermination d’enseignants, d’étudiants ou de parents d’élèves qui multiplient, ces derniers temps, les actions contre la politique éducative (occupations d’écoles, refus d’appliquer les circulaires, appels à la désobéissance civile, etc.).

Le recul de lundi est survenu alors que circulent depuis quelques jours des échos faisant état de l’inquiétude de l’Elysée et de Matignon quant à une possible contagion de la France par le climat de violence que vient de connaître la Grèce. Alors que, dans l’opposition comme dans les cortèges des manifestants, le parallèle entre les deux pays est d’ores et déjà établi.

"Une cocotte-minute"

Ainsi, les syndicats lycéens - qui ont maintenu, lundi, leurs actions prévues cette semaine -, s’ils condamnent les violences survenues en Grèce, trouvent que "c’est une bonne nouvelle que toute la jeunesse européenne prenne conscience qu’on attaque l’éducation" . Le mouvement des travailleurs précaires, qui manifestent ce mardi, met sur le même pied "la police à Athènes et les décideurs économiques" , qui, tous deux "tuent de sang-froid" . Lundi, le nouveau porte-parole du PS, Benoît Hamon, a jugé que la France était "dans une situation de poudrière sociale" . "Ce qu’on voit en Grèce n’est pas du tout hors-champ de ce qui peut arriver en France, surtout qu’on a un gouvernement qui, vis-à-vis de la jeunesse, ne montre pas de compréhension" , a estimé Laurent Fabius. "La France est une cocotte-minute, avec des tensions sociales extrêmement vives" , a renchéri son collègue, Arnaud Montebourg.

L’UMP juge ces prophéties "irresponsables" . Et les assimile à "de la quasi-incitation à la violence" . L’opinion, elle, troisans après la flambée des banlieues, est inquiète. Selon un récent sondage, 72 pc des Français craignent que des violences pareilles à celles de Grèce surviennent en France, 25 pc jugeant ce scénario certain et 47 pc probable.

http://www.lalibre.be/actu/europe/a...

Messages

  • 16-12-2008 tageblatt

    Le gouvernement français reporte d’un an la réforme des lycées

    Le ministre français de l’Education nationale, Xavier Darcos, a annoncé hier matin qu’il allait reporter jusqu’au delà de la rentrée scolaire 2009 la mise en oeuvre de son projet de réforme de l’enseignement secondaire, qui suscitait une inquiétude et une colère croissantes de la part de nombre d’enseignants et de lycéens./De notre correspondant Bernard Brigouleix, Paris

    M. Darcos se défend de toute reculade, et assure qu’après tout, „on n’est pas à un an près“ puisque „il y a un climat de tension extrême“ et que l’on „ne peut plus parler sereinement“. En fait pourtant, c’est bel et bien de cela qu’il s’agit.
    Une fois encore, après tant de vaines tentatives de gauche comme de droite pour réformer l’Education nationale, un gouvernement français, après avoir juré qu’il n’en ferait rien et que cette fois-ci était enfin la bonne, est contraint de renoncer au moins provisoirement à ses projets face à la formidable inertie du „mammouth“, comme disait un des prédécesseurs socialistes de Xavier Darcos, Claude Allègre, qui se proposait du temps de Lionel Jospin de le „dégraisser“.
    Certes, la réforme de l’enseignement secondaire avancée par le gouvernement Fillon était discutable sur plus d’un point, encore que le débat se soit focalisé sur le statut de la classe dite „de seconde“, et autour de quelques rumeurs qui se sont révélées fausses.
    Non seulement, par exemple, il n’était pas question de supprimer l’enseignement de l’économie, mais il s’agissait au contraire d’en faire une matière générale du „tronc commun“, comme on dit dans le jargon du ministère.
    De même, le projet ne prévoyait pas d’abolir le soutien scolaire après les heures normales de classe pour les élèves en difficulté, mais au contraire de les étendre. Et il n’a jamais été envisagé, contrairement à ce que l’on entendait dire dans les cortèges des jeunes protestataires, de renoncer au caractère de diplôme national du baccalauréat.
    Mais d’autres éléments étaient beaucoup plus avérés et discutables, et ne passaient décidément pas. A commencer par la réduction des effectifs, de l’ordre d’un pour cent par an sur quatre ans, pour environ 1,2 million d’agents de l’Education nationale, dont 900.000 enseignants. „Si la clé d’un bon système éducatif est la multiplication des professeurs, alors expliquez-moi pourquoi la France a à la fois le plus grand nombre d’enseignants par élèves de tous les pays industrialisés, et l’un des plus médiocres niveaux de résultats“, clamait pour sa défense Xavier Darcos. Deux chiffres, le second surtout, bien difficiles à vérifier ...

    La crainte d’une„contagion grecque“ ?

    Le ministre explique désormais qu’il faut „prendre le temps d’une information complémentaire, d’une concertation sans tabous, abordant tous les sujets avec les enseignants, les lycéens et les familles, qu’il s’agisse de la place des enseignants dans le lycée du futur ou de l’équilibre respectif des différentes matières.“
    C’est parler d’or, lui répondent en substance les syndicats, qui maintiennent cependant pour l’instant leurs mots d’ordre de manifestation et/ou de grève pour demain mardi et pour après-demain ; mais que ne nous l’a-t-on dit plus tôt, au lieu de tenter de faire passer en force une réforme dont tout le monde sait très bien que, traditionnellement, nous ne voulons pas ?
    Il semble en fait que les événements de Grèce ne soient pas complètement étrangers à la décision du ministre, donc du chef du gouvernement, donc du président Sarkozy, d’annoncer cette reculade assez penaude, au risque d’exaspérer l’électorat de la majorité.
    Et sans doute même la majorité de l’électorat, assez lasse de l’incapacité successive de tous les gouvernements depuis un bon tiers de siècle de réformer une Education nationale dont tout le monde sait bien qu’elle va dramatiquement à vau-l’eau – ce qui ne signifie évidemment pas que cette réforme-là eût été la bonne.
    Mais le chef de l’Etat paraît avoir redouté que, sur un point qui, en outre, ne le passionne sans doute pas personnellement, le pays ne bascule dans des désordres qui auraient cristallisé, au-delà de l’Education nationale, tous les mécontentements et toutes les inquiétudes de ces temps de crise économique et sociale. Pour lui, le prix à payer est lourd, il est vrai, en termes d’image : c’est la première vraie brèche dans le sarkozysme triomphant, le premier gros hoquet du bulldozer réformiste du haut duquel le nouveau président prétendait réformer à son idée, et sans guère de ménagements, un vieux pays dont ses prédécesseurs à l’Elysée avaient apprécié avec plus de justesse le conservatisme et les pesanteurs, fondés ou non.
    Quand Xavier Darcos hier a demandé au téléphone à Nicolas Sarkozy s’il était toujours mandaté pour faire passer en force sa réforme des lycées, en dépit des manifestations annoncées, il s’est, paraît-il, entendu répondre : „Fais comme tu le sens ...“. Il n’est pas sûr que le ministre ait finalement fait „comme il le sentait“ lui-même ; mais il a certainement compris comment le président, lui, „sentait“ finalement les choses, après l’avoir au contraire poussé à l’intransigeance.
    Reste que s’il veut tenir sa promesse de concertation, et donner à sa volte-face une vraie justification, il va maintenant devoir affronter le fameux „mammouth“ – jusqu’alors absolument rétif à toute tentative de réforme, de gauche comme de droite

  • Mouais... la "reculade" (?) actuelle serait peut-être bien (pour la rime) le signe avant-coureur d’une future "enc.lade"... de plus !