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De la GREVE GENERALE par La Boétie
Publie le lundi 23 février 2009 par Open-Publishing3 commentaires
LA BOETIE Discours de la servitude volontaire
Pour être esclave, il faut que quelqu’un désire dominer et... qu’un autre accepte de servir !
(ESCLAVES)
Les hommes nés sous le joug, puis nourris et élevés dans la servitude, sans regarder plus avant, se contentent de vivre comme ils sont nés et ne pensent avoir d’autres biens ni d’autres droits que ceux qu’ils ont trouvés ; ils prennent pour leur état de nature l’état de leur naissance.
On ne regrette jamais que ce qu’on n’a jamais eu.
(CONSOMMATEURS)
ls veulent servir pour amasser des biens : comme s’ils pouvaient rien gagner qui fût à eux, puisqu’ils ne peuvent même pas dire qu’ils sont à eux-mêmes. Et comme si quelqu’un pouvait avoir quelque chose à soi sous un tyran, ils veulent se rendre possesseur de biens, oubliant que ce sont eux qui lui donnent la force de ravir tout à tous, et de ne rien laisser qu’on puisse dire être à personne. Ils voient pourtant que ce sont les biens qui rendent les hommes dépendants de sa cruauté.
(FLICS)
C’est ainsi que le tyran asservit les sujets les uns par les autres. Il est gardé par ceux dont il devrait se garder, s’ils valaient quelque chose. Mais on l’a fort bien dit : pour fendre le bois, on se fait des coins du bois même ; tels sont ses archers, ses gardes, ses hallebardiers. Non que ceux-ci n’en souffrent eux-mêmes ; mais ces misérables abandonnés de Dieu et des hommes se contentent d’endurer le mal et d’en faire, non à celui qui leur en fait, mais bien à ceux qui, comme eux, l’endurent et n’y peuvent rien.
(SOUS-CHEFS dont Chérèque)
Quelle peine, quel martyre, grand Dieu ! Être occupé nuit et jour à plaire à un homme, et se méfier de lui plus que de tout autre au monde. Avoir toujours l’œil aux aguets, l’oreille aux écoutes, pour épier d’où viendra le coup, pour découvrir les embûches, pour tâter la mine de ses concurrents, pour deviner le traître. Sourire à chacun et se méfier de tous, n’avoir ni ennemi ouvert ni ami assuré, montrer toujours un visage riant quand le cœur est transi ; ne pas pouvoir être joyeux, ni oser être triste !
(GREVE GENERALE)
Ce tyran seul, il n’est pas besoin de le combattre, ni de l’abattre.
Il est défait de lui-même, pourvu que le pays ne consente point à sa servitude.
Il ne s’agit pas de lui ôter quelque chose, mais de ne rien lui donner.
Pas besoin que le pays se mette en peine de faire rien pour soi, pourvu qu’il ne fasse rien contre soi. Ce sont donc les peuples eux-mêmes qui se laissent, ou plutôt qui se font malmener, puisqu’ils en seraient quittes en cessant de servir.
Etienne de la Boétie (1530-1563)
Messages
1. De la GREVE GENERALE par La Boétie, 23 février 2009, 18:09, par Marcel
C’est très actuel. Ou La Boetie était un visionnaire... ou bien l’homme n’a pas trop changé, depuis.
2. De la GREVE GENERALE par La Boétie, 23 février 2009, 18:26, par clo
ET OUI !! l’Homme n’est pas bon.
3. De la GREVE GENERALE par La Boétie, 23 février 2009, 18:55, par Brutus
Et toujours de La Boétie :
Les théatres, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les médailles et autres choses de peu, c’étaient aux peuples anciens les appâts de la servitude, le prix de leur liberté, les outils de la tyrannie. Les anciens tyrans avaient cette pratique, ces allèchements, pour endormir leurs sujets sous le joug. Ainsi les peuples abêtis, trouvant beaux ces passe-temps, amusés d’un vilain plaisir, s’accoutumaient à servir, aussi niaisement mais plus mal que les petits enfants qui, pour voir les luisantes images des livres enluminés, apprennent à lire..
Et La Boétie n’avait pas connu le foot et les jeux olympiques, TF1 et la Star Ac, les politiciens pipoles !