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De la croissance, encore de la croissance, toujours de la croissance !
Publie le lundi 3 novembre 2008 par Open-PublishingVoilà le discour d’une ploutocratie alliée à nos "élites" politiques pour lesquelles rien ne doit changer sur le fond mise à part quelques ajustement inspiré du keysianisme destinés à péréniser notre modèle économique mondiale sur le dos des citoyens contribuables.
Mais de quelle croissance parle-t-on ? Au profit de qui ?
Si c’est le développement durable de la société qui est sous-entendu, alors c’est une gageure et une mise au point sémantique s’impose.
On admet en général que le développement est un mouvement vers le haut de l’ensemble du système social. La confusion entre croissance économique et développement subsiste car, depuis 1991, la banque mondiale retient comme seul critère de développement le produit national brut par habitant (PIB). Pourtant, certains pays exportateurs de matières premières, minerais, gaz, pétrole, connaissent la croissance économique mais leurs sociétés n’ont pas réussi la transition d’un pays en voie de développement à un pays dit développé.
L’IDH, un nouvel indicateur économique plus « social »
Amartya Sen, économiste indien, a conçu l’IDH comme alternative économique aux indicateurs monétaires issus des doctrines économiques en vogue. L’indice de développement humain englobe certes le produit intérieur brut par habitant si cher aux économistes monétaristes, mais le dépasse. Repris depuis 1990 par le programme des Nations unies pour le développement (PNUD), il prend en compte, d’une part l’espérance de vie, d’autre part le niveau d’éducation mesuré par le taux d’alphabétisation des adultes, puis le taux de scolarisation et enfin le produit intérieur brut par habitant.
Et là, surprise, malgré les imperfections de ce mode d’estimation, on constate d’emblée que les pays en tête du classement du produit intérieur brut par habitant ne se superposent pas du tout au classement en fonction de l’IDH. Les pays nordiques y tiennent le haut du pavé et certains pays latins font piètre performance. Cet indice est à n’en pas douter plus fiable pour rendre compte d’une certaine réalité parce que pluridimensionnel.
Le « pouvoir d’achat » de l’INSEE, un trompe l’oeil
Focaliser les statistiques des instituts de sondage uniquement sur la hausse ou la baisse du pouvoir d’achat est un faux problème dans une société de forte consommation, fondée sur une croissance infinie, cause d’exodes migratoires dans des mégalopoles insalubres où l’on constate une paupérisation du cadre de vie, un accroissement des maladies liées au stress, un excès de pollution atmosphérique et sonore, un entassement des populations, une régression de l’hygiène de vie. En outre, l’encombrement des déchets toxiques s’intensifie.
Derrière l’apparente société d’abondance, la société technicienne dévaste les richesses naturelles.
Outre la pression démographique, les friches industrielles, la déforestation, la pénurie de terre et d’eau potable sont l’une des causes latentes des conflits territoriaux. En outre les modes de calcul de l’INSEE porte à caution, de l’avis de nombreuses associations de consommateur
En outre, ont prospéré des civilisations remarquables, des sociétés hors développement économique dans lesquelles la croissance ne constituait ni l’objectif ni même le système de valeur principal. Ces sociétés stables ont perduré des millénaires. Dans les cités antiques la culture était à l’honneur, les débats sur la place publique étaient riches, la vie politique était relativement égalitaire, l’économie était certes agraire mais les niveaux de vie étaient convenables. A l’apogée des empires antiques, les institutions furent imprégnées de démocratie directe et surpassèrent la plupart de nos démocraties parlementaires occidentales. Le progrès de l’humanité ne peut donc se résumer au développement d’une structure technicienne et à la création de nouveaux besoins de consommation.
L’ISH, un indice de référence en économie sociale
Un autre indicateur permet de faire apparaître une forte décroissance depuis 35 ans, il s’agit de l’ISH (Index of Social Health), dit indice de santé sociale. Il s’appuie sur le chômage, le suicide des mineurs, la maltraitance des enfants, le niveau d’éducation, la fréquence des délits violents (vols avec violence, violences en réunion...), le prix de la location immobilière, le réel pouvoir d’achat (prix des produits de consommation courante, évolution des prélèvements obligatoires). Cet indicateur n’est jamais repris par les politiques et pour cause... Il est difficile de faire l’aveu d’une régression continue depuis une trentaine d’années. L’ISH de l’ensemble des pays occidentaux décroît depuis les années 1970.
Il semble de fait que la croissance du PIB va à l’encontre du bien-être général, de la cohésion sociale et de l’écologie globale. S’agit-il pour autant de restreindre sa consommation ? Sûrement pas ! Consommer malin, refuser la dépendance aux nouveaux besoins de consommation, n’est-ce pas faire croître l’indice de santé sociale, favoriser une économie alternative respectueuse de l’environnement et du monde du vivant ? Georgescu Roegen, théoricien et économiste roumain, à mis en évidence que la décroissance de l’économie néfaste passe par une forte croissance de l’ISH, valeur sûre pour le développement durable.
La marchandisation des esprits, les effets néfastes de la croissance industrilelle incontrôlée sont encore plus marqués quand l’homme n’est plus perçu comme une fin en soi mais comme un moyen. Faire de l’homme une valeur marchande intrinsèque s’est, au fond, nier son humanité.
In finé, le danger qui guette la santé humaine, notre environnement, la qualité de vie du plus grand nombre, s’est notamment que le commerce de la santé prenne le pas sur l’étique et par ricochet bafoue en continu notre intégrité ; et que de toute évisence on assiste à une paupérisation généralisée qui n’épargne quasiment personne sauf les hommes qui déteinnent le pouvoir politique et financier.