Accueil > De la démocratie, Fidel et Cuba

de Jean Michel Hureau
Je n’ai jamais mis les pieds à Cuba. Toi non plus ? Non, je ne parle pas de la plage de Varadero et de ses hôtels de luxe. Je parle de Cuba. Alors, comme toi, je lis et j’essaie d’analyser les propos des journalistes de la presse traditionnelle et les déclarations des hommes politiques. Fidel est un dictateur, disent-ils. Bon, va pour le dictateur. Il faut rétablir la démocratie à Cuba. Bon, va pour la démocratie. C’est un régime policier. Bon, va pour le régime policier. On ne respecte pas les Droits de l’Homme à Cuba. Va pour les Droits de l’Homme. Le peuple cubain est pauvre et a faim. Bon, va pour la pauvreté et la faim.
Quand tu as lu tout ça, et rien que ça, de la part de journalistes qui n’y ont, eux non plus, peut-être jamais mis les pieds, tu peux être en droit de t’interroger. La seule question est alors de savoir si un pays qui vit depuis plus de quatre décennies sous embargo peut avoir un régime réellement démocratique, avoir les moyens de sa survie et assurer le bien-être de ses citoyens. Bon, déjà tu as compris pourquoi les cubains ne sont pas riches. Et puis, tu établis des comparaisons. Allons-y.
En France où tu vis, comme chacun sait, dans un pays aux hautes valeurs démocratiques, tu supportes quand même depuis onze ans un président versatile, qui va de contradiction en contradiction, supposé être mêlé à de drôles d’histoires comme les emplois fictifs à la mairie de Paris, les frais de bouche de l’Élysée ou l’affaire Clearstream, par exemple. Au moins, avec Fidel, on sait où on va. C’est clair. Les affaires de corruption ou de trafic de drogue, on en parle. Il n’empêche qu’il y a quand même un de ses généraux qui a été passé par les armes pour ça. Couverture ? Peut-être. Mais Le Grand Jacquot, lui, a amnistié Guy Drut, condamné pour malversation.
Fidel peut paraître imbuvable à cause de cette figure de personnage omniscient. Il peut très bien faire le bulletin météo à la télé et t’expliquer le passage de l’ouragan Katrina, qui, entre nous soit dit, n’a fait aucun mort à Cuba, alors qu’il en a fait plusieurs centaines en Louisiane bien que très afaibli, ou bien t’offrir un bulletin de santé après une chute ou une opération. Mais quand Le Grand Jacquot a un accident cardio-vasculaire, motus et bouche cousue. Alors, information, désinformation ou opinion ?
Fidel décide de tout. Certes. Mais nos lois ne sont-elles pas votées à l’Assemblée Nationale sans consultation des partenaires sociaux et à coup de 49-3 ? Chapeau la démocratie ! Tu vois la différence ?
Bien sûr le Parti Communiste Cubain est présent dans toutes les instances et auprès de la population. Donc, c’est un état policier. Mais alors, les jeunes issus de l’immigration qui se font tabassés ou même tués par les flics en toute impunité. C’est mieux ?
Les Droits de l’Homme, parlons-en. D’abord, les « prisonniers politiques » à Cuba sont tous des journalistes, des poètes ou des écrivains. Non pas qu’ils le soient nécessairement mais c’est ce qu’ils disent une fois arrêtés. Ils se comptent d’ailleurs à quelques dizaines et sont tous liés aux anti-castristes extrémistes de Miami qui voudraient rétablir un régime du type Battista. En guise de protection, les États-Unis abritent toujours Posada Carriles qui est un terroriste et a fait sauter un avion de Cubana de Aviación.
Tu te souviens des Marielitos ? Ceux qui voulaient rejoindre la Floride du port de Mariel. Des homosexuels persécutés ? Mais non. Fidel a vidé ses prisons de tous ces délinquants de droit commun et les a envoyé aux États-Unis. Plus de commentaires de la Maison Blanche car ils ont rejoint directement les geôles de Baby Bush.
Alors, pour les Droits de l’Homme, on peut penser à Guantanamo, à Abu Graïb ou à Sangatte. Que de leçons à recevoir !
Les premiers Droits de l’Homme sont le Droit à l’Éducation et à la Santé. À Cuba, c’est totalement gratuit. Tu peux en dire autant partout ailleurs ?
Alors, on peut aimer ou pas, mais c’est quand même un drôle de dictateur ce Fidel qui se préoccupe de l’éducation et de la santé de ses concitoyens.
Pour ma part, je suis fidèle.
Un rubi, cinco franjas y una estrella.
Messages
1. > De la démocratie, Fidel et Cuba, 10 août 2006, 13:55
On voit toujours la paille dans l’oeil du voisin et pas la poutre que l’on a dans le sien . merci pour ce rappel. ça fait du bien.Viva Cuba
1. > De la démocratie, Fidel et Cuba, 11 août 2006, 04:08
Merci de l’avoir noter. Ça réconforte. On continue !
JMH
2. > De la démocratie, Fidel et Cuba, 11 août 2006, 08:34
J’aimrerai rajouter une pensée personnelle. Je me suis moi aussi posé la question : "pourquoi tous les médias sont si unanimes contre Fidel Castro ?" Ensuite je me suis demandé comment Enesto ’Che’ Guevara, qui s’est battu dans le monde entier pour les droits de l’homme (pauvre), avait pu être si proche d’un homme que l’on décrit, dans les médias toujours, comme étant de la pire espéce.
J’en suis arrivé à la conclusion suivante, peut être un peu simpliste. Je vous la livre quand même pour faire avancer le débat. Quelle est la particularité du régime castriste ? Il est profondément anti-capitaliste. Et les médias, qui les possède, qui les contrôle ? La plupart sont liée à des hommes ou des entreprises qui ont fait leur fortune grace au capitalisme (Arnaud, Bouygue, Lagardère...). Donc quel est leur interé à ces gens là ? Montrer au monde que le régime castriste ne fonctionne pas. Sinon les gens pourraient se dire que le capitalisme est une bétise.
1. > De la démocratie, Fidel et Cuba, 11 août 2006, 18:26
Si le CHE n’a pas eu l’occasion de s’user au pouvoir, Fidel a réussi avec l’aide de son Peuple à mettre en oeuvre l’idéal socialiste et de le faire progresser en Amérique Latine. Quel chef d’état, quel dictateur, aurait pu inspirer de son vivant par son action, les rêves d’égalité et de solidarité de tout un continent. Les Pauvres, les déhérités soutiennent leur régime politique les Yankees , leur pouvoir militaire et corrupteur, leur fric, n’ont pu les soulever contre le socialisme que Fidel a personnifié dans son pays. Morales, Chavez n’ont pas honte de clamer leur sympathie et leur admiration pour les révolutionnaires cubains représentés par Fidel Castro : comme eux, comme vous, je dis moi non plus. JdesP communiste
2. > De la démocratie, Fidel et Cuba, 11 août 2006, 22:25
La mafia qui rêve de faires des" affaires "à Cuba ne peut le faire à cause du régime,socialiste et très solide, mis en place par la révolution et Fidel.Et, depuis 1959 tout est prétexte pour tenter de discréditer Fidel et son régime.Pour ce faire les mensonges sont légion et la désinformation permanente.Mais heureusement les gens ne sont pas tous"idiots"et n’adhèrent pas à la pensée unique et gardent leur libre arbitre.Nous sommes des millions de par le monde à approuver le régime Castriste et à le défendre.Et ce n’est pas demain que nous changerons d’avis.Les gouvernements Ricains et autres ordures ont du pain sur la planche pour retourner l’opignon des peuples et des intellectuels honnêtes.
À ce jour Cuba reste LA référence quoi qu’en disent tous ces fumiers à la solde des capitalistes de tous poils et nous entendons bien que ça demeure ainsi.
VIVE CUBA !
François.
3. > De la démocratie, Fidel et Cuba, 12 août 2006, 00:52
Force est de constater que la résistance à l’impérialisme américain (et à l’impérialisme tout court) n’est plus ce qu’elle était il y a 30 ans !
De ce point de vue, Cuba et Castro sont définitivement haïssables aux yeux des bourgeois de tout poils, car... le peuple de cette petite ile à deux pas du grand géant de l’ordre mondial, continue à tenir le choc et à lui faire un bras d’honneur !
Après avoir tenté d’assassiner Fidel Castro (en vrai) des dizaines de fois par CIA interposée, ils persistent à vouloir l’assassiner médiatiquement.
Minables !
3. > De la démocratie, Fidel et Cuba, 19 août 2006, 17:19
Merci Jean Michel Hureau, cela fait du bien à lire.
Moi aussi Un Fidel, cinco franjas y una estrella
Lupe