Accueil > De quel bois nous chauffons-nous ?
Manifeste pour une production autosuffisante de bois et de fibres de cellulose en France et en Europe.
Non au pillage et au gaspillage.

Actuellement, des troncs d’arbres provenant de tous horizons sont utilisés dans de nombreuses applications :
– pour la production de pâte à papier.
– comme matériau de construction pour le gros œuvre : charpentes, murs, sols ou bâtiments entiers.
– pour la décoration et l’aménagement des intérieurs : escaliers, planchers, parquets, poutres porteuses ou poutres à but décoratif.
– pour les meubles en menuiserie traditionnelle.
– pour la production de panneaux de particules qui sont utilisés lors de la fabrication de meubles légers. Ils sont envoyés dans des usines où des machines les réduisent en granules. Ceux-ci sont mélangés à de la résine et sont mis sous presse. On obtient des plaques. Tout le monde connaît ce type de produits « à bon marché » qui finissent par se dégrader sérieusement si on les monte et on les démonte un peu trop souvent.
– pour les jeux dans les parcs et les jardins d’enfants.
– pour les passerelles, les ponts et d’autres ouvrages d’art publics.
– comme combustible pour le chauffage domestique.
Quelques 25% du territoire français sont recouverts de forêts. On pourrait donc penser que les réserves disponibles sont suffisantes pour alimenter en bois l’ensemble des secteurs réclamant son utilisation. Il n’en est rien. Elles ne sont pas assez conséquentes pour couvrir durablement l’ensemble des besoins sur de longues périodes. Le pourcentage cité reste constant. Selon Greenpeace, si tous les arbres étaient abattus en France, nous aurions suffisamment de bois pendant à peu près un siècle. Ensuite, il ne resterait plus rien. Nous en consommons beaucoup trop ne serait-ce que pour le chauffage individuel : loin de diminuer, le nombre de résidences principales ou secondaires équipées d’inserts ou de cheminées est en constante augmentation. En hiver, chaque foyer équipé consomme plusieurs m3(stères) de bois.
Comme la filière de production française n’est pas assez développée pour répondre aux besoins de tous les acteurs, les industriels en importent d’autres pays notamment des pays du Sud.
Les exploitants n’ont pas le temps de tergiverser. Le but est de répondre le plus rapidement possible à la demande en matière première. On procède à des coupes franches dans les massifs qui sont souvent des forêts primaires sans se soucier de la richesse qu’elles peuvent contenir.(1) Les sols qui sont très fragiles sous ces latitudes deviennent rapidement stériles. Il ne faut pas compter que de nouvelles forêts primaires réapparaissent spontanément.
Même dans le cas d’une exploitation dite « raisonnée » du couvert forestier, ce qui est rarement le cas, il ne reste rien des forêts d’origine. La « gestion » si l’on peu appeler cela une « gestion », est souvent calamiteuse. Chaque année, dans le monde, c’est l’équivalent d’une surface grande comme l’hexagone qui disparaît. Nous assistons en direct et de manière accélérée au saccage d’un patrimoine mondial inestimable. Les populations locales, employées en tant que bras à bon marché sont bien loin de comprendre tous les enjeux économiques.
Il s’agit donc pour nous, citoyens de France et du monde, d’œuvrer pour que ces filières d’exploitation ferment.
Les forêts primaires doivent être préservées dans leur intégralité.
Que pouvons-nous faire ? Quelles pistes devons-nous suivre ?
Les mots d’ordre sont : « économiser », « planter ».
Quelques propositions concrètes :
– Lorsque l’on observe des habitations ou des ouvrages pour lesquels on a utilisé beaucoup de bois, on a tendance à penser que ceux-ci sont « écologiques ». Ce n’est évidemment pas automatiquement vrai. Le propriétaire et le maître-d’œuvre doivent s’enquérir de la qualité environnementale réelle des planches utilisées. Ils doivent connaître leur origine. Transparence et traçabilité sont de rigueur.
– toutes les revues, tous les magasines, tous les livres mis en vente ou qui sont distribués gratuitement doivent être imprimés avec un papier qui contient au moins 50% de fibres recyclées.
– Les élus locaux, les maires doivent étudier de très près, avec les « administrés », la possibilité de mettre en place de manière active la culture du chanvre dont les tiges sont riches en fibres de cellulose. Les agriculteurs céréaliers devront prévoir de cultiver cette plante sur leurs terres à un moment ou à un autre dans l’année. Elle est sobre, ne demande pas de grandes quantités d’eau. Elle résiste plutôt bien aux maladies et consomme très peu d’engrais. En outre, elle contribue à l’amélioration de la qualité des sols. Sa culture peut être intercalée entre deux épisodes de production de céréales. Les nouvelles filières de traitement et de production de fibres de cellulose issues du chanvre viendront peu à peu compléter celles déjà existantes de manière à ce que les quantités mises sur le marché soient très importantes. Légiférer en ce sens.
– parallèlement à cela et assez rapidement, il sera nécessaire de planifier le reboisement durable d’une grande partie du territoire : le taux d’occupation des sols devra être supérieur à 50%. 25% ne seront pas utilisés. Les 25 autres % seront utilisés activement mais de manière raisonnée. Un programme intensif de plantations ne peut être que bénéfique.
Il a un triple voire quadruple avantage. Le premier est de permettre de disposer de suffisamment de matière premières en toutes circonstances.
Ensuite, compte tenu de la rapidité avec laquelle les calottes polaires sont en train de fondre, on ne peut que conseiller de reboiser intensément. Dès les premières années, les jeunes plants capturent du CO2. Lorsque la biomasse augmente, une partie du gaz présent dans l’atmosphère s’accumule sous forme de matière organique, dans les troncs, dans les branches, dans les racines, dans les feuilles. Tant que le bois et les tissus morts n’ont pas été entièrement décomposés, le carbone reste incorporé dans les molécules organiques dont il constitue le squelette. Les sols en conservent une partie sous forme d’humus, de débris végétaux. Ce sont de véritables réserves naturelles.
Troisième avantage : les arbres sont d’excellents régulateurs de l’humidité et du climat. Et lorsqu’il pleut ou lorsqu’il neige, l’eau s’écoule lentement sur le sol. Elle est absorbée et libérée progressivement. Elle rejoint lentement les nappes phréatiques ou les ruisseaux. Les racines fixent bien la terre. Les épais tapis de feuilles retiennent facilement l’humidité. Les sols vieux de plusieurs centaines d’années se comportent comme d’immenses éponges naturelles en surface et en profondeur. Il n’est pas rare de trouver des cours d’eau dans les massifs forestiers installés sur des terrains en pente y compris au beau milieu de l’été. Ce sont surtout les feuillus qui permettent de créer de bons sols.
Les reboisements devront être opérés minutieusement en respectant au mieux la biodiversité locale traditionnelle. Plus une forêt comprend d’espèces d’arbres différentes plus elle est équilibrée et résistante. C’est seulement dans les régions qui présentent des conditions un peu extrêmes que cette diversité diminue. On pensera aux mangroves et aux palétuviers. Plus près de chez nous, dans les zones de haute montagne, seules subsistent les espèces les plus résistantes au froid notamment les résineux. Près des cours d’eau et lorsque les sols sont fréquemment inondés, on trouve des essences habituées aux sols gorgés d’eau tels que les peupliers, les aulnes et les saules.
Mis à part ces cas particuliers et quand l’homme intervient peu sur le cours des événements, les forêts sont naturellement constituées d’espèces diverses et variées : boulots, hêtres, chênes, frênes, peupliers, pins, houx, châtaigniers... Ce sont des ensembles solides qui n’ont pratiquement pas besoin d’entretien. Ils le sont d’autant plus qu’on laisse le temps et la possibilité aux différentes essences de croître en symbiose avec les autres organismes vivants, comme les champignons, dans un sol dynamique biologiquement. Les bois obtenus sont de meilleure qualité. Les arbres sont moins sensibles aux maladies. La faune et la flore abondent.
Même dans les régions tempérées, les coupes franches sur de grandes surfaces ont pour effet de détruire immédiatement tous les équilibres biologiques qui mettent plusieurs centaines d’années avant de se mettre en place. Les processus de décomposition au niveau du sol, la vie des microorganismes, l’ activité de la faune et de la flore s’interrompent. Les champignons, alliés naturels des arbres, ne trouvent plus de support pour se développer. Tout disparaît. Donc, les prélèvements doivent être effectués de manière sporadique de façon à ce l’écosystème local conserve en permanence son équilibre. Les forêts tempérées d’autrefois n’étaient pas celles que nous connaissons aujourd’hui. Toutefois, nous possédons tous les éléments pour pouvoir les reconstituer étant donné que les espèces sont encore vivantes et que nous disposons de nombreux documents historiques. C’est en veillant à rétablir au mieux cet équilibre originel que nous permettrons aux générations futures de gérer correctement notre planète. Non seulement il nous faudra devenir autosuffisants, mais en plus nous devrons pratiquer une politique de ponction raisonnable du patrimoine naturel national.
Légiférer en ce sens.
Pour pouvoir reboiser le territoire, il nous faudra réduire de manière conséquente notre consommation de viande. Les élevages ovins et bovins accaparent une grande partie des sols. Les terres laissées en jachère doivent être replantées.
Légiférer en ce sens. Si plusieurs pays, grands ou petits, décidaient de pratiquer des politiques de reboisement de manière conséquente, alors l’efficacité d’un tel programme deviendrait certaine. Il nous faudra par ailleurs et bien évidemment réduire de manière drastique les émissions de gaz à effet de serre. Nous ne retrouverons peut-être pas exactement le climat que nous avons connu au début de ce siècle en France à savoir des hivers rudes, des étés chauds, des printemps et des automnes marqués et bien humides, mais nous nous en rapprocherons.
– politique active de récupération des objets usagés en bois mis en décharge par les citoyens. Possibilité de réutiliser la matière pour fabriquer d’autres objets ou pour produire des panneaux de particules. Aucun morceau de bois ne doit être brûlé dans un incinérateur.
– Utiliser des ramettes de papier à faible grammage ou pratiquer systématiquement l’impression recto/verso permet de réduire la consommation de papier. Seulement, les achats diminuent d’autant. Donc, pour ne pas léser les vendeurs, les commerçants qui vivent entre autres de la vente de ramettes de papier, les consommateurs devront accepter de payer les produits un peu plus cher. C’est une habitude à prendre.
– réduction drastique de la consommation de bois pour le chauffage. Mise en place de taxes qui sont reversées aux producteurs afin de compenser le manque à gagner. Privilégier d’autres sources d’énergie pour chauffer les locaux. Ne sont brûlés que les morceaux qui ne sont pas exploitables en menuiserie. Isoler.
– Temporairement, arrêter de construire avec du bois, arrêter d’utiliser du bois pour la décoration ou la réalisation d’ouvrages d’art. Privilégier l’utilisation d’autres matériaux : céramique, aluminium, revêtements plastiques... Réhabiliter, entretenir et rénover les constructions existantes. Accepter de payer plus cher pour une quantité donnée de bois afin que les filières et les emplois soient maintenus, afin de laisser le temps aux acteurs économiques de pouvoir se réorganiser.
Les mesures prises nécessitent quelques « petites » modifications dans l’organisation de l’économie mais ne provoquent pas outre mesure de grands bouleversements dans les modes de vies.
mncds.
1. Des milliers et des milliers d’espèces d’animaux et de plantes.
2. Il existe différentes qualités de bois :
Olivier : Arbre d’une haute valeur économique.
Cyprès : bois très résistant à la pourriture.
Chêne vert et chêne pédonculé : bois très résistant.
Orme, mélèze : bois très résistant.
Laurier, olivier : bois délicatement parfumé.
Mélèze : bois dur, rougeâtre et lustré.
Merci aux différentes organisations : « Greenpeace ». « Les amis de la Terre... »