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Delibere, procés d’antoine TGI 13h30

Publie le jeudi 6 octobre 2005 par Open-Publishing

Après son procès le 22 septembre pour outrage violence et rebellion contre agents des forces de l’ordre, les juges rendent leur verdict ce jeudi à 13h30 à la 16e chambre du TGI de Paris (Metro Cité). Rdv à partir de 13h devant l’entrée du TGI

Trois mois de prison avec sursis et 460 euros d’amende pour chacun des deux policiers qu’il aurait outragé et frappé, voilà ce que la procureur a requis, à l’encontre d’Antoine, un étudiant de 23 ans qui a eu le malheur de se trouver au mauvais endroit et au mauvais moment derrière la ligne des policiers alors que ceux-ci repoussaient violemment des manifestants du cortège lycéen le 13 avril. Le procès qui a duré près de cinq heures le 22 septembre, a permis d’entendre des témoins directs de la scène (dont tous n’étaient pas manifestants). Ceux-ci ont tous contesté la violence dont ce serait rendu coupable Antoine et ont déploré la violence démesurée des policiers... L’avocate d’Antoine a remis à la cour des photos prises par l’un des témoins venus témoigner. Insensibles à la violence d’une arrestation "somme toute normale", juges, avocats ont continué, semble-t-il, à donner foi aux témoignages du policier et de son lieutenant alors que ceux-ci étaient véritablement montés de toutes pièces.

Selon leurs dires, Antoine aurait été le leader le plus violent de toute la manifestation, le seul dont la description aurait transmise aux policiers avec ordre de l’arrêter. Son arrestation se serait soi-disant déroulée en deux temps. Ce serait Rue Thénard qu’il aurait été désigné pour la première fois après avoir été « violent » (c’est le terme du lieutenant qui ne désigne pas les violences qu’il aurait commises...). C’est à ce moment même que deux policiers (les mêmes qui arrêteront Antoine 400 m plus loin, comme c’est étrange...) ont essayé de l’attraper, chose que ni Antoine, ni personne qui a assisté à ce qui s’est réellement passé rue Thénard n’ont pu observer. Pourquoi ? Parce qu’il ne s’est tout simplement rien passé rue Thénard, à peine quelques lycéen-ne-s ont-illes tenté d’y prendre pied. Il n’y a eu ni bousculade, ni poussée qui auraient pu légitimer d’ « intercepter » l’ « agitateur » que serait Antoine. Ensuite, les policiers, l’auraient poursuivi jusqu’à la rue de Poissy (ce qui est faux, aucune personne ne l’a suivi) en passant par la rue des Ecoles . A ce moment-là Antoine se trouvait boulevard Saint Germain puis a suivi les manifestants qui déviaient du trajet en prenant la rue Monge puis la rue Saint Victor pour arriver rue de poissy. Alors qu’il était arrivé jusqu’au premier rang des manifestants face aux policiers et avait tenté de temporiser les manifestants qui poussaient derrière lui, il s’est trouvé propulsé derrière la ligne des policiers après que l’un d’eux l’ait gazé en plein visage. Encore sous le choc des gazs et de la scène il est attrapé par un policier, mis au sol, traîné par les cheveux ; pour l’immobiliser encore plus qu’il ne l’était, les policiers multiplient les clefs de bras avant de le menotter à plusieurs. Tout cela se passe à l’angle de la rue de Poissy et de la rue des Ecoles vers 16h...et tous les procès verbaux des policiers et de leurs responsables attestent pourtant qu’Antoine a été arrêté rue Thénard.

Quant aux accusations, elles font de cet étudiant, un fou dangereux à caractère kamikaze, un manipulateur virulent de foules et un professionnel de la violence contre les policiers. Ainsi il aurait foncé dans une ligne de policier à deux reprises en donnant des coups, aurait échappé à une arrestation puis donné des coups de pied, de poing et de coude lors de sa véritable arrestation. Il aurait auparavant lancé une « bouteille de verre de taille moyenne » avant de s’approcher des policiers en les insultant (« CRS : SS » et « Sales flics ») et de leur donner des coups de poing et des coups de pieds.

C’est à partir de ce scénario à dormir debout totalement contesté par l’accusé, son avocate, Irène Terrel et les témoins qui ont assisté à la scène, qu’Antoine va être jugé.

A nous d’être là pour le soutenir ce jeudi 6 octobre, rassemblement à partir de 13h devant le tribunal de Grande Instance de Paris Metro cité
pour précision, le policier non casqué sur la dernière photo n’est autre que le lieutenant qui est venu témoigner en faveur des policiers

Sans oublier les autres procès : Celui d’Icham le 13 octobre 13H au TGI de Paris ( accusé d’avoir donné des coups à des policiers qu’il n’a pas donnés Celui en appel de Samuel le 18 novembre même heure même adresse (après sa condamnation à 5 mois de prison avec sursis plus amende pour avoir craché sur la vitre de la voiture d’un commissaire) ... et ceux que j’oublie

Article de libé suite au procès d’Antoine

La justice ne faiblit pas contre les personnes interpellées lors des manifs lycéennes

La parole d’un étudiant n’a pas pesé lourd contre celle des policiers l’accusant d’outrage, violences et rébellion : trois mois de prison avec sursis ont été requis contre lui.

Par Marie-Joëlle GROS

vendredi 23 septembre 2005 (Liberation.fr - 18 :32)

Le procureur de la République a requis jeudi trois mois de prison avec sursis à l’encontre d’Antoine B., un étudiant de 23 ans, accusé d’outrage à agent, violences et rébellion lors de son interpellation dans une manifestation de lycéens, en avril. Comme d’autres avant lui, l’étudiant rejette la version des policiers. En juin, Samuel Morville, l’un des meneurs de la coordination nationale des lycéen avait été condamné à cinq mois de prison avec sursis et 500 euros d’amende pour un simple outrage à agent. Depuis, plusieurs condamnations sont intervenues et d’autres procès de manifestants s’annoncent encore.

Jeudi, Irène Terrel, l’avocate d’Antoine B., a demandé un complément d’informations au tribunal. Refus catégorique. Sa requête était pourtant justifiée : comme Samuel Morville, Antoine Bérard s’est retrouvé à la barre sur de simples procès verbaux de police, sans qu’aucune enquête sur les faits ne soit possible. « Dans ce cas, c’est la parole d’un étudiant contre celles de deux policiers », résume l’avocate.

Antoine B. s’estime victime d’une injustice. Le 13 avril, des manifestations lycéennes ont lieu dans toute la France. Antoine B. rejoint le cortège des lycéens dans les rues de Paris, soucieux comme d’autres adultes du bon déroulement de la manifestation. Opposés à la loi Fillon sur l’école, les lycéens battent régulièrement le pavé depuis le mois de janvier. Côté gouvernement, chefs d’établissement et CRS, la crispation est de plus en plus perceptible. Les incidents se multiplient. Ce jour-là, le cortège dévie de son trajet initial et bute dans une rue étroite contre un cordon de CRS, à proximité de la Sorbonne. « Je me suis mis en première ligne pour contenir le cortège », explique Antoine Bérard, voix timide et cheveux long retenus en chignon. « Mais la foule poussait derrière. Les CRS ont sorti les gaz lacrymogènes, et sans que je sache comment je me suis retrouvé de l’autre côté du cordon, traîné au sol par les cheveux. J’ai pris des coups ».

Il reste plus de 24 heures en garde à vue. Un certificat médical lui accorde deux jours d’interruption de travail. L’étudiant porte plainte à son tour contre la police : « Ça ne nous concerne pas, balaie la présidente du tribunal. Cette plainte suivra son cours ».

L’avocate du jeune homme fournit au tribunal un reportage de France 2 montrant son interpellation musclée, ainsi que des photos prises par un photographe amateur qui se trouvait sur les lieux. Et pour convaincre le tribunal de l’« incohérence » de la version des policiers, elle s’appuie sur leurs propres déclarations qui situent étrangement le lieu de l’interpellation d’Antoine B. à plusieurs centaines de mètres de la Sorbonne. « Les lieux cités correspondent à ceux où l’ordre a été donné d’isoler ce jeune-homme désigné comme un élément perturbateur », justifie le lieutenant de police chargé ce jour-là d’encadrer la manifestation. « On ne peut pas accuser n’importe qui, de n’importe quoi, n’importe où ! », lui rétorque l’avocate.

Le public s’agite. A maintes reprises, la présidente menace d’évacuer la salle. Et s’impatiente quand trois enseignants, le photographe amateur et l’employée d’une librairie qui ont tous assisté à l’interpellation d’Antoine, viennent témoigner de la violence de la scène. « Puisque ça vous a tant choqués, pourquoi n’êtes-vous pas tout de suite allés porter plainte ? », demande-t-elle. Les cinq témoins, qui ont posé une journée de congé pour venir témoigner à la barre, ouvrent des yeux ronds. La procureure ajoute : « oui, c’est extrêmement violent, une interpellation... Surtout quand on n’en pas vu la cause ! »

La cause, selon la version des policiers, ce sont les « insultes » que l’étudiant aurait proférées et qu’il nie : « CRS -SS » et « sales flics ». Il explique à nouveau qu’il s’est interposé ce jour-là dans le seul but de faire tampon et calmer le jeu. La procureure accuse : « Cet élément perturbateur devait être sorti de la manifestation car il gênait son bon déroulement ». Elle requiert trois mois de prison avec sursis. L’avocate des policiers réclame 460 euros de dommages-intérêts. Jugement le 6 octobre. ( 13h metro cité à confirmer )

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