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Demain, pourquoi pas Mayotte après Anjouan ?

Publie le jeudi 29 janvier 2009 par Open-Publishing
5 commentaires

Par Sidy GAYE, journaliste
L’intervention militaire qui a chassé du pouvoir, le mardi 25 mars, le colonel Mohamed Bacar, chef autoproclamé de l’Ile d’Anjouan au terme du scrutin contesté du 10 juin dernier, constitue une première dans les relations entre l’Union africaine et ses Etats membres

Elle est déjà perçue par de nombreux observateurs, comme un véritable test de la capacité de l’Union à imposer sa volonté aux pays et communautés dont les agissements constituent une menace réelle pour la paix en Afrique.

Mais en fait, cette intervention là, pourrait poser à l’échelle africaine, plus de problèmes qu’elle n’en résout aujourd’hui, pour les seuls Comoriens.

Certes, au plan de la stricte légalité, elle ne peut souffrir d’une sérieuse remise en cause ; même si elle n’a point attendu de réunir un minimum de consensus auprès des voisins les plus immédiats de la sous région.

Le président Thabo Mbeki d’Afrique du Sud - puissance régionale longtemps tutélaire du processus de médiation - n’a guère caché, à aucune phase de ce processus de remise en ordre institutionnelle, la très nette opposition de son pays, à tout usage de la force pour faire entendre raison au colonel Bacar.

Mais au regard du texte constitutif de la nouvelle Union africaine, vieille de moins d’une décade et des décisions, résolutions, recommandations et déclarations qui doivent encadrer et inspirer l’action de ses plus hauts responsables, on cherchera longtemps pour trouver la moindre disposition qui s’y opposerait explicitement.

Est certes autorisé tout ce que n’interdit pas la loi. Mais dans le cas d’espèce, il y a même beaucoup mieux. La coalition qui a donné main forte à l’armée comorienne, à la demande expresse du gouvernement légitime de ce pays, n’a fait que mettre en œuvre, sous le couvert de la Commission, l’autorité morale du président en exercice et l’appui intéressé de pays amis, des orientations et principes clairement retenus par le nouveau traité de Lomé, instituant l’Union africaine.

Deux au moins, de ses seize principes de fonctionnement, suffisent à justifier ce recours musclé. Le premier, donne la faculté aux « Etats membres, de solliciter l’intervention de l’Union pour restaurer la paix et la sécurité » à l’intérieur de leurs frontières (art 4-J). Le second fait mention (art 4-P) de la « condamnation et (du) rejet des changements anti-constitutionnels de gouvernement ».

C’est dire que si cette intervention peut poser problème, c’est davantage pour l’empressement qu’elle trahit. Empressement ayant consisté à s’appuyer sur la fraîcheur de textes récents, non encore « apprivoisés », pour imposer à tous les Etats de l’Union et le fait accompli de la militarisation, et un précédent qu’ils se devraient logiquement, d’assumer solidairement, dans les mille et une occasions pendant lesquelles de telles situations pourraient se renouveler.

Il serait intéressant de savoir en effet, quelle serait demain, l’attitude de l’Union si, instruit des succès de la campagne d’Anjouan, un président Ahmed Abdallah Sambi (oublieux de l’appui logistique français), tirait partie de l’illégitimité des scrutins dans la colonie de Mayotte, pour en appeler à une intervention panafricaine…

Mieux encore, l’Union africaine est-elle réellement prête à jouer au redresseur de tort dans les nombreux cas d’usurpation des suffrages, survenus plus d’une fois sur le continent, d’une consultation électorale à l’autre ?

Certes, même si elle s’en défend, l’UA est jusqu’ici, une organisation d’Etats. Aucune communauté, collectivité en détresse ou personne physique, ne partage encore avec l’Etat comorien, cette faculté et cet énorme privilège de pouvoir la solliciter de bon droit, si directement et d’en recevoir une réponse aussi diligente.

La Tanzanie qui préside aujourd’hui l’Union africaine et qui, très tôt, a bâti quelque fois aux forceps, son unité fédérale, avait été le premier pays africain à tresser des lauriers au Sénégal de 1981, au soir de l’intervention de son armée en Gambie, pour restaurer l’autorité de l’ex-président Daouda Kairaba Diawara alors brièvement destitué par un certain Kukoi Samba Sanyang.

Est-ce aujourd’hui un hasard si ces deux pays se trouvent, côte-à-côte, avec la Libye et le Soudan, pour prêter main forte à l’Union des Comores ?

Le problème, et l’attitude de Mbeki en atteste, c’est de savoir si l’Union africaine qui s’est dotée sur le papier, des ses « textes de rêve », est en mesure de prouver que ses composantes partagent pour autant, la même vision et font preuve du même degré de maturité face aux enjeux qui les interpellent.

Cette Union là, qui ne peut lever aucune troupe par elle-même, non pas parce qu’elle n’en a pas les moyens, mais parce que simplement la plupart de ses membres ne le souhaitent pas, agit-elle en définitive pour elle-même ?

Laquelle est la plus efficace entre l’intervention militaire et les sanctions ciblées, en toutes circonstances largement à sa portée parce que sans frais ? Ceux qui se sont coalisés pour éjecter Bacar par la force, ont tranché le débat. A leur manière. Le Golfe des Bush, l’Afghanistan, l’Irak… semblent avoir pour leur cas, fait très largement école.

Mais le recul du temps ne permet-il pas aux Sénégambiens de mieux lire aujourd’hui, entre autres exemples, ce qu’il est advenu de la confédération mort-né que leurs régimes avaient mise sur pied, à l’ombre des chars de l’opération Fodé Kaba. Ils sont amplement édifiés également, sur le devenir du régime Diawara finalement renversé ; malgré tout, par les armes.

Qu’en sera-t-il des Comores ? De l’avenir de cette lilliputienne Union Comorienne sur un archipel amputé depuis son indépendance en 1975, et cinq fois plus petit que la Gambie ?

Par Sidy GAYE, journaliste

Source : http://www.apanews.net/idees_opinio...

Messages

  • Je ne vois pas d’autres solutions. Il faut maintenant passer à l’action d’autant plus que le président actuel des USA (obama) serait aux côtés des Comores. Obama c’est un président honnête juste et démocratique

  • L’Afrique regorge de situations où l’Union Africaine peut intervenir pour rétablir l’ordre constitutionnel. Mais bien entendu, rien ne se fera tant les intérêts des uns ne sont pas compatibles avec les intérêts des autres au sein de la Commission. Et puis le Colonel Bacar n’était qu’un minus dans une "union lillitputienne". Donc pas de gros risque de dégats collatéraux.

    Le principal handicap pour l’UA réside dans le fait que la grande majorité des pays africains ne connaissent pas encore la démocratie. Il s’agit d’un concept qui reste très abstrait pour nombre de dirigeants africains, et qui les horipile littéralement dès qu’ils ont la chance d’accéder au pouvoir.

    MOUGABE s’est d’ailleurs servi de cet argument lors d’une récente assemblée de l’UA, au moment où certains de ses pairs évoquaient l’hypothèse de son éviction de la présidence du Zimbabwé. Il a alors demandé lors de la réunion que tous les présidents africains élus démocratiquement lèvent la main avant de lui faire la moral. Et bien sûr, le débat a tourné court, puisque peu de dirigeants, pour ne pas dire aucun, ont levé la main !!

    • J’ aimerai bien entendre ici les intellectuels mahorais defendre leur misère et leur fierté d’être colonisé, de ne pas conaitre la democratie, de ne pas avoir le choix et de ne pas pouvoir dire non quand on en a envie.

      Comment admettre qu mes frères mahorais ont choisi de ne pas être libre ?
      Quel endoctrinement ?

      Je ne comprends absolument rien. Ce qui me choque c’est pas le faite que tout le monde dit oui mais c’est le fait que l’on estime être en france qu on a peur de dire NON.

      J’avoue que dans ce cas le colonisateur a fait fort.
      Faire valider dans 150 000 esprits un système que l’on admet pas sois même. Il faut le faire.
      150 000 personnes abruitis avec une serie qui s’appelle "MARINA" en 2009 c’est pas imaginable.

      Eh ben la France l’a reussi, j’admire cette puissance et j’avoue que sa politique exterieur devant des minables est trop puissant.

      Si les comoriens s’en sort aujourd’hui avec des magouille ce qu’ils ont bien appri leur leçon. L’ancien colon est fièr. J’avoue qu’il y a de quoi...

    • hé mos arrete de te la coulé dousse. c’est qui qui t’appri a parlé et a ecrire fançais si ce n’est que la france. je croit que tu devrai retouner voir ce qui se passe aux comores, et férmé ta putain de geule car elle pue. oki c’est un mahorais qui te parle.

    • Mos, je suis mahorais et fier de l’être...Je ne suis et je ne serais jamais comorien et je l’assume jusqu’au bout. Pour information ; je crois que tu mélanges les choses : c’est au comores que la démocratie est inéxistant !!! Quel comorien oserait critiquer ouvertement le pouvoir en place en étant au comores ? Personne, à part courir le risque de disparaitre à jamais le deuxième jour. Donc pour ta culture , ici à Mayotte on est libre de dire ce que nous pensons ! vive mayotte et ouvrez grand vos oreilles pour le 29 mars 2009 !!! à bon entendeur salut !!!