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Démocratie et choix de candidature

Publie le samedi 25 novembre 2006 par Open-Publishing
4 commentaires

par Jean-Paul Duparc , collectif niçois.

vendredi 24 novembre 2006

Il me semble que la volonté, qui apparaît parfois, de réduire le choix de candidature entre Autain ou Salesse est très étriquée, surtout trop « interne » à l’alternative unitaire. Pas assez tournée vers les défis populaires, politiques et publics à relever.

Elle pêche par deux postulats sans fondements réels.

Le premier consiste à penser que, si une personnalité a une « identité marquée », elle ne peut pas être une candidature de large rassemblement qui fasse consensus.

D’ou l’élimination hative de José Bové et de Marie George Buffet. Sachant que par ailleurs, pour le même motif, le même sort serait réservé à Olivier Besancenot, si il n’avait pas choisit lui même la voie de la candidature solitaire.

C’est se priver comme candidat des personnalités qui ont le plus d’envergure, de notoriété, qui sont les plus marquantes de notre rassemblement ; et les plus aguerries pour un tel combat dont on connaît l’intensité et la violence.
C’est se tirer une « balle dans le pied ». Dans une campagne courte, 4 mois, où il sera difficile de se faire entendre et de percer face à l’étau de la bipolarisation, on se choisirait un ou une candidat-e quasi inconnu-e du grand public et ainsi perdre de précieuses semaines à le faire uniquement connaître.

Et pour quelle raison ? Pour un motif interne de recherche de consensus ?

Mais l’alternative unitaire, le rassemblement antilibéral, n’est pas un Conclave, où nous chercherions à élire un pape ou une papesse, avec tous les jeux d’habileté d’avoir la prudence d’une personnalité « ni trop marquée, ni trop marquante ». Pourquoi pas non plus s’inventer une « course au centre » de l’alternative unitaire, dans les meilleures traditions politiciennes ? Le rassemblement antilibéral n’est pas un ensemble de « chapelles », avec comme candidat le, ou la, plus équidistant-e de toutes. C’est un nombrilisme de « cercle d’initiés » qui tourne le dos à l’efficacité en se réduisant au choix du « plus petit dénominateur commun » .

Pour le consensus, le courage, la réelle maturité, c’est savoir choisir la candidature la plus efficace en fonction des objectifs politiques du rassemblement. Et non pas se résigner à choisir par élimination. Les seules garanties fortes pour le respect incontournable de l’unité et de la diversité du rassemblement résident dans deux dimensions. D’une part la conception collective de la campagne, l’aptitude et la pratique du candidat à faire vivre cette diversité. D’autre part un pacte politique transparent sur le programme, et l’ambition stratégique du rassemblement.
A l’inverse une garantie qui reposerait par trop sur une personnalité choisie simplement parce que « ni trop marquée, ni top marquante » serait bien fragile et aléatoire dans un tel combat.

Le second postulat est qu’une candidature issue d’un parti politique serait par définition moins rassembleuse.
A l’image de plusieurs intervenants d’horizon divers cette semaine au collectif Nice Nord, de plus en plus de personnes se rendent compte du caractère dangereux d’un tel argument d’un point de vue démocratique. Il est d’autre part singulièrement déplacé lorsque justement l’enjeu est la constitution d’une nouvelle majorité politique à gauche. Il est enfin un argument de division et de tension lorsqu’il s’agit de discriminer la seule formation politique nationale qui ait fait pleinement le choix du rassemblement antilibéral.

Et, c’est bien parce que Marie George Buffet a, à la fois, la stature requise, la ténacité à travailler pour que le rassemblement antilibéral ne se mette pas de frontière, la pratique d’en faire vivre la diversité, et qu’elle est issue d’un collectif militant dont l’engagement plein et entier est un atout pour tous, qu’elle représente une candidature efficace.
Elle peut être au même titre que d’autres, voire mieux que d’autres, rassembleuse et fédératrice d’énergies.

Reste la construction du double consensus entre les collectifs et les organisations parties prenantes du rassemblement.

Quelle place donner à ce qui apparaîtra comme la proposition qui sera la plus partagée à l’issue d’un recensement national et transparent du débat des collectifs ?
Cette notion de proposition « la plus partagée » n’est pas une lubie de dirigeants communistes comme j’ai pu le lire ici ou là.
Il y a quelques 700 collectifs, plusieurs dizaines de milliers de personnes.
On voit bien, à consulter le site national où les comptes rendus sont disponibles, qu’une grande diversité de votes existe selon les collectifs. Il faut donc bien déterminer « l’importance respective des opinions défendues » et le ou les « choix les plus partagés » pour dégager une « tendance » nationale. Tout ceci figure explicitement dans la méthode proposée parle collectif national.

Dans un tel rassemblement, l’obtention d’un double consensus est bien d’abord être dans l’état d’esprit d’entendre, si elle existe et se dégage largement bien sur, la proposition la plus partagée par les collectifs.(1)

Ce n’est pas vouloir « passer en force » cela. C’est se situer au positif dans le processus en cours. Je n’imagine pas pour ma part qu’une force impliquée dans le rassemblement, si une proposition se dégage largement du débat des collectifs, veuille en imposer une autre. On se dit pour la démocratie participative ? Appliquons là déjà à nous mêmes.(2)

Jean Paul Duparc

(1)Parce que sinon réfléchissons à ce que cela veut dire. Cela signifie revenir de Paris le 10 décembre au soir pour dire que les votes des collectifs avaient dégagé une tendance en faveur de X et que le candidat retenu est Y parce qu’il a fait consensus au sommet dans un petit arrangement entre amis au sein du collectif national et proposé à l’assemblée. Quant à la proposition faite par PhGandin de la LCR d’obliger les collectifs à se déterminer dans un second vote sur un choix restreint et prédéfini « Salesse ou Autain » je ne la trouve pas pertinente. Non à imiter la méthode « Sarkozy/Royal », où avant même que le débat soit clos, on voudrait nous imposer un choix préfabriqué ! Non à un consensus défini, de fait, comme le « plus petit dénominateur commun »
 ;, nous méritons mieux et sommes capables de mieux ! Et Non parce que tout simplement de nombreuses personnes peuvent avoir en premier comme en deuxième choix des propositions qui n’obéissent pas à ce conformisme là. Ainsi à Nice

Nord, plusieurs personnes ont souhaité que si ce n’était pas Buffet, ce soit Bové.

(2) et ce qui nous distingue des primaires du PS, outre le fond bien sur, c’est que tout ceci repose sur la conviction et la volonté partagée. Ne se fait pas dans un conditionnement médiatique forcenée. C’est enfin poursuivre la réflexion si une tendance ne se dégageait pas nettement de la consultation des collectifs. C’est donc différent et pas mécanique comme des primaires.

Messages

  • "Le second postulat" selon lequel "une candidature issue d’un parti politique serait par définition moins rassembleuse" n’est pas réfuté par ce texte. Au moins a-t-il l’honnêteté de l’énoncer. Identifier le problème c’est commencer à le résoudre. Encore un petit effort...

  • Deux postulats ... qui n’en sont pas.

    Bonjour,

    Vous semblez poser a priori que les choix Salesse ou Autain (dans une liste préférentielle, par exemple et non dans un match par élimination) seraient du seul effet de ce que vous appellez deux postulats :
    1. l’un, se priver sciemment de combattants aguerris de la chose médiatique (une "identité marquée")
    2. l’autre, refuser d’emblée que le candidat unitaire (pour les Présidentielles et il y a les législatives derrière) soit issu d’un parti politique (parce que moins rassembleuse).

    Mais,d’une part, si c’était le cas, si ces idées étaient à la base des choix Salesse ou Autain, il ne s’agirait en aucun cas de "postulats", principes indémontrables posés comme a priori du raisonnement lui-même. Parce que ces idées - peut-être fausses ou pauvres - seraient, de toute façon, le résultat d’une réflexion et non son point de départ. Tout le contraire d’un postulat.
    D’autre part, peut-être - et, souvent - ces choix sont-ils de "vrais choix", c’est-à-dire la conviction (modeste et sans certitude) que l’un ou l’autre répondent pour le mieux (et non "le moins mal", comme on le lit ici ou là ... affligeant !) aux qualités recherchées et à la nature de la campagne que nous souhaitons mener.
    En effet, votre souhait d’un "candidat aguerri" aux rudes batailles etc suppose que nous allons mener campagne sur le "ring" et avec les manières, le jeu du combat présidentiel annoncé (ça se présente d’ailleurs de façon très inquiétante). Or, il est doublement question de ne pas se laisser avoir là-dessus. D’autant qu’à ce jeu on trouvera toujours plus poids lourd que soi et mieux entouré de professionnels de la profession (de communication) disposant de moyens incomparables.
    La force de la campagne à venir procédera - je l’espère et je le crois sans naïveté excessive - d’une autre manière, pleine de déplacements de terrains, avec des montées en première ligne déconcertantes, des relais, en bref un jeu collectif inscrit autrement, "hors limites". Ce qui ne signifie pas des candidats "sans qualité".
    Voyez l’évolution des points de vue dans les collectifs. Il y a quelques semaines qui connaissait Yves Salesse, réellement ? Or, ses interventions dans les meetings unitaires, sa clarté et son enthousiasme, son sens politique (j’insiste là-dessus, ça me parait déterminant), les compétences qu’on lui prête (aisément vérifiables), le tout mêlé à un calme qui est un aspect très loin d’être négligeable, son parcours à la fois "républicain" et militant, etc etc ... voilà qui n’en fait pas un candidat négligeable. Dont la "montée en puissance" parmi nous peut augurer (est-ce que j’en suis sur ? Etes-vous sur de tous vos nombreux présupposés ?) d’une égale évolution sur la campagne à venir.
    Clémentine Autain était un peu mieux connue (médiatiquement) du fait de ses participations à diverses émissions (d’info et pas seulement) et de son travail à Paris. Elle y a démontré une force et une jeunesse qui ne sont pas négligeables non plus.
    L’un et l’autre ne sont absolument pas sans saveur et sans chaleur. Mais, ils me donnent l’impression (voyez, je suis prudent et personnel) de permettre que joue à plein la force des autres porte-paroles (ce sont bien des porte-paroles ?), leurs singularités et leurs qualités qui sont très grandes. (Peut-être est-ce cette idée là, une présence moins "envahissante", que vous jugez erronée ?)
    Parce que, leurs qualités sont grandes. Et, il est bien dommage que soit "écartée" - avec des relents de fixation anti communiste (vieil et difficile héritage, le mort saisira-t-il le vif ? ...) - Marie-Georges Buffet. Voilà bien une personnalité qui réunit les qualités indispensables.
    Sauf que - et, c’est là que ça coince, malheureusement - nous n’en sommes qu’à une étape, essentielle certes, du regroupement offensif antilibéral (dont je continue à penser qu’il est d’une importance et d’une urgence excessivement supérieure aux ratiocinations actuelles, inévitables. Donc, cette malheureuse sensation - pas un postulat - que, en ce moment, une candidature non marquée appareil de parti a plus de chance de faire rapidement echo (je parie d’ailleurs que l’enthousiasme de la campagne et de l’intelligence du et des choix amèneront aux partis et aux mouvements de nouveaux militants, ce qui est indispensable).
    Les (des) collectifs, aujourd’hui, ne s’interdisent pas les choix. Mais, nombreux qui ont envie de comprendre ce que consensus peut vouloir dire, procèdent par "liste de préférence" et, souvent, ajoutent une évaluation - différente de la première liste (intelligence sincère) - de la force du consensus (voyez Aubagne, voyez Montreuil etc, sur ce site)

    amitiés

    andré, particpant au collectif agglo du Havre, "non encarté".

  • Le bien étrange acharnement haineux à l’égard de MGB et du parti communiste fait tomber les masques de nombre de "révolutionnaires" qui s’expriment ici est révélateur de la panique qui s’est emparée du PS et de notre bel occident de voir aboutir l’union de la gauche anti-libérale en France. Alors tous les moyens sont bons, les coups bas, jusqu’aux plus vils, dignes des méthodes manipulatrices de services auxquels certains émargent, ce qui ne surprendra personne.
    Comme le disait fort bien un intervenant ce jour "Même si Marie George est à mes yeux celle qui est vraiment à la hauteur, je crois que si sa candidature met en péril l’unité, elle saura se retirer mais de grace, il faut que cesse cet anticommunisme qu’on sent parfois dans certaines interventions. VOIR SES CAMARADES AVEC LES YEUX DE LA PROPAGANDE DE SES ENNEMIS N’EST PAS SUPPORTABLE".
    Tzigane