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Dérapages racistes au PS de Metz ? La Diversité demande des explications

Publie le samedi 22 novembre 2008 par Open-Publishing
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Les périodes d’élections laissent souvent place au plus inattendu. La bataille qui règne au Parti Socialiste ne se joue pas qu’à sa tête, au niveau local on peut aussi constater des tensions. Marguerite Tschombe, militante socialiste, candidate au poste de premier secrétaire de la section Metz Nord a pu en faire les frais. Chose surprenante, les propos racistes et sexistes dont a été victime la militante socialiste n’émaneraient pas seulement de simples militants, mais aussi d’un élu socialiste de la ville.

Marguerite Tschombe en est encore toute retournée, l’émotion s’entend à sa voix lorsque nous l’interviewons. Cette mère de famille messine d’origine congolaise, engagée au Parti Socialiste, s’exprime sur un sujet grave : le racisme. Lorsqu’elle s’est portée candidate pour le poste de Secrétaire de section pour le secteur de Metz Nord, jamais elle n’aurait imaginée être la cible d’attaques virulentes.

« Je n’ai pas vraiment fait campagne, je le reconnais. Je me suis présentée pour m’engager d’une autre façon et pour mesurer l’importance de mes actions au sein du PS » nous dit-elle d’emblée. Pour quelqu’un qui n’a pas fait campagne, Marguerite Tschombe a obtenu 33 votes (soit 22% des voix) face à ses adversaires. Un résultat qui ne lui permet pas d’être au second tour mais qui lui permet de montrer sa capacité à mobiliser autour d’elle. Un score très correct lorsque l’on sait qu’elle aurait pu faire jouer ses connaissances qui auraient pu lui apporter leurs soutiens.

Une candidature qui gêne ?

La représentation de la diversité française dans les instances politiques a encore un long chemin à faire, pourtant nombreux sont les militants issus de la Diversité qui s’investissent dans les partis. « J’étais au Congrès de Reims, le week-end dernier lorsqu’un élu* a tenu à mon égard des propos à caractère racistes et sexistes. On m’a accusé de vouloir faire jouer ma couleur de peau, jamais ! Je n’ai aucune ambition personnelle, la preuve j’aurais pu communiquer sur ma candidature de façon beaucoup plus développée ».

Par respect, notre Rédaction fait volontairement le choix de ne pas diffuser les propos qui lui ont été rapportés. Les mauvaises langues agiteront la carte du racisme en cette période d’élections socialistes, tel est leur droit. Il n’en demeure pas moins que de pareils comportements dans un parti où l’on trouve des membres créateurs de l’association SOS Racisme, peuvent en laisser perplexe plus d’un.

« Que l’on m’attaque sur mes points de vues, je suis d’accord. Mais que l’on s’attaque à mon intégrité physique je ne l’accepte pas. J’en suis toute retournée, on ne peut pas laisser tout dire ! Je suis fière de ce que je suis, je suis fière d’être noire et je n’ai pas à en avoir honte ! C’est bien pour ça que je ne peux pas l’accepter. Et puis de tels propos sont passibles de sanctions pénales. »

Pour calmer la situation et pour en discuter, Marguerite Tschombe a sollicité Dominique Gros pour une rencontre et pour s’expliquer. Une occasion qu’elle n’a pas à l’heure actuelle pu avoir.

Challenger avant tout

Malgré cette situation délicate, Marguerite Tschombe est ravie de ses résultats. « Je suis fière de mon score, j’aurais pu faire une autre campagne et qui sait j’aurais pu faire mieux. Pour le second tour, j’aimerai bien que mes voix se reportent sur la candidature de Monsieur Lamirand ».

Blessée par les propos qui lui ont été portés, c’est particulièrement surprise qu’elle s’interroge sur les commentaires qu’elle a eu le soir du dépouillement des votes. « On ne pensait pas que tu avais des chances. », « Sacré score Marguerite ! Jamais j’aurai cru que tu ferais autant ». Comment faut-il interpréter ces affirmations directement sorties de la bouche de militants socialistes ? Encore sous le choc, elle en arrive à se demander si ces réactions sont le reflet de tristes mentalités.

Marguerite Tschombe est bien décidée à ne pas se laisser faire, « je porterai plainte s’il le faut ! » Du côté du PS, deux options nous sont offertes : le silence radio ou les messageries de répondeurs téléphoniques. Les témoignages de certains militants qui requièrent l’anonymat vont dans le sens de la victime. « J’ai appris hier soir qu’il s’est passé quelque chose à Reims entre Marguerite et un élu de Metz*. Il parait même qu’en retour, elle l’aurait frappé. De toute façon c’est compliqué comme histoire. L’élu va forcément être protégé par le parti. Si elle (Marguerite Tschombe) porte plainte, elle a complètement raison pour le principe », nous a déclaré un militant.

« Le racisme est partout, il ne faut pas être hypocrite. Certains ne supportent pas la compétition et pour déstabiliser ils vont jouer sur ces registres. C’est triste mais ça existe » nous a carrément affirmé un élu.

A l’heure où nous publions cet article, nous apprenons que l’association Cap Diversité va adresser une correspondance à Dominique Gros, ancien Secrétaire de la section Metz Nord et actuel Maire de Metz, pour obtenir des précisions quant aux propos tenus par l’élu concerné et pour réclamer, s’ils sont avérés, des sanctions.

*Nous ne révélons volontairement pas l’identité de l’élu incriminé

 http://www.basango-lesnouvelles.com/spip.php?article1260

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