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Des chômeurs portent plainte à Bordeaux, encouragés par la décision de Marseille

Publie le mercredi 21 avril 2004 par Open-Publishing
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« Tout cela m’effraie. Maintenant, il va falloir suivre » : Gérard
Boulanger, avocat des 112 chômeurs qui attaquent en justice l’Assedic
Aquitaine, se dit « dépassé » par un « raz de marée ». En une seule journée, 37
coups de téléphone ont inondé son cabinet. Le jugement de Marseille, qui
donne raison à 35 « recalculés » (Libération du 16 avril), donne des ailes aux
chômeurs d’Aquitaine. « Les standards explosent. On ne sait pas comment on va
faire. On passe notre temps à répondre au téléphone », indiquait Patrick
Gimond, le porte-parole de l’Association pour l’emploi, l’information, la
solidarité des chômeurs et des précaires (Apeis), lors d’une conférence de
presse, lundi à Bordeaux, aux côtés de la CGT Chômeurs, d’AC ! et du MNCP,
le Mouvement national des chômeurs précaires.

« Vendus ». Béret noir vissé sur la tête, orné d’un autocollant où il est
écrit « Colère » en lettres rouges, Patrick Gimond s’avoue « débordé ». « Nous
sommes trop sollicités. Notre travail perd en qualité. On est obligés de
recevoir les demandeurs d’emploi collectivement dans une salle », lâche-t-il.
La trentaine de « copains » bénévoles de l’association ne sait plus où donner
de la tête. Au local d’AC ! Gironde, même scénario. Le téléphone sonne sans
arrêt. Mais pas de quoi effrayer Annette, 54 ans, militante bénévole, avec
les rondeurs rassurantes d’une bonne maman : « On encourage les chômeurs à
porter plainte. On leur dit qu’ils ne sont pas seuls. Enfin, les chômeurs
ont l’espoir de retrouver leur dignité. » Le jugement de Marseille, c’est une
« victoire juridique et politique. Pour la première fois, on fait plier le
dos au Medef et à la CFDT, ce syndicat de vendus », explique Annette, sympaA
l’occasion de la conférence de presse, Christian, 55 ans, un recalculé,
ex-cadre dans le transport aérien, en situation précaire depuis dix ans, lance un appel à
ceux « qui ont des couilles » pour qu’ils se réunissent, parce que c’est
« inacceptable que l’organisme chargé de nous aider nous file un deuxième
coup de bambou ». Elisabeth, autre recalculée, mariée, deux enfants, prend
ensuite la parole. Elle porte plainte pour « retrouver sa dignité » et n’a pas
le coeur à plaisanter. La suppression de sept mois d’allocations, c’est
comme une « punition », celle de « ne pas avoir retrouvé du travail ».

« Béton ». Le 28 avril, le tribunal d’instance de Bordeaux va se pencher sur
le cas de 112 chômeurs qui ont assigné l’Assedic en justice. Une première
vague, 250 dossiers ayant déjà été constitués. Gérard Boulanger, qui les
défend, se veut « confiant » : « Notre combat juridique est béton. » Dans les
associations de chômeurs, on ne veut pas en rester là. On veut des
négociations « sérieuses ». « L’Unedic n’est plus adaptée à notre société »,
estime Patrick Gimond, qui réclame « une gestion quadripartite (Etat,
patronat, syndicats, associations de chômeurs) et une indemnisation minimale
de tous les chômeurs qui ne soit pas inférieure au Smic ». En attendant, il
faut sonner le rappel pour le 28 avril. Devant le palais de justice, les
associations espèrent faire nombre. Persuadées que la victoire de Marseille
ne restera pas unique.

Liberation

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