Des milliers d’étudiants défilent contre la loi Pécresse

de Albert Laurence

Selon l’Unef, près de 40.000 étudiants auraient défilé hier aux côtés des cheminots et des fonctionnaires contre la loi Pécresse et le budget 2008. Nicolas Sarkozy a réaffirmé qu’il ne reviendrait pas sur la réforme.

Satisfaction dans les rangs des organisations étudiantes (SUD, Collectif contre l’autonomie, Unef...). L’appel à la mobilisation lancé hier contre la loi Pécresse et le budget, annoncé comme le point d’orgue d’une semaine décisive, a été plutôt bien suivi par les étudiants. Plus d’une quarantaine de sites - 39 selon le ministère, 44 selon l’Unef - étaient perturbés à des degrés divers (fermeture, blocages), un chiffre en hausse continue depuis deux semaines. Jusqu’alors peu prompts à battre le pavé, les étudiants sont également descendus dans la rue. On est évidemment très loin des records du CPE, mais, selon l’Unef, 40.000 étudiants auraient défilé aux côtés des fonctionnaires et des cheminots pour réclamer la réforme - ou l’abrogation - de la loi Pécresse ainsi que « du fric pour les facs ».
Deux nouvelles dates

En dépit des appels de leurs syndicats, la contestation n’a pas rallié les enseignants-chercheurs mais elle se propage dans les lycées : selon le syndicat lycéen UNL, une dizaine d’établissements étaient bloqués hier à Paris alors que, selon la FIDL, une « centaine » de réunions d’informations ont été organisées.

Les étudiants ont également reçu, une nouvelle fois, le soutien du PS. Y compris de Ségolène Royal : « Je dis au gouvernement qu’il ne faut pas gâcher cette bonne réforme, c’est-à-dire qu’il faut l’accompagner des moyens nécessaires », a-t-elle indiqué hier.

Reste à savoir quelle peut être la suite du mouvement, qui entre désormais dans sa troisième semaine. Pour maintenir la pression, les organisations appellent à « amplifier la mobilisation » après l’« étape satisfaisante » d’hier et ont inscrit deux nouvelles dates dans le paysage : outre la journée de demain, une nouvelle coordination étudiante se tiendra dimanche à Lille. Elles attendent aussi de connaître l’issue de l’intersyndicale de la fonction publique, aujourd’hui. Dans le même temps, le président de l’Unef, Bruno Julliard, a réitéré hier sa demande de « vraie négociation », à laquelle la Rue Descartes a déjà opposé, lundi, une fin de non-recevoir, arguant qu’elle a déjà eu lieu en juin.

La ministre de l’Enseignement supérieur, qui continue de camper ferme sur ses positions, a reçu hier l’appui de Nicolas Sarkozy. Le président de la République a déclaré devant les maires de France qu’il ne « reviendrait pas » sur la réforme de l’université. « L’autonomie des universités, on l’espérait depuis si longtemps », a-t-il martelé. « Nous sommes inquiets de voir que le gouvernement refuse de répondre à nos demandes de négociation et joue la carte du pourrissement. C’est un jeu dangereux, alors que les lycéens commencent à se mobiliser », a réagi Sophie Binet, vice-présidente de l’Unef.

http://www.lesechos.fr/info/france/4651402.htm