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Des milliers de Colombiens manifestent contre les paramilitaires

Publie le vendredi 7 mars 2008 par Open-Publishing
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de Marie Delcas

Consuelo Ramirez, 69 ans, tient sur sa poitrine le cadre doré dans lequel, depuis vingt et un ans, jaunit la photographie de son fils. "Moi, je ne sais rien de la politique. On m’a dit qu’il avait des idées à gauche. Vous trouvez que c’est une raison pour assassiner les gens ?", interroge-t-elle de sa voix frêle.

Consuelo est descendue dans la rue, jeudi 6 mars à Bogota. Autour d’elle, banderoles et photos évoquent le "génocide" de l’Union patriotique - un mouvement de gauche décimé dans les années 1980 -, les massacres des groupes paramilitaires d’extrême droite et les milliers de victimes du conflit armé colombien. Comme elle, syndicalistes, étudiants, paysans, indigènes, journalistes, universitaires sont là pour dire leur solidarité.

A Bogota et dans les principales villes du pays, des centaines de milliers de personnes ont répondu à l’appel du Mouvement des victimes de crimes d’Etat. "C’est une manifestation de solidarité avec les 4 millions de déplacés, les 15 000 disparus et les milliers de victimes des paramilitaires qui gisent dans des fosses communes", explique Ivan Cepeda, fils d’un sénateur assassiné en 1994.

"URIBE, LE PEUPLE EST EN COLÈRE"

Les partis d’opposition et des dizaines d’organisations sociales et de défense des droits de l’homme avaient également appelé à la manifestation. "Mais nous n’avons pas compté avec le battage médiatique qui avait précédé la manifestation du 4 février contre les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie)", souligne un manifestant.

En accusant les organisateurs d’être manipulés par la guérilla, José Obdulio Gaviria, conseiller du président Alvaro Uribe, a provoqué une vive polémique. "Il est indigne de penser que les victimes des paramilitaires pèsent moins que celles des FARC", affirme la sénatrice Gina Parody, de la majorité présidentielle, venue manifester.

"C’est absurde de penser que la manif du 4 février était une manifestation de droite et celle du 6 mars une manifestation de gauche. Nous devons protester contre toutes les violences", assure Hernando Escobar, un jeune journaliste qui a participé aux deux manifestations. Jeudi, l’opposition dominait dans les rangs. "Uribe, paramilitaire, le peuple est en colère", crient des manifestants. "Président Correa, c’est pas nous, c’est le "para" Uribe qui l’a fait", scandent d’autres, en allusion à la récente incursion militaire en territoire équatorien. "Ce n’est pas le sujet aujourd’hui. Je suis là parce que je ne veux pas oublier tous mes collègues assassinés", confie l’universitaire Claudia Sampedro.

http://www.lemonde.fr/ameriques/art...

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