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Des syndicats en retraite ? (c’est la droite qui le pense)
Publie le mardi 16 février 2010 par Open-Publishing9 commentaires
Voilà ce qu’écrit Philippe Bilger sur son blog :
Des syndicats en retraite ?
J’ai écouté Bernard Thibault sur France Inter au matin d’une journée consacrée à une discussion sur les retraites entre les partenaires sociaux, à l’Elysée (Le Monde, Le Figaro, Le Parisien).
L’atmosphère a changé. Je ne parle pas du fond des revendications et des réponses gouvernementales. Je fais allusion à l’ambiance générale. D’où vient ce sentiment d’une sorte de décrispation dans le langage, d’une forme plus apaisée comme s’il y avait moins de lutte des classes et plus d’avenir possible en commun ?
J’essaie de me revoir il y a des années, quand la phraséologie révolutionnaire, le maximalisme et l’obsession d’obtenir avec des manifestations ce que l’Etat avait déjà concédé de bonne grâce m’exaspéraient comme, je le crois, beaucoup de mes concitoyens. Quand cette frénésie s’est-elle muée en un discours aspirant autant au sens des responsabilités aujourd’hui qu’à la démesure hier ?
Il me semble qu’on pourrait analyser la multiplication des actions dissidentes, des violences improvisées, l’émergence d’un syndicalisme sauvage se méfiant des appareils et du réformisme, l’irruption de "briseurs" plus soucieux d’un jusqu’au boutisme que d’un compromis même avantageux, comme une prise de conscience diffuse de la métamorphose des syndicats officiels, "représentatifs", et la volonté de faire perdre à ceux-ci toute légitimité véritable - celle qui ne naîtrait que de l’affrontement et du refus.
Il apparaît aussi que les personnalités n’y sont pas pour rien. Quoi de commun entre le Conti volcanique Mathieu et Bernard Thibault, qui s’efforce à la fois de maîtriser l’imprévisible et d’être un homme d’ordre pour que la CGT soit respectée, et de menacer du désordre pour qu’elle soit crainte ? Quoi de commun entre les leaders syndicaux d’aujourd’hui et ceux d’hier qui n’étaient effrayés par aucune inféodation politique et pour lesquels la loi de la grève avait une force supérieure à tout ? Je me souviens d’un déjeuner, sous l’égide de Paul Wermus, avec Jean-Claude Mailly dont j’avais pu apprécier, certes dans un cadre restreint, l’intelligence, la finesse et la capacité de dialogue. Il était clair qu’avec des responsables comme lui, l’Etat ne perdrait jamais son temps en privilégiant la négociation sur le coup de force. Cette différence sensible entre les figures emblématiques du passé et celles du présent ne signifie pas nécessairement que celles-ci ont abandonné "les journées d’action", les débrayages et autres mouvements collectifs. Peut-être leur nombre s’est-il même accru mais leur tonalité n’est plus la même. On ne veut plus "casser la baraque" mais s’offrir un prélude aux choses sérieuses, un galop syndical comme il y a des galops d’essai. La grève qui était une fin est devenue un commencement : ce n’est plus une déchirure, une rupture mais une ouverture.
Il serait injuste de ne pas retenir comme cause fondamentale de cette révolution paisible la politique de dialogue mise en oeuvre depuis 2007. Certains ont cru seulement à une manoeuvre vieille comme le monde : en embrassant les syndicats, on allait les étouffer. En leur sein même, des oppositions se sont manifestées qui ont pointé le danger d’une promiscuité, d’une connivence trop ostensibles par rapport à l’intransigeance prétendue obligatoire de la tactique revendicative. Il n’empêche que cette manière de respecter les syndicats au-delà même de ce qu’ils pouvaient espérer dans leurs rêves les plus fous, même s’ils proclament ne pas être dupes, a accentué et rendu décisif un mouvement qui, peu ou prou, a fait perdre ses griffes à la violence révolutionnaire, rendu la réforme acceptable, sorti le compromis de la honte et constitué la démocratie comme une table ouverte. Si quelques-uns, comme Olivier Besancenot par exemple, continuent de "ruer dans les brancards" en affichant un extrémisme qu’ils sentent décalé et dépassé, cela ressemble fort non pas à une promesse d’avenir mais à la volonté désespérée et furieuse en même temps de maintenir encore en vie un fragment archaïque et épique d’un syndicalisme passé de mode.
J’espère que jamais le pouvoir politique ne sera assez maladroit pour faire prendre aux syndicats leur nouvelle sagesse pour de la faiblesse, pour une retraite.
Messages
1. Des syndicats en retraite ? (c’est la droite qui le pense), 16 février 2010, 10:06, par Mengneau Michel
Certains ont cru seulement à une manoeuvre vieille comme le monde : en embrassant les syndicats, on allait les étouffer.
C’est ce qui c’est passé et cela a réussi. D’ailleurs le baiser devait en plus être anesthésiant car non seulement les instances dirigeantes des syndicats ont été étouffées en plus ils se sont endormies. Heureusement que la base se secoue un peu plus, sinon se serait : Salut mon camarade, ça ne te gêne pas de trop qu’on augmente la durée des retraites ? et l’autre de répondre : Pour marquer le coup, on fera une balade roborative entre la Nation et Bastille, puis on retournera se coucher...
Le pire c’est que le gignol qui a écrit cet article se satisfait de cette situation et traite Besencenot de ringard car il ose encore lever le poing...on est pas pret d’y arrivé avec une politique apparente de consensus qui entube bien profondément le prolétaire !
2. Des syndicats en retraite ? (c’est la droite qui le pense), 16 février 2010, 10:18, par Jak
"J’espère que jamais le pouvoir politique ne sera assez maladroit pour faire prendre aux syndicats leur nouvelle sagesse pour de la faiblesse."
Bravo à Philippe Bilger qui dans sa conclusion vient de résumer ce que pense la droite du syndicalisme d’accompagnement, version 2009 et peut-être 2010....
On y perçoit bien un mélange de satisfaction dans "leur nouvelle sagesse", ce qu’il avait appelé au début de son article "une forme plus apaisée comme s’il y avait moins de lutte des classes et plus d’avenir possible en commun", donc un mélange de satisfaction et de crainte que le pouvoir politique soit si "maladroit" que les syndicats prennent conscience qu’il s’agit de "faiblesse."
Oui, merci à Philippe Bilger, ses craintes sont fondées et son article sert effectivement à démontrer ce que l’auteur redoutait.
Ce que la bourgeoisie craint par dessus tout, c’est un syndicalisme de classe et de masse qui soit en mesure d’imposer un rapport de force qui fasse reculer ses représentants politiques face aux travailleurs.
Alors Ph. Bilger se lâche un peu et utilise toutes les grosses ficelles qui consistent à dépeindre le syndicalisme de classe comme "un fragment archaïque et épique d’un syndicalisme passé de mode." Vieille ficelle destinée à faire croire qu’il existe de mauvaises manières rustiques qu’un homme moderne se doit de ne plus utiliser.
Comment discréditer ce syndicalisme de classe, tant redouté ? En le disqualifiant par sa violence "violences improvisées", "syndicalisme sauvage", "Quoi de commun entre le Conti volcanique Mathieu et Bernard Thibault" mais également en le faisant passer pour stupide.
Il suffit de lire Ph. Bilger : "Je me souviens d’un déjeuner avec Jean-Claude Mailly dont j’avais pu apprécier l’intelligence, la finesse et la capacité de dialogue.Il était clair qu’avec des responsables comme lui, l’État ne perdait jamais son temps.."
Ce qui signifie qu’avec les autres, l’Etat perd son temps car ils sont stupides, manquent de finesse et n’ont aucune capacité de dialogue.
Enfin, la vision que la droite a de ces journées d’action de 24h est parlante : "Peut-être leur nombre s’est-il même accru mais leur tonalité n’est plus la même,..., un galop syndical comme il y a des galops d’essai."
On croirait entendre en écho :"Dorénavant, quand il y a une grève, ça ne se voit même plus !"
Tout cela pourrait être vrai, pourrait être juste. Mais les faits démontrent le contraire.
Un seul exemple, sur la plate-forme de revendications signée par le G8 syndical en 2009, qu’avons-nous obtenu de sérieux ?
RIEN.
Pourtant le 19 mars, 3,5 millions de manifestants, 70 % de la population qui soutient le mouvement et ses revendications, l’exemple de la victoire du LKP dans les têtes, et en fait, il s’agissait juste "d’un galop d’essai", "la grève n’est plus une déchirure, une rupture mais une ouverture" selon Ph. Bilger.
Alors si la droite comme Ph.Bilger "espère que jamais le pouvoir politique ne sera assez maladroit pour faire prendre aux syndicats leur nouvelle sagesse pour de la faiblesse", nous sommes sûrement quelques-uns à "espérer que le mouvement social sera assez fort pour faire prendre conscience aux syndicats que leur nouvelle sagesse n’est que de la faiblesse face au pouvoir de la bourgeoisie.
P.S. : à tous ceux qui viendraient faire croire qu’on "s’en fout de ce que pense la droite " ou qu’il "s’agit d’une manœuvre de division" ou encore "allez plutôt lire ce qu’a écrit la CGT", NON, SVP, ne mettez pas la tête dans le sable, lisez ce que pense la droite des syndicats aujourd’hui et décidez-vous sur ce qu’il faut vraiment faire pour , enfin, gagner.
Jak
1. Des syndicats en retraite ? (c’est la droite qui le pense), 16 février 2010, 14:27
l était clair qu’avec des responsables comme lui, l’État ne perdait jamais son temps.."
C’est sûr que quand l’Etat ne perd pas son temps ce sont les syndiqués qui perdent le leur. Et pas que leur temps...
Il es temps surtout que les dormeurs se réveillent. Au moins pour comprendre comment ils vont se faire bouffer.
G.L.
3. Des syndicats en retraite ? (c’est la droite qui le pense), 16 février 2010, 11:48, par Buenaventura
Tu roules pour qui , parisot non !
1. Des syndicats en retraite ? (c’est la droite qui le pense), 16 février 2010, 12:18, par Jak
Si tu t’adresses à moi, sois plus explicite s’il te plaît.
Je ne comprends pas ce qui te permet de dire ça.
Jak
2. Des syndicats en retraite ? (c’est la droite qui le pense), 16 février 2010, 13:59, par (k)G.B.
Si tu regardes bien, Jak, tu verras qu’il s’adresse au billet d’origine. ;)
(k)G.B.
3. Des syndicats en retraite ? (c’est la droite qui le pense), 16 février 2010, 14:00, par (k)G.B.
Enfin, à son auteur du moins.
4. Des syndicats en retraite ? (c’est la droite qui le pense), 16 février 2010, 14:13, par pilhaouer
BILGER est de droite, ce n’est un secret pour personne ! D’où l’intérêt de son billet car on y voit clairement qui roule pour qui !
5. Des syndicats en retraite ? (c’est la droite qui le pense), 16 février 2010, 18:02, par Jak
Oui, K.G.B., j’espère effectivement qu’il s’adressait en fait à Ph. Bilger.
Si je ne me trompe pas c’est un ancien magistrat, avocat général, qui dans les institutions bourgeoises a toujours servi avec zèle la justice de classe.
Il me semble qu’il a déclaré être proche de l’UMP ou qu’il était sur une de leur liste dans son patelin d’origine pour les élections municipales, enfin, j’en suis pas sûr.
Jak