Accueil > Désengagement : Opération médiatique au service de l’occupation

Désengagement : Opération médiatique au service de l’occupation

Publie le vendredi 9 septembre 2005 par Open-Publishing

de Ali Samoudi

Les épisodes de la comédie de l’’évacuation de Sanour et Homesh. L’occupation rassemble les colons et mobilise l’opinion internationale

Les épisodes de la comédie de l’évacuation israélienne des colonies, concoctée par les appareils de la sécurité israélienne, au fil de ces derniers mois, pour tromper l’opinion publique internationale et la communauté internationale, se sont achevés.

Tout au long de la campagne israélienne qui a réussi à mobiliser tous les médias, l’occupant à tenu à parler de retrait israélien du nord de la Cisjordanie bien que les colonies visées se trouvent dans la province de Jénine, et que la colonisation israélienne se poursuit dans cinq autres colonies et plusieurs casernes.

L’occupation a facilité la route des colons

Alors que les Palestiniens sont occupés à multiplier les déclarations décrivant le retrait comme une débâcle et le fruit de la résistance et du sacrifice palestiniens, les forces de l’occupation, qui n’ont trouvé aucune difficulté à évacuer les quatre colonies, lâchent la bride aux colons extrémistes en les faisant entrer dans les colonies de Homesh et Sanour, afin de dire au monde entier que les colons les plus extrémistes se sont rassemblés dans ces deux colonies pour faire face aux décisions du gouvernement, qui a décidé de réprimer ces colons et exécuter la décision par la force.

Ainsi, le monde s’est de nouveau préoccupé par les affrontements et les conséquences auxquelles le gouvernement de Sharon devra faire face, pour exécuter son plan, oubliant les souffrances des propriétaires de la terre, les Palestiniens dont les terres leur avaient été arrachées, et qui ont vécu pendant plus de 30 ans endurant la terreur des colons. Le monde a également oublié les mesures implacables imposées par l’occupation sur les milliers de Palestiniens vivant dans les villages voisins des colonies, qui ont dû subir, pour l’évacuation, la fermeture entière de leur région et des routes, et l’interdiction aux Palestiniens de les utiliser pendant un mois entier. Au même moment, pendant que l’Autorité Palestinienne mobilisait les forces de la sécurité générale et la police de toutes les provinces, comme le dit le gouverneur de Jénine, Qaddoura Mousa, pour les disposer dans les colonies qui seraient évacuées, alors que des mesures précises sont organisées pour l’arrivée des forces palestiniennes, arrivées de fait le jeudi matin (700 soldats et policiers palestiniens, selon l’accord avec les Israéliens), "nous avons été surpris, dit Moussa Qaddoura, par la remise en cause de l’accord par les Israéliens, les responsables du gouvernement israélien déclarant que les colonies évacuées seraient sous la domination de l’armée, et après l’évacuation des colonies, celles-ci seraient transformées en casernes de l’armée de l’occupation".

Les déclarations israéliennes

Le commandant palestinien de la région de Jénine, Abul Fateh, a affirmé l’existence d’un accord officiel palestino-israélien où les forces de la sécurité palestinienne prendraient possession des colonies, disant : "selon cet accord, nous avons organisé une force spéciale composée de toutes les provinces, pour se déployer dans les colonies, en attendant de prendre une décision politique à leur propos". Mais le directeur de la liaison avec les forces de l’occupation, Fouad Hlayhel a déclaré aux journalistes que les instructions reçues de la part de la direction israélienne affirment que les colonies seraient sous la domination de l’armée de l’occupation, qu’elles resteraient soumises à la domination sécuritaire israélienne totale", mais qu’il n’écartait pas la possibilité d’un changement de décision en fonction des contacts et des accords ultérieurs.

Sur le plan palestinien, toutes les forces politiques de Jénine continuent à se préparer pour célébrer le retrait israélien, plusieurs réunions ont eu lieu, avec la participation de toutes les forces nationales et islamiques, décidant d’agir en même temps.

Le scénario israélien

Sur le terrain, les forces de l’occupation ont déclaré l’évacuation totale des deux colonies Ganim et Kadim, sans qu’il y ait eu des affrontements. Les forces de l’occupation ont alors démoli ces deux colonies, rasé toutes les maisons et les constructions israéliennes, mais il est fut autrement pour Homesh et Sanour. Après une importante campagne publicitaire réussie, des centaines de journalistes et tous les médias se sont précipités vers la région, devenue une grande caserne militaire. Plusieurs commentateurs ont réalisé que la scène à Homesh et Sanour était conçue pour susciter l’opinion internationale, car jusqu’à la dernière minute, les forces de l’occupation ont autorisé les colons extrémistes à entrer dans ces deux colonies, bien qu’elles auraient pu fermer toute la zone. Mais la suite de la comédie pouvait être dévoilée et faire perdre à Sharon sa crédibilité, c’est alors que les responsables israéliens ont commencé à déclarer aux médias à propos de la présence d’un noyau dur à l’intérieur des colonies qui se préparait à de violents affrontements avec l’armée, le commandant israélien de la région centrale déclarant même que les soldats ayant fui le service militaire, et ceux qui sont accusés d’avoir aidé le soldat criminel responsable du massacre de Shefa’Amr se trouvent à l’intérieur de la colonie, ce qui représenterait un danger pour les Palestiniens et l’armée de l’occupation.

Et pour mettre au point cette comédie, les soldats de l’occupation ont lâché la bride aux colons les derniers jours avant l’évacuation, leur permettant de commettre plusieurs agressions et attaques contre les Palestiniens, et par conséquent, d’avoir quelques affrontements avec l’armée de l’occupation, qui a tenu à montrer qu’elle se souciait de la sécurité des Palestiniens. Ces événements ont attiré les médias, accourus vers la région et avant lundi matin, le jour de l’évacuation, ils étaient tous là.

Les forces de l’occupation ont occupé une station service appartenant aux Palestiniens, proche de la colonie de Sanour, et l’ont transformée en caserne militaire. Lundi, à midi, les préparatifs israéliens de la mise en scène se poursuivaient, répartissant les médias, l’armée et les policiers, avec des déclarations des responsables israéliens affirmant qu’un grand danger guetterait les forces de la sécurité (israélienne), car les colons s’étaient préparés à l’affrontement suprême. A 17 heures, après avoir déployé les divers organes médiatiques, les forces spéciales israéliennes conçues pour l’évacuation se sont mises à avancer vers les colons. Une armée impressionnante, plus de 10.000 soldats et policiers, ont encerclé les colons. Ces derniers avaient fermé les entrées des deux colonies avec des pneus enflammés, semant des clous sur les routes. Mais d’un coup, les bulldozers ont investi Sanour et Homesh.

Echec du premier épisode

Les médias ont suivi, minute par minute, le déroulement de la comédie, les journalistes et photographes étaient tendus, avec le compte à rebours. Les déclarations israéliennes avaient donné l’impression que les affrontements avec les colons étaient imminents, mais le scénariste israélien a échoué, les colons se sont repliés à l’intérieur de la mosquée transformée en synagogue, à l’intérieur des maisons et sur les toits, à Sanour et à Homesh. Du coup, les forces de l’occupation sont entrées sans résistance, ôtant les pneus et les clous.

Deuxième épisode

Le porte-parole de l’occupation a repris son scénario, disant que le danger n’était pas encore écarté, car les colons se prépareraient à une bataille à l’intérieur de la colonie. Les policiers avançaient doucement, et le public était tendu. Le journaliste d’al-Manar, Dhib Hourani, a déclaré : les forces israéliennes rassemblées auraient pu terminer l’évacuation en cinq minutes" et cela est suffisant pour montrer que les épisodes de la comédie jouée devant l’opinion internationale, via les médias, ne visaient qu’à allonger leur durée. Hourani ajoute : "les lieux où se sont repliés les colons n’étaient pas défendus, il aurait été facile de les prendre et d’y arriver, mais la police a voulu faire croire, en déployant toute cette force, qu’elle se préparait à une bataille décisive, se contentant de son déploiement au cours de cet épisode".

Troisième épisode

Afin de faire durer la comédie, les forces de l’occupation ont fait entreprendre aux policiers plusieurs manoeuvres, des unités se repliant, d’autres se déployant, afin de faire croire qu’elles sont en train de renforcer les unités prêtes à l’assaut. Les policiers ont alors démoli les tentes que les colons avaient montées, avant de monter sur les toits pour répéter leurs prières et leurs slogans hostiles. La police a alors évacué les colons qui s’étaient enfermés dans la mosquée transformée en synagogue et les maisons voisines. La remarque la plus importante, comme l’affirme le journaliste Ali Daraghme, est que les colons, lors de l’évacuation, n’ont montré aucun signe de résistance, aucun signe de violence, ils sont montés tranquillement dans les bus, qui les a transportés, pendant que les médias s’attroupaient autour d’eux, leur montraient de l’intérêt ; Au même moment, les dirigeants israéliens déclaraient leur doute sur le fait que l’opération d’évacuation était achevée, déclarant que ceux qui étaient à l’intérieur étaient encore plus extrémistes. Mais Daraghme ajoute : "il est clair que le comportement des colons ressemblait plus à un jeu sur scène, ils criaient, les policiers les regardaient, et il n’y a pas eu d’affrontements. La plupart remettait en cause les informations relatives aux préparatifs et aux moyens combatifs des colons que l’armée sioniste avait diffusées. Aucune violence n’a été relevée de la part de ces colons".

Fin de la comédie

Les médias se sont posés des questions et ont émis des doutes sur la nature de l’opération à laquelle ils ont été conviés à assister. Les médias arabes, surtout, ont réalisé qu’il s’agissait d’une comédie bien ficelée pour montrer la détermination de Sharon à faire appliquer ses décisions. La journaliste Sa’ida Hamad a déclaré : "Ce qui s’est passé à Homesh et Sanour est une comédie dont le but était de montrer que Sharon est un héros, afin d’en faire payer le prix dans la visite de Sharon aux Nations-Unies, afin de faire pression sur l’Autorité Palestinienne à laquelle il est demandé le démantèlement des armes de la résistance". Elle a ajouté : "Il n’y a eu aucun affrontement à l’intérieur de Sanour, les colons ont capitulé facilement et rapidement, l’opération aurait pu durer juste une heure, mais l’armée a voulu allonger le temps de la comédie pour monnayer cette victoire de Sharon".

Les derniers gestes de l’épisode final confirment cette impression. Lorsque les responsables israéliens furent mis au courant des déclarations des médias remettant en cause la véracité de l’opération, il fut donné l’ordre d’attaquer les derniers colons avec les jets d’eau avant de les rassembler dans les bus. L’armée s’est alors déployée dans les deux colonies, pour faire tomber les rideaux et commencer à utiliser la comédie sur tous les plans, politique et diplomatique.

Reste le paradoxe où plusieurs Palestiniens répètent encore la version israélienne et discutent encore du succès de Sharon dans l’évacuation des extrémistes qu’il avait pris bien soin de rassembler à Homesh et Sanour, quelques jours auparavant.

Ali Samoudi, Jénine - 7 septembre 2005

Traduit par Centre d’Information sur la Résistance en Palestine

http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=2488