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Discours prononcé par Marie-George Buffet / Voeux à la presse 16 janvier 2008

Publie le mercredi 16 janvier 2008 par Open-Publishing
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Voeux à la presse. Intervention de Marie-George Buffet

16 janvier 2008

Madame, Monsieur,

Chers amis,

C’est chaque année un rituel, une tradition, au point où la présentation des voeux finit parfois par devenir d’une dramatique monotonie.

Aujourd’hui, je sacrifie pourtant à la tradition. Et je vous adresse donc mes voeux avec d’autant plus de plaisir que je sais combien vous avez, dans vos activités, besoin de soutien. La concentration des médias entre quelques mains, les enlèvements souvent violents, les arrestations arbitraires, ou à un autre niveau les petites pressions entre amis, tout cela montre combien la liberté de la presse reste un combat.

Cette liberté, c’est celle de la presse à l’égard de l’Etat. Mais c’est aussi la liberté face aux manoeuvres de déstabilisation économique comme aux tentatives d’instrumentalisation politique. Les attaques contre la presse demeurent, tout en changeant parfois d’apparence ; j’en veux pour preuve le véritable mercato présidentiel consistant à nommer à de très hautes fonctions dans les médias, des proches où des collaborateurs du Président de la République.

L’information pluraliste est pourtant, plus que jamais, cet oxygène dont l’on a tant besoin. Et il est vrai que l’oxygène a tendance à se raréfier ces derniers temps. C’est pourquoi je veux saluer tous les efforts de l’Humanité et plus largement de la presse d’opinion pour assurer son développement.

Et à chaque instant où vous aurez besoin de résister ou d’agir, comme ce fut le cas aux Echos ces dernières semaines, au Monde en ce moment, vous aurez notre soutien. Nous savons trop bien qu’il ne peut y avoir de démocratie, de lutte, sans une presse libre et pluraliste.

Concernant le service public audiovisuel, je dirais que bien sûr, dans l’idéal, nous souhaitons la suppression de la publicité sur France Télévision. Mais avec la droite au pouvoir, nous avons tout à craindre d’une proposition-piège qui présage surtout l’assèchement puis la privatisation du service public audiovisuel. Aussi, en attendant que le gouvernement développe ses propositions, je dépose aujourd’hui une proposition de résolution afin de discuter, dans la plus grande transparence, du financement de l’audiovisuel public.

J’ai pu constater depuis l’année dernière qu’il était devenu à la mode pour les chouchous des sondages de s’attaquer à une « presse aux ordres », je ne souhaite pas rentrer dans ce jeu de dupe qui consiste à dénoncer pour exister.

Une presse de qualité, la presse dont on a besoin, c’est celle qui fait réfléchir et réagir. C’est l’information qui nourrit la contradiction, qui forme l’opinion. C’est dans ces moments là que la presse joue pleinement son rôle.

Aussi, je vous souhaite donc une année pleine de confrontations, de créativité, de critiques et de réussite.

En ce début d’année, vous l’avez constaté, le rythme de la vie médiatico-politique est déjà, je dirai même « encore », marqué par la cadence élyséenne.

Pour ce qui me concerne, ce n’est vraiment pas sur ce rythme que j’ai envie de danser.

Et pour être franche avec vous, le style présidentiel, les concepts lâchés au matin d’une conférence de presse, les ballons d’essai des 35 heures ou du plan Banlieues envoyés à l’opinion, tout cela ne vaut pas une édition spéciale. Et ce qui me préoccupe, c’est que ces derniers temps, on peut toujours faire des tartines sur le président mais dès qu’il s’agit de critiquer ses idées, tout devient plus difficile...

Je dirai pourtant qu’à la limite Nicolas Sarkozy n’a pas d’importance. C’est le mal qu’il fait à la France qui compte. C’est sa politique ultraréactionnaire et revancharde qui demain va changer en mal la vie des Françaises et des Français qui compte.

La droite ne se juge pas sur ses effets de manche. Elle se juge sur ses actes ; elle se juge sur un projet de société agressif.

Et ce que je vois, en effet, dans ma circonscription et ailleurs, c’est partout la même colère. C’est la colère de celles et ceux qui ont voulu croire en le président du pouvoir d’achat, comme de celles et ceux qui n’y ont jamais cru. C’est l’exaspération de ces salariés français qui sont parmi les plus productifs au monde. Tous et toutes à 1000 comme à 2000€ par mois, tous et toutes sont maintenant rassemblés dans la même galère. Tous et toutes sont réunis par la même réalité : celle des achats rognés et des petites économies qui à force deviennent de grands sacrifices. Celle des prix qui montent et des salaires qui ne bougent pas.

Et qu’ils soient du public ou du privé, jeunes ou plus âgés, ces salariés que la droite a voulu diviser portent les mêmes angoisses sur leurs visages. Je vois les mêmes parents inquiets pour l’avenir de leurs enfants, d’enfants pourtant qualifiés, plein d’idées et de volontés, et dont le potentiel est gâché par la précarité, l’incertitude, l’impossibilité d’entrer dans la vie active. J’écoute les mêmes salariés, malgré leurs différences, exposés aux mêmes suppressions d’emplois et aux mêmes pressions de leur hiérarchie, bridés dans leur engagement et leur volonté de s’épanouir au travail.

Et qu’ils veulent faire des heures sup’ ou profiter de leur temps libre, ces hommes et femmes que l’on a voulu opposer sont souvent en attente d’un logement. Et aucun d’entre eux ne pourra échapper à la franchise médicale et à l’explosion du coût de leurs mutuelles, tandis que les personnels soignants à l’hôpital sont asphyxiés. Avec la droite, on voit bien que quelque soient leurs différences, tous les salariés sont dans le même bateau. Et ce bateau est à des années lumière du confort du yacht de Monsieur Bolloré.

Narcissique ou pas, ce qui importe de Nicolas Sarkozy, c’est que l’on vit aujourd’hui plus mal encore que l’on vivait il y a six mois. Et avec ce qui vient de se décider sur le contrat de travail à la sauce MEDEF, -et je serai demain, avec les salariés de Citroën, devant l’usine d’Aulnay-sous-Bois pour dénoncer cette porte ouverte à toujours plus de précarité- . avec ce qui se trame sur les retraites, le temps de travail, l’Europe et la fin des services publics, tout cela justifie que nous appelions à d’immenses mobilisations pour cette nouvelle année.

On voit bien qu’une telle droite ne se commente pas ; elle se combat.

Elle se combat parce que l’on voit bien, et les Français en prennent conscience, que les choix qu’elle porte ne permettront pas de trouver une issue positive à leurs problèmes. Toutes les déclarations récentes du gouvernement montrent son profond désarroi face à la crise économique qui se profile, à se demander si dans l’avion il y a autre chose que le pilote automatique des tous puissants marchés.

Personne en France n’a pourtant élu ni ces marchés ni le MEDEF. Alors oui cette droite se combat.

Elle se combat dans les luttes ; elle se combat sur chaque thème de notre vie, en se donnant les moyens de faire émerger les fronts populaires et citoyens les plus larges, les fronts d’idées majoritaires à même de fragiliser petit à petit, sur les salaires et la santé, sur l’Europe et les services publics, toute la politique de casse du gouvernement. C’est en rassemblant largement sur ces problèmes concrets et les moyens d’y apporter des réponses justes et efficaces que nous pourrons aussi, à gauche, faire lever un autre espoir.

Et cette droite se combat dans les urnes. A l’approche des élections municipales et cantonales, il ne s’agit évidemment pas d’une séance de rattrapage des élections présidentielles. On n’a pas besoin d’une revanche, de jouer une consolante ou pire d’utiliser ce scrutin comme un marchepied pour 2012. L’enjeu, c’est bien les politiques qui seront menées dans les villes et les départements ; c’est bien de créer un maximum d’espaces de résistance à la droite : à gauche, nous saurons agir pour donner accès à un logement pour tous et toutes. A droite ils choisiront de construire ces grandes résidences de standing où aucun salarié moyen ne peut se loger.

A gauche, nous saurons faire confiance et aider l’intervention des citoyens en matière de démocratie participative, ; nous saurons encourager la vie associative ; nous saurons donner corps à une solidarité entre tous les habitants de nos villes. A droite ils sauront serrer la vis des associations locales et recouvrir nos villes de caméras de vidéosurveillance.

Et ce sont bien sur tous ces thèmes que nous allons porter le fer contre l’UMP et le MODEM.

Pour cela, vous le savez, les communistes militent pour un large rassemblement de toutes les forces et de toutes les énergies à gauche. Dans chaque ville, la gauche battra la droite en étant unie et bien décidée à porter un projet progressiste pour la vie locale.

Notre ligne est claire. Elle est partagée, dans une majorité de villes, par l’ensemble de la gauche. Elle doit permettre de lancer la dynamique dont la gauche a besoin. Et je veux croire, aujourd’hui, en notre capacité à lever l’espoir à gauche pour ces élections. J’entends bien Laurent Fabius qui déclare que « le rassemblement à gauche mérite qu’on fasse preuve de détermination ». J’entends bien François Hollande s’exclamer « le rassemblement à gauche bien sûr ! ». J’entends Ségolène Royal dire que « ce sera le mouvement qui fera gagner des mairies supplémentaires ». Tout cela pourrait me rassurer.

Et pourtant, dans le même temps je vois sur le terrain des candidats socialistes qui se tournent vers la droite et le MODEM. Je lis, encore dans le Monde ce week-end, que le PS est « tenté de partir à l’assaut des mairies communistes ». A se demander parfois qui du PCF ou de l’UMP est l’adversaire des socialistes des villes concernés. C’est le cas au Havre ou en préférant la division pour la première fois depuis quarante ans le PS fait le choix de laisser la mairie à la droite. C’est le cas à Vaulx-en-Velin. C’est le cas en région parisienne, à Corbeil-Essonnes, dans le Val-de-Marne et en Seine-Saint-Denis.

Au moment où chaque jour éclate une nouvelle mesure de régression sociale, sachons garder le cap. Ne nous laissons pas entraîner par le jeu des ambitions personnelles. Notre intérêt commun est de travailler dans l’intelligence, celle par exemple du maire de Stains Michel Beaumale, qui hier a rappelé toute la gauche de Seine-Saint-Denis à ses responsabilités. Et sachons nous concentrer sur l’essentiel : tous ces hommes et ces femmes, leur vie, leur bonheur.

C’est bien pour ces hommes et ces femmes, pas pour des ambitions étroites que l’on se bat.

Cette année 2008 sera donc pour le parti communiste, une année pleine ; une année volontaire ; une année de bouillonnement.

Vous savez, je vais vous faire un aveu, mais vous vous en êtes sûrement déjà rendu compte : les communistes sont des gens têtus. Et si nous avons pleinement conscience de nos difficultés, nous savons aussi que notre potentiel, avec nos militants, nos 13 000 élus, nos lien avec la population, est là.

Et surtout nous n’arrivons toujours pas à supporter les injustices de par le monde. Et nous les supportons d’autant moins que nous voyons tous les moyens à notre disposition pour assurer la réussite de chaque individu.

Nous voyons bien tous ces possibles entravés et qui pourtant nous permettraient, sans aucune difficulté, d’assurer une vie meilleure pour nos concitoyens, nos collèges, nos voisins.

Alors comme nous sommes incorrigibles, nous continuons le combat. Ils sont d’actualité.

Et nous le faisons en cherchant les voies et moyens permettant de renforcer l’audience des idées de changement, l’ambition d’une société émancipée de toute forme de domination, le projet d’une France à la pointe d’avancées de civilisation.

Ainsi de l’Europe. Il ne vous pas échappé qu’il y a deux ans, le peuple français a rejeté un projet de constitution européenne, qu’il l’a rejeté pour des raisons politiques profondes et qu’aujourd’hui le même traité, ou presque, sera imposé à notre peuple sans qu’il en soit saisi ni même débattu.

Et la preuve la plus éclatante de cette démocratie bafouée, c’est bien ce coup d’état qui pourrait être voté à Versailles le 4 février prochain. La crise de la démocratie, c’est d’abord ce pouvoir qui se permet d’aller contre la voix du peuple. C’est, je ne sais pas si l’on doit en rire, la garde des sceaux qui hier ose nous dire qu’en refusant que le Parlement se substitue au peuple, on participait je cite de « la déconsidération du Parlement ».

A ce titre, je tiens à me féliciter de la décision finale des 140 députés communistes, socialistes, radicaux et verts de voter hier le principe d’un référendum, lors de la discussion de la proposition de loi des députés communistes à l’Assemblée nationale sur ce thème.

Aussi, en début d’année, le PCF continuera d’exiger un référendum. Nous le ferons partout, sur les marchés en faisant signer les pétitions comme au Congrès. Et dans le même temps nous continuerons d’exiger que le gouvernement porte enfin, à Bruxelles, le Non du 29 mai 2005, et cette revendication d’une Europe sociale, démocratique et pacifique.

Et dans l’activité que nous allons déployer cette année, nous avons fait le choix d’une grande campagne sur l’argent, cet argent qui est partout sauf dans les poches des salariés, partout sauf pour financer l’école, la santé ou les retraites, partout sauf pour faire face aux grands besoins de l’humanité, partout sauf pour préparer notre avenir à tous et toutes.

Il s’agira d’aller à contre-courant de tous ces discours répétés inlassablement à la télévision, comme quoi il n’y aurait rien à faire face à cet argent qui domine le monde, comme quoi on n’aurait qu’à subir. Alors nous exposerons juste les faits. Et nous dirons comment tout simplement nous envisageons une autre façon de redistribuer l’argent et les pouvoirs, malgré cette mondialisation, pour qu’enfin les richesses du monde profitent à tous et toutes.

Alors je sais bien que nous allons provoquer un certain nombre de rires un peu moqueurs. « Les partageux sont de retour ». Je dirai juste qu’au vu de la crise de notre économie, une dynamique de partage et de maîtrise par les peuples des flux bancaires et financiers serait socialement utile, économiquement efficace, et porteur au final de grandes avancées de civilisation.

Ainsi nous ferons de cette année celle de la fin du fatalisme face au pouvoir de l’argent. Et sur la lancée de cette campagne, nous allons augurer la fin d’autres formes de fatalisme. Le fatalisme de la droite au pouvoir. Le fatalisme de la gauche qui parle mais ne pas change pas la vie. Le fatalisme de la mort du communisme.

Vous l’avez compris, nous allons mener un opération vérité pendant toute cette année : le Président veut nous interdire de contester sa politique. Eh bien nous allons la contester point par point, et quelle audace, donner à voir que d’autres choix peuvent être efficaces pour chacun, chacune et pour le pays. Tout nous pousse à garder cet esprit de conquête ; le ronron du renoncement, ce n’est pas pour nous.

Et comme dans toute la gauche, cette année sera aussi pour nous celle des débats qui précèdent les choix, celle du bouillonnement d’idées que nous savons nécessaire pour rouvrir un grand espoir à gauche.
Jeudi dernier, notre Conseil national a adopté son plan de travail pour l’année. Il est dense. Ambitieux. Nous avons ouvert le champ des remises en cause et de la recherche de solutions nouvelles. Et en tout état de cause nous sommes aujourd’hui en configuration de travail.

Sur cette base, nous lançons la préparation de notre congrès de fin d’année. Nous la lançons sur la durée car il s’agit aussi de prendre le temps d’inventer, de créer, d’aller bien au-delà d’un simple dépoussiérage de ce qu’est le parti.

Et parce que la volonté est là, dans le parti, nous aurons l’occasion d’étonner, de bousculer nos certitudes comme nos habitudes. Nous allons enclencher la marche avant !

Et nous le ferons pour être au jour le jour dans l’action pour faire avancer toutes les causes justes. Et nous le ferons pour ouvrir cet espoir d’une autre société sociale et féministe, démocratique et écologiste en lequel la jeunesse et le monde du travail pourraient se reconnaître.

Et cela, quoi qu’il arrive, nous n’en démordrons pas.

Et cette année ne sera pas celle du silence des communistes. Je vous le
promets, nous allons vous donner matière à nous faire entendre. Et vous ne manquerez pas d’occasion de venir ici !

Je vous remercie,

Messages

  • Naples, le 09 Janvier 2008, Place Plébiscito…

    Le texte qui suit est la transcription li-tté-ra-le de l’intervention faite par Oreste Scalzone sur la Place Plébiscito à la fin de la manifestation* du 09 Janvier organisée par « Réseau Tocsin Santé-Environnement », dont l’âme et l’épine dorsale sont les camarades de l’Espace Antagoniste, Ska et Officina 99.
    <Camarades,
    (…) le droit à une vie digne d’être vécue dont ont parlé les protagonistes de cette lutte, les gens de cette ville de Naples, qui est aussi capable de donner lieu à des places immenses, magnifiques comme celle-là, une ville dont nous voyons** encore les vestiges des murs grecs…
    Et bien le système en place, l’État réellement existant, la démocratie instituée, la légalité réelle telles qu’elles commandent les Carabiniers et les policiers, se sont présentés hier à visages découverts de ceux qui ne savent pas faire autre chose qu’envoyer des avertissements camorristes et mafieux. Hier, au Conseil municipal de Pianura, quelqu’un comme moi s’est senti bien ingénu après cinquante ans de militantisme, parce que je ne voulais pas croire que Dimanche, qu’au cours d’une émission de télévision, entre ballets et paillettes, la Droite –Gasparri et d’autres- ait réclamé un dictateur, les pleins pouvoirs de super commissaire spécialissime à Gianni De Gennaro, et je ne voulais pas croire que 15 heures plus tard, le gouvernement allait transformer cela en un décret.
    Gianni De Gennaro, ce Paganini incarné du centrisme bi-partisan -dont je ne sais rien, ni comme personne, ni en intentions, sinon qu’il se prend pour Dieu, à ce que je puis en lire – qui a été perçu et a été représenté pour des milliers de jeunes comme un tueur d’État, comme le serviteur du patron en visite, est le même qui, à Naples, au Printemps 2001 a déchaîné la police contre des adolescents et porte les taches du sang de Carlo Giuliani sur les mains.
    Mais le pire a été d’avoir eu cette idée perverse de décider d’envoyer un signal digne des pires mafieux et camorristes pour signifier qu’on avait fini de jouer, qu’on allait maintenant passer comme les tanks à Tien-An-Men sur le corps de ce type à chemise blanche qui se mettait devant, car on allait voir ce qu’était l’État, et l’État c’est nous, l’ État est un État qui, et un État que…
    On dit qu’ici il y a La Camorra, certes, mais cela veut-il dire que l’économie d’ici est camorriste, que les bancs sont camorristes, que les politicards sont camorristes, là ce sont la politique, l’économie, la Justice qui le sont, et qu’ailleurs elles peuvent être fascistes, colonialistes, libérales, staliniennes, et qu’ici elles sont camorristes, comme sont camorristes le Capital, les capitalistes, car il n’y a pas un Capital bien intentionné, une légalité pure et puis les Camorristes.
    Je crois que nous devons réfléchir, depuis qu’ils ont décidé de faire l’unique chose qu’ils savent faire, peut-être en s’imaginant que cela allait être notre Chant du Cygne, et en se disant nous allons nous déranger et vous en faire voir, nous allons violer la population de Pianura…
    J’ai une idée et je vous la livre maintenant, que ceux-ci ont espéré de se présenter comme les illuminés, comme les Lumières napolitaines de 1799, et nous présenter nous dans le rôle des sanfedistes, la populace, la lie, vous voyez, Bassolino a parlé, Luigia Sanfelice, puis Eléonora Pimentel Fonseca…
    Ils croient que ça marche comme ça…
    Moi, je ne pèse rien dans ce jeu de dupes là, je suis un camarade qui pourtant a confiance au point de ne pas cacher mes affinités, j’ai confiance dans mes amis de l’Espace Tocsin Antagoniste, j’ai confiance dans le Réseau Tocsin Santé-Environnement, j’ai confiance dans les gens qui se mettent en mouvement et je souhaite qu’on se dise, comme dans la chanson de Brecht, qu’on décrète : premier point qui doit décider, les gens doivent décider parce que les gens, dans leur vitalité désespérée, ont une puissance de vie qui se voit transformée en capacité de gouverner son propre destin, de décider.
    Il n’est pas vrai que nous soyions des superstitieux apeurés qui disent non à tout, et nous devons créer un réseau de comités, et puis une table-ronde où faire venir des intelligences aussi techniques, il nous faut sortir le cadastre et les plans d’occupation des sols, indiquer les solutions d’urgence et provisoires, trouver des sites, au lieu de subir ceux qui choisissent de se préparer à dire nous faisons comme bon nous semble et si nous voulons vous faire violence, nous viendrons… S’ils font ainsi, c’est qu’ils ont la Force, mais pas la Raison.
    Nous devons dire et dirons d’abord, et je me permets de dire, ceci aussi en votre nom, si vous me le laissez dire, qu’il n’est pas vrai qu’il y ait une alternative : ou la dure nécessité, le moins pire de leur projet ou le chaos.
    Non, nous nous disons : nous ne tiendrons aucun compte de vous ; vous êtes désormais comme morts, et c’est nous désormais qui allons décider. C' est une insurrection sans armes.
    Nous pourrions vous dire : maintenant arrêtez et au travail, vous recrutez 1000 personnes, on déblaye jour et nuit et on fait la différence, mais nous nous disons qu’on ne leur demande plus rien, on ne s’en occupe plus, pour nous ils sont comme des morts, parce qu’ils portent la mort.
    Nous sommes en mesure d’exprimer une volonté, de choisir avec intelligence, de présenter un plan, nous vous l’avons dit, nous sommes en train de vous le dire, si vous y re-venez c’est que vous serez désormais une dérive des pires, d’un absurde tel, criminel et criminogène, qu’il prétend gouverner le monde, et puis seulement punitif, vous êtes des toxicomanes de la mort et nous sommes une puissance de vie.>
    Traduit de l’Italien par Sedira Boudjemaa, artiste-peintre,
    Nîmes, le Mardi 15.01.08. ; 15h00P.M.
    Notes :
    *la préfecture de Naples a compté 6000 manifestants. On multiplie par 2 ou 3 cette estimation et nous disons qu’il y avait au moins 12 000 personnes.
    **Des camarades de Naples : c’est le déroulé tel quel d’un discours « hurlé à l’improviste »… Proust disait que le parler et l’écrit était deux langues distinctes…(…/…)
    Du traducteur : Daï, Oreste, questo discorso comincia come : « Al di sopra quelle piramide, 40 secoli vi miranno » … Adesso vuoli fare « Il Re Di Napoli », o che… ? (Samedi 12.01.08).

    Préambule complété / intégral des « Camarades de Naples » joint à cette épreuve de traduction corrigée :

    .../...(suite à l’intro P.1, sous le chapô) et à la note *) Nous donnons-là, répète-t-on le « déroulé de l’enregistrement tel quel et crû d’un discours tenu, comme on le verra, de « vive voix »... Ainsi qu’un ami érudit nous l’a rappelé, Proust disait que le parler et l’écrit son deux langues distinctes... Traduire de l’une à l’autre est une opération difficile, à risque, comme est risqué de traduire de la poésie : pour obtenir un effet de vérité, un maximum d’artifice (ex : énoncé à haute voix sur fond de bande-son de l’émeute), dont seule une telle opération aussi sophistiquée, longue et complexe, peut parvenir à cette sorte de résultat hyper-réaliste, qui confine à l’effet de sur-réel (« plus vrai que vrai »)...(c’est-à-dire, entendre comment la voix réelle d’Alfonso Natella se désincarcère des pages de « Vogliamo tutto/ Nous voulons Tout » ; alors que la lecture de la transcription littérale ne ferait résonner dans notre tête aucun écho de la voix d’Alfonso...)[variation sur le timbre avec modulations de fréquences de l’effet voix-off ? N.d.T.]
    Pour des raisons d’impératifs de temps, nous ne nous risquons pas à nous engluer dans la difficile traduction oral/écrit : nous nous limiterons à ce petit passage nécessaire à une intelligibilité élémentaire, pour éviter les éventuels sous-entendus perfides, malentendus, inversions de sens... ( choses qui sont toujours « diaboliquement » aux aguets : il manque en effet l’apport de la gestualité, des expressions du visage et des inflexions de voix, qui fassent points de suspension du sens, consubstantiels à l’expression-communication orale...)

    Les camarades de Naples.