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Gaz
Distrigaz, de Paris à Rome
AvC
Mis en ligne le 30/05/2008
Le groupe français Suez a cédé sa participation de 57 pc dans la société gazière belge à l’Italien ENI. Les Italiens ont assuré que la sécurité d’approvisionnement serait meilleure qu’avant. Le gouvernement belge se montre convaincu.
Distrigaz, championne des bénéfices
Limousines noires, nuée de journalistes, avocats tirés à quatre épingles, conseillers en communication. C’était la foule des grands jours, jeudi, place du Trône, pour annoncer la cession de Distrigaz par Suez à la société italienne ENI à un prix de 4,8 milliards d’euros. "C’est une journée importante, d’abord pour Suez car il s’agit d’une étape décisive dans le processus de fusion avec Gaz de France, ensuite pour la Belgique puisque Distrigaz est reprise par un acheteur de grande qualité et de grande dimension en termes de sécurité d’approvisionnement", a expliqué Gérard Mestrallet, le P.-D.G. de Suez.
"Plus compétitif"
Même ton satisfait du côté du patron d’ENI, Paolo Scaroni, qui s’est dit "très heureux, qualifiant la négociation de complexe mais très professionnelle". Il a assuré que la "sécurité d’approvisionnement du pays serait meilleure qu’avant". Et cela grâce aux nombreux contrats que le groupe italien a avec des pays comme la Russie, l’Algérie ou la Lybie, mais aussi grâce à son activité de production dans plusieurs pays alors que la Belgique s’approvisionne essentiellement au Qatar et aux Pays-Bas. Il a aussi affirmé sa volonté de contribuer au développement du terminal de Zeebrugge "où il y a encore des capacités non utilisées". Et puis, selon lui, cette reprise est tout bénéfice pour le consommateur puisqu’elle "rend le marché électrique belge plus compétitif". Plus compétitif, a expliqué Jean-Pierre Hansen, numéro deux de Suez, "compte tenu d’une plus grande disponibilité en gaz naturel".
Ce sont les mêmes messages que Paolo Scaroni a fait passer jeudi matin lors de sa rencontre avec trois membres du gouvernement : le Premier Yves Leterme, Didier Reynders (Finances) et Paul Magnette (Energie). Et le gouvernement s’est visiblement laissé convaincre par celui qui, comme on sait, était son candidat préféré. "La position industrielle forte d’ENI offre d’importantes opportunités pour le marché belge en ce qui concerne la sécurité d’approvisionnement, le rôle de Zeebrugge en tant que plaque tournante et une concurrence renforcée", souligne le communiqué venant du 16 rue de la Loi.
Trois conditions
Même si c’était le grand tralala hier, la cession de Distrigaz n’est toutefois pas concrétisée. Suez a trouvé un racheteur pour sa participation de 57,25 pc, comme lui a demandé la Commission européenne dans le cadre de projet de fusion entre Suez et GDF. Mais il y a encore plusieurs conditions à remplir. Primo, il faut que la fusion entre Suez et GDF soit entérinée. Les assemblées des actionnaires sont prévues pour la mi-juillet. Secundo, il faut que Publigaz, le holding des communes qui possède une participation de 31 pc dans Distrigaz, n’exerce pas son droit de préemption. Publigaz renoncera à son droit s’il obtient "des garanties très fortes sur l’approvisionnement des consommateurs et entreprises belges", a souligné hier Daniel Termont, le président de Publigaz. "Il y a la volonté d’ENI de rencontrer de manière raisonnable les demandes de Publigaz", a assuré Paolo Scaroni. Et tertio, il faut le feu vert de la Commission européenne.
Bref, l’OPA qui sera consécutive à cette transaction ne devrait pas être lancée avant début septembre.
Alors que les actionnaires minoritaires se feront payer en cash, Suez aura droit, comme il l’a souhaité, à des actifs d’ENI. Il a notamment obtenu 1100 MW de capacité de production en Italie, le réseau de distribution de gaz romain, des actifs d’exploration et de production en Grande-Bretagne. Le tout est valorisé à un peu plus de 2,7 milliards d’euros, soit la valeur de 57 pc du capital de Distrigaz.