Accueil > Dollar : La Chine propose une solution

Dollar : La Chine propose une solution

Publie le jeudi 26 mars 2009 par Open-Publishing
5 commentaires

La domination du dollar en question

Le débat sur le besoin de s’émanciper de la tutelle du dollar s’cxacerbe à la veille du G20 de Londres. Le gouverneur de la Banque centrale de Chine, Zhou Xiaochuan, a jeté un pavé dans la mare, mardi, en contestant le bien-fondé du statut du billet vert, à la fois devise nationale et monnaie de réserve internationale. Il en appelle à l’adoption d’une vé­ritable monnaie commune mondiale qui se substituerait au dollar, dans un système placé sous la houlette du Fonds monétaire internatio­nal (FMI). Cela serait le moyen, précise-t-il, de com­battre la crise et « les vulnéra­bilités comme les risques systémiques inhérents au sys­tème monétaire international existant »

Les privilèges du dollar constituent la pièce essentielle de la domination états-unienne sur la planète. Leur contestation confirme autant la montée en puissance de la Chine dans le concert mon­dial que le besoin d’un tout autre ordre économique et monétaire international.

Quasiment au même ins­tant un comité d’expert des Nations unies s’apprête aussi à recommander d’écarter la devise US comme monnaie de réserve. « C’est le bon mo­ment pour évoluer vers une monnaie de réserve parta­gée », souligne l’économiste Avinash Persaud, l’un des principaux animateurs de ce comité. Il explique que sa pro­position vise à recréer quelque chose qui ressemble à l’écu européen (monnaie commune de l’UE qui a précédé l’avè­nement de l’euro).

Plusieurs des gouverne­ments progressistes d’Amé­rique latine envisagent la création d’une monnaie commune et d’une « banque du Sud » pour échapper aux pressions et à l’influence de l’Oncle Sam. Le défi est iden­tifié de longue date par l’éco­nomiste communiste français Paul Boccara qui évoque la possibilité d’asseoir une mon­naie commune de « coopéra­tion et de développement sans domination » (1). Les droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI, pointe-t-il en substance, constituent une sorte d’embryon de monnaie planétaire partagé incluant les devises des différents pays (panier de monnaies).

Zhou Xiaochuan avance également l’existence des DTS du FMI comme argument pour montrer que les bases de la création d’une véritable de­vise de réserve internationale existent bel et bien. Dans le schéma proposé par le gouver­neur de la Banque centrale chi­noise, « le panier de monnaies formant la base des DTS pour­rait être étendu pour inclure les devises de toutes les économies majeures » au prorata de leur produit national brut. L’ob­jectif, précise le grand argentier chinois, serait de créer « un nouveau système économique mondial, qui ne soit pas facile­ment influencé par les poli­tiques de certains pays ».

Cette intervention illustre aussi les craintes qui se font jour, ici et là, d’un possible ef­fondrement du dollar qui ajouterait au krach financier une formidable crise moné­taire internationale. Grâce aux privilèges du dollar, Wa­shington peut en effet s’en­detter à bon compte auprès du reste de la planète. Mais jusqu’où ? Tous les acteurs de l’économie US sont surendet­tés et l’administration Obama a décidé de lâcher la bride sur des déficits qui explosent (ils devraient largement dépasser les 10 % du PIB durant la pé­riode 2009-2010).
Et d’aucuns de commen­cer à envisager ce qui parais­sait impensable il y a encore quelques mois : des défauts de paiement états-uniens en cas d’aggravation de la crise, ou plus vraisemblablement la tentation de Washington de laisser filer le dollar. Le re­cours à l’inflation, en faisant fonctionner la planche à billets (ce que Washington a commencé à faire), permet en effet de réduire mécanique­ment la facture de la dette.

Dans ces conditions il n’est pas étonnant que la Chine a constitué d’énormes réserves de change en monnaie US (plus de 2 000 milliards de dollars, 1 380 milliards d’euros), manifeste la plus forte inquié­tude et pointe la première le besoin d’un changement. Les autorités chinoises se trouvent en effet dans une position très inconfortable. En dépit de leurs besoins internes grandis­sants pour financer des me­sures anticrise, elles ont été conduites à assurer à Hillary Clinton, lors d’une récente vi­site officielle, qu’elles conti­nueraient d’acheter des bons du Trésor US (dont Pékin est le premier détenteur mondial). Car un tarissement du flux d’épargne chinoise vers les États-Unis décuplerait un ef­fondrement économique états-uniens dont pâtirait forcément les gigantesques avoirs chinois outre-Pacifique.

La réponse de Washington ne s’est pas fait attendre. Tim Geithner, le secrétaire au Tré­sor, et Ben Bernake, le prési­dent de la Réserve fédéral, ont fait part aussitôt de leur « op­position » la plus résolue lors du G20 aux propositions de Zhou Xiaochuan. Barack Obama est intervenu en per­sonne pour plaider tout à la fois la réaffirmation du leader­ship US et le bien-fondé d’un dollar impérial car, a-t-il justi­fié, « les investisseurs considè­rent que les États-Unis ont l’économie la plus forte au monde, avec le système poli-tique le plus stable au monde ». Il n’empêche, au-delà du bras de fer sino-états-uniens, un débat fondamental peut bel et bien s’engager pour un autre monde économique et monétaire.

Bruno Odent

(I) Notamment dans Transformation et crise du capitalisme mondialisé, quelle alternative ?, de Paul Boccara. Le Temps des cerises, 2008. 20 euros.

Messages

  • Comme par hasard Chabot sur A2 n’a pas posé la question à StraussKahn......

    • Dans un débat entre Chabot-Strauskhann, je n’y ai vu qu’un vieux monde essoufflé... ils s’accrochent pour préserver leur porte monaie et celui de leurs amis (es)... la grande idée "neuve" c’est comme Trichet et bien d’autres "la fin de la crise c’est pour ....?" On ne sait pas trop mais c’est un slogan qui peut faire perdurer la tenue de la mayonnaise ....

      LE problème hélas c’est bien le temps qu’il nous faudra pour imaginer un autre monde, une autre société au service de l’homme. Pour l’instant et même si l’on peut considérer qu’il y a quelques progrés aussi minimes soient-ils, je parle du début de l’action qu’ont engagée les travailleurs face aux difficultés (29 janvier, 19 mars) il y a encore loin trés loin de la coupe aux lèvres...

      En attendant, de mon côté, je continuerais de faire mon travail quotidien de persuasion dans mon marché et avec les copains dans les boîtes... toute action nouvelle restera pour moi une satisfaction modeste certes mais satisfaction quand même !!

      Un communiste des Landes

    • Vu également l’A2 hier soir. La seule consolation du débat, c’est quand DSK a affirmé qu’effectivement la gauche avait vu juste ! Ce qui signifie que le pouvoir quel qu’il soit devrait écouter davantage la gauche qui est porteuse de solutions intelligentes et durables, assez fortes pour traverser les tempêtes !

  • Le titre est orienté idéologiquement, c’est à dire sous tendu par les thèses du pc d’une sortie du capitalisme par un dépassement. D’où le mot "une solution"....

    Dans le cadre des thèses léninistes des guerres impérialistes, il s’agirait plutôt d’une proposition de négociation pour un nouveau partage mondial des champs de profits capitalistes et des sphère d’influences géopolitiques ou d’une annonce tactique dans le cadre de la guerre de propagande.

    Cette annonce portée par la chine, et représentant les intérêts des différents impérialismes émergent et anciens opposés à l’oligarchie financière anglo-saxonne s’attaque au cœur même du pouvoir financier US. Elle pourrait être interprétée aussi comme une véritable déclaration de guerre, ou comme le reflet d’un bras de fer et de négociations secrètes, pour sanctionner les nouveaux rapports de force inter impérialistes. Le G 20 n’est que la partie émergée de l’iceberg.

    Va t il il y avoir un traité de paix momentané, ou une poursuite de la guerre inter-impérialiste ???? Pourvu que la guerres économique, la guerre de propagande, et les conflits coloniaux qui se déroulent sous nos yeux ne débouche pas sur le troisième stade qui pour l’instant a toujours eu lieu : Le militaire et la guerre mondiale.

  • une seule solution ni FMI ni monnaie régulatrice ,la seule régulation possible est l’anéantissement de ce système moribond et de ses privilégiés.
    nous ne voulons ni de vos conseils économicodictatoriaux ni de votre bienveillance le G20 l’ONU (bouffon des USA)et tout autre affameur international .
    une solution j’en ai une ,autogestion répartition et partage des richesses partage du travail abolition des frontières , abolition des privilèges la corde pour les patrons et les actionnaires
    tous ces politiques ,directeurs, présidents, gouvernements etc chef d’entreprise ce sont eux les soldats du capitalisme qui tuent les travailleurs et leur discours de relance n’est qu’un leurre pour encore une fois toucher une plus grosse part du gateau et nous laisser les miettes

    pierrot CGT OM (coco libertaire)