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Doris Leuthard se fâche contre Pascal Lamy

Publie le dimanche 27 juillet 2008 par Open-Publishing

Doris Leuthard se fâche contre Pascal Lamy

CONFERENCE. La conseillère fédérale et d’autres ministres sont exclus des négociations à l’OMC.

Ram Etwareea

Vendredi 25 juillet 2008

« Vous avez invité des ministres à participer à des négociations à Genève. Vous nous avez demandé d’y consacrer du temps et d’y mettre toute notre énergie. Mes homologues et moi-même, nous avons répondu à l’appel. Mais sans préavis, vous confiez les négociations à un petit groupe de ministres et confinez les autres à la salle d’attente. Cela pose problème dans mon pays puisque je ne suis pas capable de défendre nos intérêts. »

C’est une Doris Leuthard déçue et fâchée qui a pris la parole jeudi à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Son directeur, Pascal Lamy, avait convié les 153 membres pour leur faire un état des lieux des négociations qui ont eu lieu jusqu’à 4h du matin jeudi en présence de sept grandes puissances (Etats-Unis, Union européenne, Japon, Australie, Chine, Brésil et Inde). « Il n’y a pas de convergence », a dit le Français, invitant les membres à faire preuve plus que jamais d’esprit de compromis. Le blocage serait venu de l’Inde qui aurait refusé de faire toute concession sur le dossier « produits industriels ». Le groupe restreint a repris les négociations hier soir. Alors que la conférence sur les services a été renvoyée une nouvelle fois, à samedi.

L’Afrique exclue

La conseillère fédérale a exprimé de sérieux doutes sur la capacité du groupe restreint à trouver des solutions. Elle a aussi fustigé le fait qu’aucune réunion n’ait eu lieu sur le sujet des Indications géographiques. « Un compromis sur cette question est impératif pour un accord global », a-t-elle averti.

Sept autres pays (Indonésie, île Maurice, Kenya, Turquie, Taipei, Egypte et Uruguay) ont abondé dans le même sens. Parlant au nom du groupe africain, Uhuru Kenyatta, vice-premier ministre et ministre du Commerce du Kenya, a expliqué qu’il ne pouvait pas accepter l’opacité de la conférence. Selon lui, les intérêts de son continent ne sont pas représentés par le groupe restreint.

Pas de voie alternative

Keith Rockwell, porte-parole de l’OMC, a défendu la stratégie de son patron en soulignant qu’aucun membre n’avait suggéré de voie alternative pour faire avancer les discussions. Il a également justifié la discrétion sur les résultats des négociations au moment où celles-ci entrent dans une phase critique.

Contestation américaine

Selon deux sénateurs, l’administration Bush n’a pas l’autorité pour négocier un accord.

Dans une lettre adressée à George Bush, deux sénateurs démocrates, Russell D. Feingold (Wisconsin) et Robert C. Byrd (Virginie) lui rappellent que le fast track qui autorise le président à s’engager dans des négociations commerciales a échoué depuis le 30 juin 2007. Ils ajoutent que le Congrès (ndlr : à majorité démocrate) lui a refusé de prolonger cette autorité et qu’il n’y a aucune chance qu’il change d’avis d’ici à la fin de son mandat.

Les deux sénateurs voudraient s’assurer que la négociatrice américaine Susan Schwab défende à Genève des positions qui seraient susceptibles d’obtenir l’aval du Congrès. Contactée par Le Temps pour une réaction, la délégation américaine n’a pas répondu. Cette semaine, la crédibilité de l’offre américaine - réduction des aides à la production à 15 milliards de dollars par an - a été mise en cause dans ce contexte.

http://www.letemps.ch/template/economie.asp?page=9&article=236609