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Du black-out jaillira la lumière ?

Publie le samedi 11 novembre 2006 par Open-Publishing

En trois ans, l’Europe a du affronter deux incidents majeurs du système électrique.

Le 30 septembre 2003, où l’Italie a totalement été plongée dans le noir par une simple défaillance sur une ligne 400 kV entre la Suisse et l’Italie.

Ce samedi 4 novembre, c’est l’Europe toute entière qui est passé très prêt du black-out total par une simple mise hors tension d’une ligne 400 kV.

Sans les délestages massifs en France, le château de cartes se serait écroulé...

Sans avoir toutes les informations sur ce dernier incident pour tirer les enseignements aujourd’hui, on peut quand même noter un point commun : les liens de transport entre la production et la consommation étaient visiblement bien chargés. On retrouve le même contexte dans l’incident nord-américain d’août 2003...

Serait-ce l’affranchissement des règles élémentaires de sécurité ou un manque structurel d’infrastructure de transport ou de production ??? Un peu des deux, sans doute...

Ce n’est donc pas uniquement la dérégulation du secteur énergétique en Europe qui est à l’origine de ces incidents mais assurément la pression qu’elle exerce sur les opérateurs. Pressions en particulier sur les investissements de production mais aussi sur les infrastructures de transport. Pression aussi sur les plans de production qui privilégient les low-cost électriques (on va chercher la centrale la moins chère, quitte à ce qu’elle soit très éloignée). Le cas italien est « lumineux »...Pressions également sur des investissements transport différés pour des raisons bassement financières ici ou là. Certes, en France, cette pression s’exerce un peu moins mais affronte d’autres difficultés, car notre organisation s’appuie sur une culture sûreté commune entre les opérateurs principaux et un bilan prévisionnel rendu obligatoire par la loi (10 fev 2000) : les actionnaires passent donc au second rang car la sécurité d’approvisionnement est prioritaire ! même si des velléités existent...

Tel n’est pas forcément le cas ailleurs, en particulier dans des pays où la pression du rendement financier est constante.

C’est donc bien la course au rendement initié par la libéralisation qui est responsable de ces incidents. Cerise sur le gâteau, cette libéralisation a entraîné une augmentation des prix pour les consommateurs au bénéfice du rendement financier pour les actionnaires. La réponse au niveau de chaque pays ne suffit donc plus, même dans un réseau largement interconnecté qui a été construit pour la sécurité de tous et accessoirement pour les échanges commerciaux.

La réponse se trouve donc au niveau de l ‘Europe, dans une véritable politique énergétique commune que nous avons sans cesse réclamée, à la CFDT. Cette véritable politique énergétique européenne ne doit pas s’appuyer sur les règles de la concurrence mais bien sur l’efficacité collective et la mutualisation des ressources des Etats membres.

A la « lumière » de ces incidents, la priorité, aujourd’hui ce n’est pas le libéralisme des échanges : on en voit ici toutes les limites ; la priorité c’est la sécurité d’approvisionnement de chaque européen dans le respect des hommes et des femmes et de leur environnement.

Même les Américains l’ont compris à la « lumière » de leurs black-out successifs... Qu’attendons-nous pour remiser les politiques concurrentielles de la Commission qui prouvent chaque jour leur inefficacité dans le domaine de l’énergie ?

Voilà pourtant un beau projet européen à mettre en œuvre pour le plus grand bénéfice de tous... et de l’idée européenne !

Voir aussi interview RMC 5h40 de votre administrateur et la presse du jour...

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