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Du sable dans les yeux

Publie le mardi 26 juin 2007 par Open-Publishing
4 commentaires

« Nous allons aider l’Afrique à se développer, à combattre la maladie, la pauvreté »…
(Nicolas SARKOSY, dans son discours d’investiture)

En 1994, avant sa mort, Mano Dayak, dans un de ses ouvrages, évoquait les témoignages de soutien de ses amis en ces termes : « Ces voix [qui] forment un chœur pour faire reculer le maléfice, pour empêcher la disparition des Touareg. ».

Aujourd’hui l’histoire se répète, les médias se taisent, le monde entier, de par son silence, encourage …
Rappel des faits : La région d’Agadez, située dans le Nord du Niger, a été le théâtre d’une rébellion touarègue, au début des années 9O. Elle a donné lieu à la signature, le 24 avril 1995, de l’Accord de paix entre le gouvernement et les ex-rebelles, sous l’égide de la communauté internationale.
Dans cette région (voir carte), des compagnies étrangères possèdent des permis d’exploitation de l’uranium et de prospection pétrolière : AREVA, en particulier, exploite l’uranium dans la région d’Arlit.

Depuis février : des attaques par les hommes du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ) visent des cibles militaires pour faire entendre des revendications qui s’inscrivent dans la continuité des accords signés (mais) et non appliqués.
Parmi les revendications, certaines concernent, justement, l’exploitation des ressources minières dans le Nord du pays où AREVA est invitée à observer les règles élémentaires de protection des travailleurs et des habitants de la région (exposés à des taux de radioactivités anormalement élevés). Appel lui est également lancé à embaucher, dans la limite de leurs compétences, les autochtones parmi ses employés.
L’idée d’une lutte armée ne fait pas l’unanimité au Niger mais les injustices dont sont victimes les populations du nord et le refus catégorique, opposé par le pouvoir de Niamey d’engager toute négociation, ont contribué à gonfler les rangs du MNJ.

AREVA, l’armée nigérienne et le pouvoir de Niamey se soutiennent mutuellement dans cette phase critique : les uns, pour préserver leurs intérêts et les autres, pour en finir avec des populations qui revendiquent leur juste droit à mieux vivre.

Des accrochages faisant plusieurs morts ont eu lieu dans le Nord du pays, entre l’armée et le MNJ.
Suite à cela, des populations civiles ont été prises pour cible par l’armée nigérienne, des campements déplacés…

Le samedi 16 juin, le Chef de l’Etat Nigérien, son Ministre de l’Intérieur et le Commandant de Zone militaire d’Agadez ont confirmé successivement la mort des trois 3 civils qui étaient recherchés depuis plusieurs jours par leurs familles respectives.
Ses hommes innocents ont été exécutés dans des conditions indignes d’une armée pour avoir « participé à la mort de 18 militaires tombés lors d’un accrochage ayant opposé les Combattants du MNJ (Mouvement des Nigériens pour la Justice) aux FAN (forces armées nigériennes) » peu de temps avant.

Les victimes :
Sidi Mohamed Imolan dit Kalakoua (photo),
Abtchaw Kounfi,
Aoussouk Kounfi,
Des vieillards ! dont deux souffrant d’handicaps. Ils pouvaient difficilement être tenus comme les auteurs d’un quelconque acte de terrorisme.
Cet acte de répression contre des civils innocents est vécu comme une provocation par les populations locales. Il est susceptible de faire basculer le conflit (opposant jusque-là uniquement les forces militaires en présence) en conflit généralisé.
Cet acte ignoble et incompréhensible replonge le Nord Niger dans son passé pas si lointain…TCHIN TABARADEN (1990) n’est pas si loin….
Ce meurtre n’a pas été condamné, ni au Niger, ni même par les instances internationales et encore, moins par la France.
Différentes sources font état d’autres exactions et meurtres contre des civils dans le Nord. La peur gagne les habitants de la région qui souffrent déjà de la sécheresse et de conditions de vie difficiles.
Ce conflit a fait de nombreuses victimes, du côté des Forces Armées Nigériennes (FAN) comme du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ).
Des négociations étaient annoncées avant la confirmation officielle de la mort dramatique des trois nigériens.

Malgré les intérêts économiques et stratégiques, notamment en matière d’énergie nucléaire, la France ne peut continuer à encourager ces exactions par la loi du silence.
Elle a pour devoir d’informer et déployer tous les efforts nécessaires, notamment par ces instances diplomatiques, pour engager une démarche de médiation et, trouver une solution juste et pacifique, afin de protéger les populations civiles et d’asseoir une paix définitive au Niger. Ces crimes ne peuvent restés impunis.

Dans ce monde où l’information circule, nul n’à le droit d’ignorer que des vieillards, des enfants, et des femmes vont être soumis à l’arbitraire pris en otage par un régime qui état sensé se diriger vers une voie démocratique.
Le contribuable français doit connaître la position de la France sur les stratégies employées et les éventuels projets d’intervention militaire au Niger en particulier.

Il a le droit de savoir ce qui se passe là-bas à quelques heures de Paris quand il allume la lumière….

Ne nous rendons pas complice d’une injustice flagrante, pour préserver les intérêts de compagnies minières qui entretiennent des appuis politiques pour assouvir leur soif de profit au prix du sang des populations civiles incapables de se défendre.

Messages

  • Bonjour,

    ATTENTION ! Il y a une confusion entre deux initiatives qui toutes deux concernent le Niger et ce qu’il se passe au nord du pays. Le texte " Nous allons ... au prix du sang des populations civiles incapables de se défendre." est issu d’un dépliant-tract informatif, pour toute information contacter : sabledanslesyeux@yahoo.fr. Thierry Tillet n’a rien à voir là-dedans !

    Il existe aussi l’appel du 18 juin - Grenoble au nom du Collectif en faveur de la paix au Niger. Le 26 juin midi, ce collectif était composé de 230 personnes signataires (dont Raymond Depardon, Madani et Mawli Dayak, Ambroise Monod, Cécile et Jacques Bernus, etc.) qui entendent faire pression pour que des négociations s’instaurent. Pour agir et rejoindre ce collectif, là effectivement, il faut envoyer un mail à Thierry.Tillet@ujf-grenoble.fr.

    TEXTE DE L’APPEL DU 18 JUIN 2007 :

    QUE SE PASSE-T-IL AU NIGER ?

    Depuis le mois de février, le Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ) a commencé à se faire connaître par ses actions militaires à Iférouane, et des attaques du site d’AREVA (exploitation d’uranium dans la région d’Arlit).

    Depuis, des accrochages faisant plusieurs morts ont eu lieu autour du massif du Tamgak et de la ville d’Iférouane, alimentant des rumeurs difficilement vérifiables. Plus grave encore, des populations civiles touarègues, n’appartenant pas au MNJ, ont été prises pour cible dans des campements de la région. Ce qui pouvait apparaître jusqu’à présent comme étant des rumeurs, a été confirmé samedi 16 juin, à savoir l’assassinat de personnes âgées : Sidi Mohamed Imolan dit Kalakoua, Abtchaw Kounfi et Aoussouk Kounfi. Un unijambiste, un aveugle et un octogénaire pouvaient difficilement être tenus pour responsables d’avoir posé des mines, et d’être à l’origine d’actions considérées comme terroristes.

    Différentes sources font état d’autres exactions et meurtres dans les régions de Tabelot, Teguida n’Tagaït, et près d’Agadez.

    Nous savons par ailleurs qu’il y a de nombreuses victimes du côté des Forces Armées Nigériennes (FAN) et du MNJ.

    Nous souhaitons que les négociations, envisagées avant l’annonce officielle des décès des trois Nigériens de Tezirzek, reprennent le plus rapidement possible.

    Au-delà des intérêts économiques, il serait de l’honneur des instances diplomatiques françaises de s’investir dans une démarche de médiation, pour trouver une solution pacifique et protéger les populations civiles.

    18 Juin 2007, Grenoble
    Le Collectif en faveur de la paix au Niger

    *** *** ***

    On note qu’il existe aussi une pétition en ligne à l’initiative de la société civile et de Sidi Mohamed Ag Ichrach (Mali) pour la paix et la démocratie (et la liberté de la presse) au Niger http://www.kidal.info/Forum/FR/lire.php?msg=7968. C’est une initiative africaine.

  • Je n’ai pas beaucoup de choses à dire mais juste de rappeler que la colonisation est terminée. Le Niger est un pays indépendant, souverain et dont les autorités et le peuple en entier a le droit de décider de son sort. On a assez des interventions de la France dans nos affaires internes. Si vous ne le savez pas, il n’y a pas que des problèmes au nord du pays, les problèmes sont partout de l’est à l’ouest du pays, du nord au sud. Il y a eu des moments où nos dirigeants s’appretaient à prendre des décisions qui pouvaient sortir notre pays du gouffre, la France organisaient tout de suite un coup d’Etat et changeait de régime, je donne le cas de celui de 1974. Si vous pensez encore que c’est la France qui nourrit cette "guerre" et que vous allez jusqu’à reclamer que le contribuable français soit au courant c’est parce que vous continuez à pensez qu’aujourd’hui encore c’est elle qui détermine tout chez nous. Elle a soutenu la première rebellion et il faut que ça s’arrête. Et que dites vous des dizaines de morts militaires ? Y a t-il une différence entre militaires et civils ? Est ce que vous pensez aus nombreux orphelins ? Aux nombreuses familles qui perdent aussi leurs fils par le fait du mnj ? Il faut être objectif dans vos raisonnements et dans vos prises de position. Je ne soutiens nullement les dérapages de l’armée mais pas aussi les actions du mnj (d’ailleurs aucune), ce que je mets en avant c’est mon pays et ce n’est pas à la France ni aux français de nous sortir de là, on nous a assez maintenu dans la misère et la soumission.