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ÉCHEC À LA DIPLOMATIE ESPAGNOLE

Publie le samedi 12 décembre 2009 par Open-Publishing

Zapatero coincé par la faiblesse de sa diplomatie.

La "Garde Civile (Gendarmerie), trahie par son propre Gouvernement"

L’ONU exige "le retour de Haidar à son pays, où vivent aussi ses enfants", sans mentionner le Maroc ni le Sahara. Le PP l’accuse "de trahir la Garde Civile" par l’appel de Rubalcaba pour demander des excuses au ministre de Gibraltar, Caruana. Al Qaeda annonce qu’elle lui enverra prochainement une lettre avec ses conditions pour libérer les otages en Mauritanie

CARMEN REMÍREZ DE GANUZA

Madrid

Le communiqué dans lequel l’organisation terroriste islamiste Al Qaeda revendiquait l’enlèvement de trois coopérants Espagnols en Mauritanie a constitué hier la goutte qui a rempli la vase des conflits de l’agenda extérieur du Gouvernement espagnol.

L’impuissante et tendue attente de la lettre dans laquelle les terroristes établiront les conditions pour la délivrance des coopérants mine la politique extérieure, critiquées dans les dernières semaines par la double mise du Maroc et l’activiste sahraoui Aminatou Haidar - hier dans son 24ème jour de grève de la faim-, et par le dernier incident entre la Garde Civile et Gibraltar.

Acculé par les critiques du PP à la faiblesse de sa diplomatie en face du Maroc et le Royaume-Uni, Zapatero a vu hier comment le ministre Principal du Rocher, Peter Caruana, applaudissait les excuses du ministre de l’intérieur, Alfredo Pérez Rubalcaba, et comment l’ONU demandait "le retour de Haidar à son pays, où vivent aussi ses enfants ".

Sur l’incident à Gibraltar, la réaction de l’opposition a été hier spécialement inconfortable pour le Gouvernement, qui sera formellement interpellé dans le Congrès après la pétition mentionnée d’excuses et au milieu d’un climat raréfié entre les membres de la Benemérita, qui sont arrivés à semer le doute sur son devoir de poursuivre, dorénavant, les narcotrafiquants.

Avant que la porte-parole populaire, Soraya Sáenz de Santamaría, n’exige hier d’explications à Rubalcaba et Moratinos, le titulaire d’Extérieurs a coïncidé avec Caruana dans le fait de considérer l’affaire classée avec l’intervention, le jour avant, du ministre de l’Intérieur - "nous l’avons déjà résolu", disait-il à Bruxelles - et il a encore responsabilisé la Garde Civile : "Tout semble indiquer que cela n’a pas été une question d’eaux" mais les agents "sont arrivés au propre territoire de Gibraltar" quand, dans la nuit du lundi, ils ont initié une "persécution à chaud" des contrebandiers.

Si l’image de faiblesse imprègne la politique envers Gibraltar, celle appliquée dans le conflit de Haidar se résumait hier au rétrécissement des épaules. Le même jour dans lequel la Haute Commissaire des Droits de l’homme de l’ONU, Navi Pillay, faisait un "appel pour le respect du droit d’Aminatou Haidar à revenir à son pays, où, en plus vivent ses enfants et c’est là qu’elle doit être", Moratinos faisait une exhibition de très bon ministre des AE. Sans mentionner absolument le Maroc, et sans lui exiger une solution, le ministre espagnol affirmait que c’est le sahraouie qui "doit décider et assumer sa propre responsabilité". En face de l’accusation de l’activiste, Moratinos a dit au Gouvernement espagnol : "ce n’est pas que nous fassions pression sur elle, elle est libre. Le Gouvernement n’a fait que montrer sa bonne foi pour trouver une solution". En ce qui concerne le danger de mort qui menace Haidar, il s’est limité à "imaginer" que "s’il y a une détérioration très grave, le juge recommencera à intervenir".

Hier, le secrétaire de relations internationales du PP, Jorge Moragas, s’est réuni avec le ministre de la Présidence du Maroc, Nizar Baraka, en lui prévenant sur le fait que conditionner la coopération dans des sujets comme l’immigration ou le terrorisme, comme l’a fait le royaume alaouite avec le cas Haidar, "ne contribue pas à améliorer les relations entre les deux pays". Moragas, qui inculpe le Gouvernement d’avoir "créé" le problème de Haidar pour avoir permis son entrée en Espagne sans passeport et en violant la Loi des Etrangers, a étendu hier la critique à toute la politique extérieure de Zapatero : "Le Gouvernement", dit-t-il, " accumule trop d’erreurs, qui érodent l’image extérieure de l’Espagne".

EL MUNDO, 10/12/2009