Accueil > EDF remporte la bataille de Constellation Energy face à Warren Buffett

EDF remporte la bataille de Constellation Energy face à Warren Buffett

Publie le jeudi 18 décembre 2008 par Open-Publishing
1 commentaire

Les Échos [18/12/08]

L’électricien tricolore emporte l’adhésion de son partenaire américain avec une offre de 4,5 milliards de dollars portant sur 50 % de ses activités nucléaires. MidAmerican, la filiale de Warren Buffett, résilie son accord de fusion avec la société de Baltimore.

La persévérance d’EDF a fini par payer. Comme lors de l’acquisition de British Energy ayant failli échouer cet été, l’électricien français a finalement eu raison des obstacles qui risquaient de l’empêcher de renforcer sa présence aux Etats-Unis. Hier, le groupe présidé par Pierre Gadonneix a en effet annoncé un accord définitif avec son partenaire américain Constellation Energy. Il prévoit l’achat pour 4,5 milliards de dollars d’une participation de 49,99 % dans les activités nucléaires de la compagnie d’électricité en difficulté. Le projet concurrent, proposé par Warren Buffett, est abandonné.

« Cette opération, qui s’inscrit dans la continuité des relations entre EDF et Constellation, va nous permettre de renforcer notre engagement à long terme auprès de notre partenaire pour contribuer au développement du nucléaire dans le monde, en particulier aux Etats-Unis », s’est réjoui Pierre Gadonneix. Avec Constellation, le groupe prévoit de construire 4 réacteurs de technologie EPR aux Etats-Unis, à travers leur société commune Unistar. Constellation est par ailleurs associé à Areva dans une autre coentreprise.

L’opération, encore soumise à des autorisations réglementaires, mais pas à l’approbation des actionnaires de Constellation, est un succès pour le PDG d’EDF. Le patron du groupe français avait été parfois critiqué pour son manque d’audace durant la première partie de son mandat, puis persiflé pour ses échecs récents en Belgique et en Espagne. A onze mois de la fin de son mandat, il s’apprête à conclure avec un doublé gagnant, à la fois au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Même si les deux opérations comportent leur lot de risques.
« Une meilleure valorisation »

L’opération annoncée hier correspond dans ses grandes lignes à la proposition présentée par EDF début décembre. Elle consiste à acheter pour moitié les actifs nucléaires de Constellation pour un montant de 4,5 milliards de dollars, incluant un apport immédiat de 1 milliard de dollars. Une nouveauté, cependant : le français offre une ligne de financement de dernier ressort de 600 millions de dollars. Celle-ci est liée à une option permettant à la société américaine de céder jusqu’à 2 milliards de dollars d’actifs non nucléaires à EDF.

« Cet accord donne l’opportunité aux actionnaires de Constellation Energy de bénéficier d’une meilleure valorisation de l’ensemble des actifs de la société », a déclaré Mayo A. Shattuck, PDG du groupe américain. Une référence claire à l’offre de 4,7 milliards de dollars pour la totalité de Constellation proposée par Mid- American, la filiale de l’investisseur Warren Buffett. Les actionnaires, très réservés, devaient se prononcer lors d’une assemblée générale prévue le 23 décembre. Elle a été annulée hier, MidAmerican et Constellation ayant officiellement résilié leur accord de fusion.

L’accord signé entre EDF et Constellation représente un échec pour le milliardaire américain, qui n’avait pas forcément anticipé un tel revirement. En septembre, Constellation avait en effet soutenu son offre alors même qu’elle valorisait la société un tiers de moins qu’une première offre de 6,2 milliards de dollars faite au même moment par l’électricien français. Warren Buffett repart toutefois avec de solides indemnités. Par ailleurs, MidAmerican reste actionnaire à hauteur de 9,9 % de Constellation, qui demeurera coté en Bourse.

Pour gagner les faveurs de sa proie, EDF a accepté plusieurs gestes, qui incluent des investissements de plus de 50 millions de dollars dans des activités environnementales ou caritatives, ainsi que le déménagement de son siège social américain dans le Maryland, où est installé Constellation. Une démarche qui sera sans doute appréciée par l’Etat en question, qui dispose d’un poids important pour les autorisations réglementaires ainsi que la régulation locale du marché.

THIBAUT MADELIN


Une petite remarque , skapad

EDF avec 49.99 % des parts semble avoir accepté quelques compromis à faire fuire le milliardaire américain WB une fois de plus, et si les courbes photographiées de Constellation Energy sont justes, effectivement M.A.S peut contenir son sourire car de bénéficier ainsi des largesses de EDF, et du silence des politiques français sur l’appètit de croissance internationale de cette entreprise EDF qui est déjà lourdement endettée !

Messages