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Ecole : François Fillon accélère la manoeuvre

Publie le vendredi 18 février 2005 par Open-Publishing

François Fillon passe le turbo. Soucieux d’éviter un enlisement
des débats au Parlement face à la grogne des lycéens et enseignants à
quelques mois du référendum sur le traité européen, le gouvernement a
déclaré l’urgence sur le projet de loi sur l’école mercredi, déclenchant les
foudres de l’opposition.

Régulièrement utilisé par le gouvernement sur les textes importants, ce
procédé permet d’éviter de trop nombreux allers et retours entre l’Assemblée
et le Sénat. Les débats se limitent ainsi à une lecture dans chaque chambre,
suivie d’une commission mixte paritaire pour trouver un compromis et de
l’adoption définitive.

Or, François Fillon veut aller vite. Il souhaite faire voter sa réforme à
l’Assemblée le 2 mars, avant l’examen au Sénat autour du 22-23 mars. Il
table sur une adoption définitive "fin mars", afin qu’une partie des mesures
entre en application dès la rentrée 2005. Manière aussi d’éviter que la
grogne des lycéens et enseignants ne vienne alimenter le camp du "non" à
l’aube du référendum européen.

Après les manifestations qui ont réuni mardi quelque 50.000 personnes à
Paris et Bordeaux, les syndicats d’enseignants et de lycéens devraient se
joindre à l’appel interprofessionnel à la mobilisation lancé pour le 10 mars
sur la défense des 35 heures, de l’emploi, des salaires et du code du
travail. La FIDL a également appelé les lycéens à manifester le 8 mars.

La déclaration d’urgence a en tout cas déclenché les foudres de la gauche,
qui a multiplié les demandes de suspension de séance. "Ça change la donne",
a protesté le chef des députés PS, Jean-Marc Ayrault. "Ça fait sans doute
tache dans le contexte politique actuel qu’une discussion s’éternise un
peu", a ironisé la députée PS Martine David, dénonçant la "brutalité" du
procédé. Mardi, François Fillon avait toutefois observé devant quelques
journalistes que, pas plus que le gouvernement, le PS ne voulait d’une
"situation qui s’envenime durablement" et qui pourrait fragiliser le "oui"
au référendum.

Après avoir opéré un recul tactique sur le bac, le ministre a fait une
nouvelle concession mercredi en annonçant qu’il accepterait un amendement
UMP sur les cours d’éducation physique et sportive. Celui-ci stipule que le
sport restera une discipline obligatoire au brevet, alors que le
gouvernement voulait laisser le choix. "Nous n’allons renoncer à aucune
matière, à aucune discipline, à aucun élément de programme", a-t-il
certifié.

Les députés devaient entamer l’examen des 62 articles mercredi soir et
achever leurs travaux au plus tard vendredi. Ils devront examiner pas moins
de 450 amendements, dont plus d’une centaine du PS, une quarantaine du PCF,
14 du gouvernement, une vingtaine de l’UDF et une vingtaine des Verts. (AP)