Accueil > En Allemagne, La Gauche s’estime plus contrôlée que l’extrême droite (video)

En Allemagne, La Gauche s’estime plus contrôlée que l’extrême droite (video)

par Michel VERRIER

Publie le jeudi 16 février 2012 par Michel VERRIER - Open-Publishing
2 commentaires

Une chaîne humaine de 15 000 participants, relayée par des barrages de manifestants, a contraint à nouveau lundi 13 février l’extrême droite allemande à interrompre prématurément son rassemblement annuel de Dresde, dans le Land de Saxe, en ex-RDA.

Depuis 2005 les groupes néonazis et le NPD (Parti national-démocratique allemand), représenté par huit députés au Parlement régional, tentent de détourner la commémoration du bombardement allié qui rasa la ville en 1945. Manifestant « contre l’oubli », contre « l’holocauste des bombes », ils assurent que les bombardiers britanniques auraient fait 300 000 morts, alors que le chiffre officiel des victimes est de 25 000.

Ils font face à la résistance de tous ceux qui veulent garder Dresde « nazifrei » , libre des nazis, et dénoncent les mensonges de l’extrême droite. Car Dresde était bien un fief des nazis et des SS. Ils parvinrent ainsi en février 2011 à interdire les rues de la ville aux manifestants d’extrême droite en les bloquant sur le parking de la gare.

Des députés du parti « Die Linke » sous surveillance

Mais le parquet de Saxe accuse les manifestants antinazis de se réunir plus pour la confrontation avec les néonazis que pour la commémoration du 13 février. « Comme les hooligans lors des matchs de foot », a souligné un procureur dans la presse locale. Surtout, il considère comme un délit le blocage d’un rassemblement autorisé par les tribunaux.

Le bras de fer de Dresde était d’autant plus attendu cette année qu’il se double d’une confrontation entre les autorités judiciaires, les services de police et de renseignements, et certains initiateurs du rassemblement, appartenant notamment au parti Die Linke (La Gauche). Gesine Lötzsch, sa co-présidente, a participé lundi au rassemblement. Elle est sous surveillance des services de renseignements intérieurs (Verfassungschutz).

Vingt-sept des soixante-seize députés fédéraux du parti, qui regroupe les sociaux-démocrates sortis du SPD avec Oskar Lafontaine et les successeurs du parti dirigeant de l’ex-RDA, sont aussi sous observation permanente. Les premiers sur la liste sont Gregor Gysi, chef du groupe au Bundestag, mais aussi Petra Pau, vice-présidente du Parlement. « Les services sont mabouls », s’insurge Gregor Gysi.

Recours devant les tribunaux

La remarque fait d’autant plus mouche que l’Allemagne est encore sous le choc de la découverte en novembre dernier des crimes de la cellule « nationale-socialiste clandestine ». Trois jeunes originaires d’Iéna en Thuringe (le Land voisin) ont assassiné huit commerçants turcs et un grec, une jeune policière, perpétrant attentats et hold-up de banque pendant plus de treize ans. Ils semblent avoir totalement échappé à la surveillance de la Verfassungschutz.

Pendant ce temps, les services de renseignements bénéficiaient du feu vert de la justice pour surveiller Die Linke. Bodo Ramelow, chef du groupe parlementaire du parti au Parlement de Thuringe, avait porté plainte en tant qu’élu contre cette surveillance. Le tribunal administratif fédéral l’a débouté en 2010, estimant que le premier paragraphe du programme du parti, qui stipule que ce dernier « aspire à une société socialiste (…), à une autre répartition des relations dominantes de propriété, de décision et de pouvoir » , représente une menace pour la Constitution.

Le même Bodo Ramelow s’est vu retirer son immunité parlementaire en octobre dernier à la demande du parquet de Dresde. Il lui était reproché d’avoir l’an dernier fait obstacle volontairement au parcours de la manifestation d’extrême droite, pourtant autorisée par les tribunaux. Il avait alors participé au mur de manifestants bloquant le passage du cortège protégé par la police. « On poursuit les manifestants pacifiques contre les nazis et on laisse courir une bande de meurtriers nazis pendant des années » , s’insurge Herman Schaus, député de Die Linke au Parlement de Hesse.

Les réseaux néonazis ont-ils bénéficié de protection ?

À Iéna, dans la Thuringe voisine, le pasteur Lothar König a vu « défiler en novembre dernier toute la presse allemande à la maison des jeunes » qu’il anime au centre de la ville. Il connaissait bien le trio nazi clandestin. Originaires des grandes barres d’immeubles à la périphérie de la ville, ils faisaient partie du groupe de la « résistance nationale » en Thuringe.

Au début des années 1990, le pasteur, sa fille Katherina, aujourd’hui député régionale de Die Linke, et les habitués de la maison des jeunes, étaient régulièrement victimes des agressions et intimidations de l’organisation néonazie. Le pasteur a été l’un des premiers à se mobiliser contre elle et l’avoir contrainte à se faire oublier, tandis que le trio criminel s’évaporait. Le pasteur et sa fille restent « interdits devant cette froideur avec laquelle ils ont tué leurs victimes » .

Au début des années 1990, les autorités, la Verfassungsschutz, avaient pourtant tous les éléments nécessaires pour les arrêter. « On » a annulé l’ordre au dernier moment, assène le pasteur König. « Qui ? Pourquoi ? Je ne sais pas » , souligne-t-il. Les services de renseignements ont-ils failli ? Les néonazis ont-ils été tolérés, voire protégés ? Le Bundestag vient de constituer une commission d’enquête pour tenter de comprendre.

Des manifestants poursuivis

En attendant, le pasteur König fait face lui aussi aux accusations du parquet de Dresde pour constitution d’une « association criminelle », pour avoir « agressé » les rassemblements d’extrême droite et « porté atteinte gravement à la paix civile ». Il est notamment accusé d’avoir diffusé l’an dernier de la « musique provocatrice » avec la sono de la camionnette de la maison de la jeunesse.

Il s’insurge particulièrement contre une perquisition de son domicile, avec « trente hommes en armes comme si j’étais un criminel dangereux » . « Je suis là pour faire connaître la parole du Christ » , insiste-t-il. Il risque dix ans de prison. Lundi, il manifestait à nouveau à Dresde contre les néonazis.

http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/En-Allemagne-La-Gauche-s-estime-plus-controlee-que-l-extreme-droite-_NP_-2012-02-14-768532

Portfolio

Messages

  • La grosse teutonne protège ses possibles soutiens contre Die linke.

    Une Europe qui force les grecs a faire rentrer des ministres d’extrême-droite dans le gouvernement sans élections, en France le pouvoir UMP drague ouvertement les fachos et remet en cause un référendum avec l’aide des socialistes car le résultat ne leurs plaisait pas, en Espagne le PP est aux affaires et bon nombre d’anciens franquistes se retrouvent dans ses rangs et vire un juge qui voulait enquêter sur les crimes du franquisme, elle est belle l’Europe du fric et des droites ultra-réactionnaires.

    Une Europe sans démocratie ou les fonctionnaires de la commission commande aux élus, ou les futurs responsables du MES (Mécanisme européen de stabilité) n’auront de compte a rendre a personne, l’immunité de ces personnes est dans le texte que s’apprête a voter les pays européens.

    La banque centrale européenne (BCE) qui ne peut pas prêter directement au pays de la zone, mais doit passer par les banques a qui elle prête a 1%, et ces banques font la culbute en reprêtant au pays a des taux de 2, 3, voir même 4%.

    Des parlements nationaux aux ordres de Bruxelles, ceux-ci n’ont plus aucun pouvoir de décisions concernant leurs politiques économiques, mais font semblant d’avoir encore un peu de pouvoir pour mieux entuber les électeurs.

    Des chefs de gouvernement liés aux banques de spéculation (Goldman-Sachs, Merrill-Lynch, ... etc) et la cerise sur le gâteau est que le président de la BCE, Mario Draghi est un ancien de Goldman-Sachs, son ex-employeur et celui qui est en train de faire couler la Grèce après avoir aidé avec d’autres banques internationales, différents gouvernements grecs a trafiqué les chiffres économique du pays.

    Le futur de l’Europe sera le capitalisme pur et dur avec des politiques ultra-droitiéres si nous ne réagissons pas tout de suite, demain il sera trop tard, les grecs nous montrent la voie a suivre .

  • Eh ! OUI ? Lorsqu’on a pas la conscience tranquille on craind tout et même les vieilles lunes ? Et si les Allemands de l’Est venait à se souvenir de la "feu-RDA" ? Le BEBE a été jeté avec l’eau sale de la baignoire, et s’il s’était réincarné ?