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"En soutien aux saboteurs", et communiqué SUD Rail : "à qui profite le crime ?"
Publie le vendredi 23 novembre 2007 par Open-Publishing3 commentaires
On nous rapporte des actes de sabotages concertés sur les voies ferrées [1], le jour même où les représentants syndicaux trahissent symboliquement les revendications des grévistes organisés en assemblées générales, à savoir le refus d’allonger la durée des cotisations de retraites.
Il me semble que le message est clair vis-à-vis de ces prétendus représentants et qu’ils l’ont très bien compris.
Mais ces actes ne sont pas très populaires. On ne touche pas à l’outil de travail. Même en en étant l’esclave chaque jour, quelque chose de sacré émane de la machine devant laquelle on s’incline respectueusement, en attendant la parousie de la technologie débarrassée de sa gangue capitaliste ou néo-libérale. La technologie n’est pas l’ennemie mais seulement les rapports hiérarchiques au principe des organisations du travail dans l’économie marchande, cela est parfaitement connu. Donc ces sabotages n’en sont pas, il s’agit d’une tromperie organisée pour décrédibiliser le mouvement de grève. Et pour le camp adverse, qui crie encore plus férocement sa haine, on réclame plus d’automatisation des métros, des trains, des signalisations, afin de rendre techniquement impossibles ces actions de résistance à l’avenir. En fait tout le monde est d’accord : il y a encore trop de vie humaine là-dedans.
Pourtant, le passage de 456 700 agents SNCF en 1939 à 167 000 aujourd’hui n’est pas sans rapport avec l’automatisation d’une part, et la nécessité d’une mise à la retraite d’office dès 55 ans, afin d’absorber progressivement cette diminution de main d’oeuvre [2]. Cela continue aujourd’hui avec le remplacement des guichets humains par des bornes et des services Internet. Cela n’est donc pas sans rapport avec la nécessité de financer ces retraites précoces par les prélèvements de l’Etat, nos impôts ayant finalement servi à rendre possible cette radicale baisse des effectifs. Bref, des choix par défaut ont été faits de remplacer le travail humain par des automatismes, ici comme ailleurs, mais personne ne semble vouloir en assumer les conséquences.
Reprenant la terminologie gouvernementale, les médias présentent le mouvement de grèves et de sabotage en terme de :
1- "Régimes spéciaux", alors que le sous-emploi des plus de 55 ans est commun à l’ensemble des salariés (37,3 %), et qu’il suffit de réfléchir deux secondes pour s’apercevoir que le financement des retraités SNCF à partir de 55 ans joue le même rôle que le financement de l’assurance chômage, des départs en préretraite, des fonds de retour à l’emploi des seniors, etc., pour le restant des salariés de plus de 55 ans. L’augmentation de l’âge du départ à la retraite ne résout rien, absolument rien.
2- "Exactions" pour qualifier le sabotage de quelques dispositifs techniques, alors que notre impuissance vis-à-vis de cette gigantesque infrastructure de transport en commun n’a jamais été aussi manifeste qu’à l’occasion de sa défaillance actuelle. Le constat de notre dépendance radicale est commun aux usagers et aux travailleurs des transports, simples rouages passifs dans une vaste mécanique économique qui nous dépasse.
La réclamation d’un service public pour tous et fiable est dérisoire, elle évite d’avoir à se confronter à la dure réalité de notre impuissance politique, de notre incapacité à se représenter autant le fonctionnement du macro-système ferroviaire que de l’usine à gaz des retraites dont notre futur dépend pourtant. À force d’avoir tout délégué sans possibilité pratique de contrôle (et cela n’est pas une question de privé vs. État), nous ne pouvons maintenant que revenir à l’essentiel et prendre acte de l’opacité des conséquences de nos actes, au travail ou en tant que simple usager ou consommateur.
La prise d’autonomie des assemblées générales vis-à-vis des bureaucraties syndicales est une première façon de réagir à ces mécanismes de délégations sans responsabilité possible. La dégradation volontaire du travail, le freinage, le perruquage, en sont d’autres. N’en déplaise aux tenants du respect inconditionnel de l’outil de production, tout cela relève du bon sens et d’un refus instinctif de notre condition partagée de rouage économique.
[1] "La direction de la SNCF a annoncé ce matin qu’une « action coordonnée de sabotage » avait eu lieu sur quatre lignes à grande vitesse (TGV) des réseaux Est, Atlantique, Nord et Sud-Est, « destinée à contrer la reprise observée des trafics », la CGT condamnant vivement toute « exaction ». Le secrétaire d’Etat aux Transports, Dominique Bussereau, a qualifié ces actes d’ « exactions graves et condamnables », refusant toutefois d’utiliser le terme de sabotage, alors que les responsables de la CGT, Bernard Thibault et Didier Le Reste (cheminots), ont également condamné ces actions.", Libération, 21/11/03
[2] "Le régime de retraite des cheminots", Sud Rail, 21/09/07,
http://www.sudrail.org/communiques/210907_1.pdf
le mercredi 21 novembre 2007
par un salarié du secteur privé
Source :
– http://www.decroissance.info/En-sou...
Communiqué de SUD Rail - 21/11-07 :
Des actes qui n’aident pas le mouvement des cheminots.
Nous avons appris par la presse les d’exactions commises à la SNCF ; le n° 2 de l’entreprise, M. Pépy, parlant même d’actes de sabotages concertés. Les cheminots, assurant tous les jours la sécurité des usagers, en connaissent trop l’importance pour s’adonner à des actes pouvant mettre en danger autrui.
Pour l’heure, il n’existe aucune preuve que ces actes soient le fait de grévistes ou même de cheminots. Nous appelons donc la direction à un minimum de prudence dans ses déclarations. Nous appelons également le président de la république à cesser de criminaliser le mouvement responsable des cheminots comme il l’a fait hier au Congrès des Maires, en appelant au maintien de l’ordre public. Mettre de l’huile sur le feu ne ferait qu’alourdir un climat déjà tendu.
Pour SUD-Rail, l’important est le mouvement de grève collectif des cheminots pour obtenir réponse à leurs revendications qu’apporteront ou non le gouvernement et la direction de la SNCF cet après-midi.
Pour SUD-Rail, la question à se poser est : "à qui profite le crime ?". A l’évidence, ce ne sont pas les grévistes qui, au matin de l’ouverture des négociations après 8 jours de grève, en sont les bénéficiaires.
Messages
1. "En soutien aux saboteurs", et communiqué SUD Rail : "à qui profite le crime ?", 23 novembre 2007, 11:09
A qui profite le crime ?
1. "En soutien aux saboteurs", et communiqué SUD Rail : "à qui profite le crime ?", 23 novembre 2007, 11:26
Mais qu’attend SUD RAIL pour condammner ces actes ???????? D’où qu’ils proviennent, il faut condammer ces actes, c’est la moindre des choses.
Daniel le cheminot
2. "En soutien aux saboteurs", et communiqué SUD Rail : "à qui profite le crime ?", 23 novembre 2007, 15:44
Oui "à qui profite le crime ?", c’est la question qu’il faut se poser. C’est trop gros pour que ce soit les cheminots. Ils vont tout de même pas se saborder tout seuls, c’était pas dans leur intérêt. Les cheminots ont le respect de leur outil de travail, comme des usagers, on peut leur faire confiance là-dessus et c’est déjà énorme.
J’aurai tendance à croire que ça vient d’en haut, que le temps des barbouzes est revenu, pour casser un mouvement, ayant pour tribunal sans appel l’opinion publique. Mais comme des types chelous ont été pris la main dans le sac, et en plus aucun n’était cheminot, ça enlève la suspicion qui pesait sur les cheminots. Et c’est tant mieux pour eux. Alors, j’espère que les syndicats CGT, SUD, etc, porteront plainte pour dégradation de leur outil de travail, et la mise en danger des usagers.
Alors, oui "à qui profite le crime ?". C’est ce qu’on aimerait savoir, nous.