Enfermé à Tripoli, Muammar Kadhafi s’accroche au pouvoir

Le dirigeant libyen perd chaque jour du terrain. Après l’est du pays, des villes de l’ouest sont sous le contrôle de l’opposition. À Benghazi, un gouvernement intérimaire a été formé.

Dernière manœuvre de Muammar Kadhafi, retranché probablement dans une caserne de la ville parmi ses derniers partisans et sa garde prétorienne, celle de faire croire qu’il maîtrise encore une situation qui, à l’instar d’une anguille, lui glisse entre les mains. Son fils Seif el Islam s’en est chargé samedi, affirmant que la «  situation est excellente  ». Or, après l’est du pays – Benghazi, Tobrouk et toute la Cyrénaïque – sous un contrôle total de l’opposition, ailleurs, notamment autour de Tripoli, ça commence à sentir le roussi pour le dictateur libyen et ses proches. À Tripoli même, plusieurs quartiers de la ville sont en situation insurrectionnelle. Autour de la capitale, des combats font rage à Zouara, Zaouiyah et Misrata, troisième ville du pays, où des mercenaires ont été héliportés pour tenter de la reprendre : samedi, ils n’ont pas hésité à tirer sur la foule participant aux obsèques de nombreux civils. Zaouiyah, sur la route menant de la frontière tunisienne à la capitale libyenne, est tombée hier aux mains de l’opposition.

En outre, aux défections de militaires de plus en plus nombreux, un gouvernement intérimaire, composé de personnalités civiles et militaires, dirigé par l’ancien ministre de la Justice Mustapha Abdel Jalil, a été formé à Benghazi. L’ex-ministre, qui avait démissionné le 21 février pour protester contre «  l’usage excessif de la force  » contre les manifestants, a exclu toute négociation avec Muammar Kadhafi lui permettant de quitter le pays, estimant que le «  guide  » doit être jugé en Libye.

Conséquences de cette situation, un exode massif de travailleurs immigrés de toutes nationalités fuyant la Libye. Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR), ils seraient «  près de 100 000  » se répartissant entre la Tunisie et l’Égypte. Pour la seule journée de samedi, plus de 10 000 personnes ont transité par le poste frontière tunisien de Ras Jedir. Plus au sud, des réfugiés commencent à franchir la frontière algérienne. Plusieurs pays membres de l’UE, dont la Grande-Bretagne, l’Italie, la Suède, ont envoyé des avions pour rapatrier leurs ressortissants. De son côté, l’Algérie a envoyé un car-ferry vers le port de Benghazi où plusieurs centaines d’Algériens attendent leur rapatriement.

http://www.humanite.fr/27_02_2011-enferm%C3%A9-%C3%A0-tripoli-muammar-kadhafi-s%E2%80%99accroche-au-pouvoir-466148