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Erika : "Mystères autour d’une cargaison" (France3) remet à plat le dossier
Publie le dimanche 4 février 2007 par Open-PublishingCerte, il y’a la problématique des "navires-Poubelles" dans l’affaire de l’Erika. Celle-ci sera d’ailleurs largement évoquée lors du procés qui s’ouvre le 12 février à Paris. Mais il existe de nombreuses zones d’ombre dans le dossier. Un exemple, celle portant sur la nature de la cargaison du tanker maltais.
Aujourd’hui, les doutes continuent de subsister, surtout depuis les révélations des journalistes d’investigation de France 3, Willy Colin et Antoine Placier, c’était en décembre dernier dans l’émission de France3 Ouest "Les clefs de l’info". Ayant suivi l’affaire depuis sept ans, et au terme d’une très longue enquête, ils ont découvert que Total a mis en fabrication et chargé sur le tanker maltais un second produit - Une quantité de 4 000 tonnes -. L’ordre de charger est venu d’un trader travaillant pour Total à Londres. Celui-ci aurait contourné les procédures habituelles. D’origine anglaise, il a refusé d’être interrogé par les enquêteurs français et quitté Total quelques semaines après la catastrophe pour rejoindre le groupe ENEL en Italie, celui-là même qui avait commandé les 31 000 tonnes de fioul à Total.
Par ailleurs, toujours selon les journalistes, un des experts ayant participé à l’enquête judiciaire, affirme que l’analyse certifiant le produit de l’Erika se trouve être beaucoup trop sommaire. Elle ne permet pas d’affirmer à 100% qu’il s’agissait bien d’un fioul lourd N°2.
Une ou plusieurs substances (additifs), n’entrant pas dans la composition d’un fioul lourd classique, peuvent être présentes dans la cargaison. Elles suffiraient à faire de ce fioul lourd n°2, un déchet. Or, ces substances - hormis une seule, le chlorure - n’ont jamais été recherchées.
Du coup, à la veille du procès de la catastrophe, l’on reparle de "Déchets Industriels Spéciaux", dont le transport est fortement réglementé. La compagnie Total, se serait-elle livrée à une activité frauduleuse ? La question a le mérite d’être posée, d’autant que la raffinerie des Flandres à Dunkerque d’où est parti l’Erika, a été stopée 4 mois durant l’année 1999. "Un arrêt de maintenance" qui a généré un tonnage important de déchets, sans parler des boues de fonds de bac accumulées au fil des ans - L’entretien de ces réservoirs n’a pas été constant dans la période d’avant 99, selon un ancien salarié de la raffinerie - Rappelons que tous ces produits noirs non-valorisables doivent être éliminés dans un centre agréé. Le coût pour s’en débarasser est très élevé.
L’enquête des journalistes a depuis été diffusée dans « Pièces à Conviction » le vendredi 26 janvier, un programme national de la chaîne. Elle est désormais disponible sur internet dans le site de France 3. L’émission animée par Hervé Brusini a été enregistrée une semaine avant sa diffusion. Parmi les invités, il y’avait Dominique Voynet (Ministre de l’environnement au moment de la catastrophe) et Pierre Guyonnet, le conseiller spécial du PDG du groupe Total Thierry Desmarest.
Selon l’agence Bretagne Presse, les interventions d’après reportages ont été houleuses. Le responsable de Total a qualifié l’enquête du journaliste W.Colin "d’histoire", "de roman" fabriqué de toute pièce (Les témoins de l’enquête - des salariés de Total - n’étant pourtant pas des personnages imaginaires..). Autre fait rapporté par l’agence de presse bretonne, et qui en dit long sur le mécontentement de Total : Alors que le document était en cours de montage à la mi-janvier, Total a tenté d’en perturber sa diffusion. Des responsables de la firme se sont présentés au siège de France-Télévision pour rencontrer la direction du groupe. En vain.
Ce travail d’investigation met également en exergue des pratiques tout à fait singulières au sein du monde pétrolier.
Le lien : http://programmes.france3.fr/pieces-a-conviction/27721667-fr.php