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Espionnage et ingérence des services secrets marocains en Belgique et aux Pays-Bas

Publie le mardi 16 février 2010 par Open-Publishing

extrait du rapport 2008 de la Sûreté de l’Etat belge (équivalent de l’ex-DST française)

Espionnage et ingérence
Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA)

D’autre part, les tentatives d’ingérence ou d’espionnage en Belgique de la part de services de renseignement d’un pays de la zone MENA font l’objet d’une surveillance particulière. Il ne s’agit pas à proprement parler, pour les pays qui nous occupent, d’activités qui présentent une menace pour la Belgique au sens strict du terme. L’objectif n’est en effet pas de nuire à notre pays mais
bien, pour certains pays, de contrôler et de surveiller leur communauté à l’étranger.

L’étranger est traditionnellement considéré comme un éventuel “nid d’opposants” qui représente ou est susceptible de représenter une menace pour la mère patrie. Il convient de préciser à cet égard que ces activités, qui peuvent être assimilées à des activités de renseignement, revêtent un caractère clandestin et se font à l’insu des autorités belges.

Le travail de suivi d’une diaspora n’est pas le seul axe choisi par un service étranger.

Celui-ci peut également se livrer à des manoeuvres de lobbying ou de diplomatie parallèle, parfois assimilables à de l’ingérence. Ce faisant, il entend pousser une communauté à défendre les intérêts de son pays d’origine, parfois au détriment de ceux de son pays d’accueil, l’idée étant de rappeler qu’une communauté doit avant tout allégeance à son pays.

Mentionnons par ailleurs que, compte tenu de la présence de nombreuses institutions internationales, y compris les institutions européennes, Bruxelles est un lieu propice aux manoeuvres de diplomatie parallèle de la part de certains pays ou mouvements visant à défendre des intérêts propres.

Ceci n’est pas spécifique à certains pays de la zone MENA mais vaut également pour d’autres Etats.

Le Maroc peut être cité à titre d’exemple afin illustrer ce travail d’activité de renseignement par un service étranger vis-à-vis d’une communauté en Belgique. En 2008, la Sûreté de l’Etat a demandé le rappel de trois officiers de renseignement, travaillant sous couverture diplomatique à l’ambassade du Maroc, en raison des activités clandestines de renseignement qu’ils menaient en Belgique.

extrait du rapport annuel 2008 de l’AIVD (homologue néerlandais de la Sûreté belge et de l’ex-DST) (traduit du néerlandais par PYL)
page 46

5.3 Maroc
L’attention du service de renseignements marocain se porte surtout vers les processus de radicalisation, la prévention d’attentats au Maroc et l’affiliation à des groupes oppositionnels interdits au Maroc. L’AIVD a constaté que le service de renseignements marocain a tenté de construire un réseau d’information aux Pays-Bas. Ce service a également tenté d’accéder à des banques de données confidentielles. Dans ce but, le service de renseignements marocain a, en 2008, recruté des fonctionnaires de police néerlandais d’origine marocaine. Sur dénonciation de l’AIVD, un certain nombre de diplomates marocains en poste aux Pays-Bas ont été rappelés au Maroc. La Chambre des députés a été informée par courrier au sujet des activités des services de renseignements marocains aux Pays-Bas. (Kamerstuk 2008-2009, 28844, nr. 25)