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Europe : M. Thibault mis en minorité au comité confédéral de la CGT

Publie le jeudi 3 février 2005 par Open-Publishing
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Le "parlement" de la centrale a opté pour le rejet du traité constitutionnel européen alors que le secrétaire général ne voulait pas donner de consigne de vote.

de Rémi Barroux

Ambiance de crise à la CGT. A l’occasion de son comité confédéral national (CCN) qui s’est réuni, mercredi 2 février et jeudi 3 février à Montreuil (Seine-Saint-Denis), la centrale syndicale devait prendre position sans ambiguïté pour un "non" au projet de traité constitutionnel.

Après plusieurs heures d’un débat tendu qui s’est fini tard mercredi - 98 demandes d’intervention ont été enregistrées -, le parlement de la CGT a adopté, dans un vote indicatif, l’amendement suivant : "Le CCN se prononce pour le rejet du projet de traité constitutionnel."

Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, n’a pas convaincu ses cadres du bien fondé de la position arrêtée par la direction de la confédération. Dans le texte soumis aux membres du CCN - composé des dirigeants des fédérations professionnelles et des unions départementales, ainsi que des membres de la commission exécutive et du bureau confédéral qui n’ont pas le droit de vote -, la formulation se voulait plus prudente : "Une majorité de militants qui ont participé aux débats organisés par la CGT jugent que ce traité reste très éloigné de ses aspirations."

Par 74 voix pour, 37 contre et 5 abstentions, le CCN a, lui, décidé de se prononcer pour le rejet. "Il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt, explique Jean-Christophe Le Duigou, secrétaire confédéral, il s’agit bien d’une consigne de vote."

Et d’une crise, selon lui, remettant en cause quinze années d’évolution de la CGT conduite par Louis Viannet puis Bernard Thibault, et caractérisée par l’intégration de la centrale ouvrière dans la Confédération européenne des syndicats et la volonté de rompre avec le syndicalisme d’hier, celui qui, notamment, avait appelé à repousser le traité de Maastricht en 1992.

UN MESSAGE "EXPLICITE"

De fait, la volonté de la direction de ne pas donner de consigne de vote, tout en critiquant le projet de traité, semble battue. Si la décision finale, qui devait intervenir dans la matinée de jeudi, confirmait le choix du CCN, le désaveu serait important pour M. Thibault.

Ce dernier aura mis en effet tout son poids dans la balance, invoquant, dans une intervention "très forte"de l’avis de plusieurs participants au CCN, la "démocratie" et la "démarche syndicale" qui devraient être celle de la CGT.

Beaucoup de syndicats sont arrivés mandatés pour un "non" cégétiste au traité, les cheminots, l’agroalimentaire, la FERC (enseignement, recherche et culture), la chimie et nombre de fédérations des services publics. La majorité des unions départementales (UD) étaient sur la même position, dont Paris, les Bouches-du-Rhône, le Nord, la Seine-Saint-Denis...

A l’opposé, des fédérations du privé comme la métallurgie, le textile ou le commerce, ainsi que des UD de Bretagne ou de Poitou-Charente se sont prononcées pour qu’il n’y ait pas d’indication de vote.

Parmi ceux qui ont mené l’offensive, certains voulaient minimiser, jeudi matin avant la reprise du CCN, la portée d’une telle décision. "Il s’agit de définir la position la plus claire et la plus explicite en tant qu’organisation syndicale", confiait ainsi Didier Le Reste, le responsable de la fédération des cheminots, dont est issu le numéro un de la CGT. Mais, ajoutait-il, "il n’est pas dans nos priorités de dire aux gens ce qu’ils doivent voter".

La partie initiale du texte de la direction indiquant que chacun demeurait "libre, en tant que citoyen, de son opinion définitive et de son suffrage", devrait être ainsi maintenue dans la version amendée par le CCN. De quoi, peut-être, permettre à chacun de trouver position à sa convenance. "Beaucoup souhaitaient une consigne plus claire", faisait valoir une dirigeante confédérale.

Le message est néanmoins explicite. Les syndicats de la CGT peuvent s’engager résolument dans la campagne pour le "non" et Bernard Thibault se retrouve en difficulté.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-396709,0.html

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