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Fac Strasbourg : blocage, occupation active et politique
Publie le samedi 21 février 2009 par Open-PublishingLa lutte continue sur Strasbourg !
Nous étions donc 5 à 6000 à défiler avant-hier sur Strasbourg, c’est-à-dire une des plus grosses manifs de province. Il y avait autant de monde à Bordeaux et Marseille. Nous sommes la septième fac bloquée et occupée. Ainsi donc, pour une fois, Strasbourg est une des villes-chaudes du mouvement à l’heure actuelle. Je dis cela non pas pour s’autosatisfaire, mais pour souligner l’importance au niveau local de l’impact de ce mouvement où, enfin, on n’est pas en décalage de trois semaines par rapport au reste du pays, bien au contraire.
Environ 60 000 personnes ont défilé dans toute la France, dont 30 000 à Paris.
La réigion parisienne a un peu de mal à se mobiliser, sortant à peine des vacances, avec des AG encore timides à Nanterre, par exemple. Etant donné cela, et pour contrer la censure médiatique tout en appelant à un mouvement global contre le gouvernement en parallèle aux guadeloupéens, 200 camarades investissent et occupent sauvagement la Sorbonne jeudi soir. Presque aussitôt, le quartier Latin est bouclé militairement par les CRS et gendarmes mobiles qui donnent l’assaut à 1h du matin, chassant par la force les occupants.
Sur Strasbourg, après la manif, la deuxième nuit d’occupation se déroule sans problème. Le Comité d’Occupation s’est donc directement réuni pour structurer et politiser l’occupation qui se doit d’être active.
Vendredi 20 février, le Comité d’Occupation se réunit à trois reprises : 10h, 13h et 20h (pour le blocage, la journée et la structuration, et la nuit).
On commence à mettre en pratique et appliquer cette volonté d’occupation politique et active. Et ça marche !
Des groupes de travail se sont mis en place, des équipes de ronde avec talkies-walkies ont été faites, un frigo a été installé ainsi que deux plaques chauffantes et une grosse casserole, la "charte" de structuration politique de l’occupation a été décidée collectivement et affichée. Pour ma part, je suis très enthousiasmé de ce début de mouvement très porteur et productif : là localement, en deux jours, on a fait bien mieux que lors du CPE en deux mois.
D’autant plus enthousiasmé que cette réalisation d’une occupation active n’est pas l’oeuvre des "professionnels" de la lutte (peu de NPA, UEC, FA, UNEF et ceux qui sont présents ne le sont pas en tant qu’orga) mais bien des camarades motivés eux-mêmes qui apprennent par la pratique l’autogestion réalisée et la politisation de l’espace. Ca fait vraiment plaisir. Les gens se prennent en main, s’autonomisent individuellement et collectivement ; on voit qu’au fil des luttes et des années, on tire les leçons des expériences de chacun, ce qui permet un véritable échange et une véritable élaboration collective.
De plus, en général, le contact avec les gens "lambdas" qui découvrent le blocage et l’occupation est plutôt positif. Seuls quelques abrutis fanatiques et hystériques se sont groupés et ont tenté de débloqué en force, vers 13h.
Par ailleurs, si lors du CPE la fac a été occupée deux mois, il n’y a jamais eu de blocage réel et effectif. Tandis qu’en ce moment, le blocage est efficace, solide, réel : toutes les portes annexes qui donnent vers l’extérieur (une quinzaine) sont barricadées, les accès aux autres bâtiments à partir du hall du patio sont barricadés ; il n’y a quasiment plus de cours à l’heure d’aujourd’hui.
Vendredi, seul le bâtiment 5 a été forcé et repris par les "lambdas" qui font cours sans chercher à comprendre ce qui se passe. Mais le lieu a été reconquis et libéré par les grévistes depuis aujourd’hui.
Il n’y a que le grand hall du patio qui est libre de circulation, lieu central et QG de l’occupation active. Le grand couloir du bâtiment 3 avec ses deux étages, qui ont posé tant de problème lors du CPE ont été simplement et purement bloqués et barricadés.
Des chaînes et des cadenas ont été achetés et on a fortifié les points de blocage.
Le vendredi soir, à la troisième nuit d’occupation, on est une grosse centaine à occuper les lieux en début de soirée et une cinquantaine à partir du milieu de nuit. Agréable surprise : pas de beuverie, pas d’alcool, juste un petit groupe qui se boit un pack de binouzes tranquille, mais sinon tout le monde s’active à installer la Cuisine Autogérée, le Point Presse, à faire à manger, à nettoyer, à tourner et vérifier les points de blocage, à parler de la semaine prochaine, etc. Et ceci sans commissions officielles, sans gens élus ou de référents : la rotation des rôles et des tâches fonctionne à merveille. Ce qui me fait surtout plaisir, vu que tout le monde commence à se connaître, c’est la solidarité. Chacun s’aide et s’entraide, la propriété est abolie, tout est à tout le monde.
La charte est également bien respectée, l’amphi 1 est dortoir à partir de 1h du matin, etc.
Vendredi soir à 20H, le Comité d’Occupation décide de suspendre l’occupation de samedi midi à dimanche 14h, car tout le monde est épuisé de la semaine. Le lendemain, on a réglé le contrat avec le premier vice-président.
On s’est également arrangé avec les vigiles et le responsable de la société privée de nettoyage : NOUS nettoyons nous-mêmes le patio, désormais.
La nuit de vendredi à samedi se passe sans aucun problème, dans la joie et la pratique.
Samedi 21février, à 7h du matin, la dernière équipe de ronde de 6h du matin réveille tous les camarades qui dorment, en douceur, un à un. A 7h, on est une grosse vingtaine et une grosse cinquantaine à 8h. Très vite, avec le talkie et les différentes équipes qui tournent, on apprend que certains points sont débloqués, et nous intervenons rapidement, colmatant les brèches. Un seul cours s’est tenu, et à la fin du cours, quatre camarades raccompagnent les gens à la sortie. Sinon, le blocage a été tenu, aucun cours au patio, le fonctionnement institutionnel est brisé, et la vie politique et communautaire réalisée.
Ensuite, nous nettoyons ensembles le patio, puis on a fortifié au maximum les points de blocage avec de très grosses barricades. Nous avons ensuite appelé directement par téléphone le premier vice-président,qui a signé de sa main un contrat quand à notre décision de suspension provisoire.
RENDEZ-VOUS, donc, DEMAIN A 14H POUR LA REPRISE DE L’OCCUPATION et LA PREPARATION DE LA SEMAINE A VENIR.
APPEL EGALEMENT A TOUS LES CAMARADES A VENIR LUNDI A PARTIR DE 7h AU PATIO POUR GERER LA MASSE DES "LAMBDAS" QUI VIENDRONT POUR FAIRE COURS. Il y aura sûrement des tensions et on a besoin de tout le monde.
Sur ce, braves gens,
à demain pour les uns, bon week-end pour les autres,
g.