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Fadettes : Courroye implicitement visé par une nouvelle plainte

par Paris

Publie le vendredi 23 mars 2012 par Paris - Open-Publishing

Cette plainte déposée à Paris intervient quelques heures après l’annulation de la mise en examen du procureur de Nanterre.

Le journaliste Romain Bolzinger a déposé une plainte contre X jeudi en raison de l’exploitation illégale de ses fadettes par la "police des polices" dans le cadre d’une enquête dirigée par le procureur de Nanterre Philippe Courroye. Cette plainte déposée à Paris intervient quelques heures après l’annulation de la mise en examen de Philippe Courroye et de son adjointe Marie-Christine Daubigney dans une autre affaire de fadettes, celle des journalistes du Monde qui travaillaient sur le dossier Bettencourt en 2010.

Elle intervient un mois après que la cour d’appel de Paris a estimé que les réquisitions sur le téléphone de Romain Bolzinger, journaliste à l’agence Tac Presse, faites sans son aval, avaient porté atteinte à la loi sur le secret des sources. "L’arrêt de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris du 24 février 2012 est explicite", peut-on lire dans cette plainte pour "collecte de données à caractère personnel par moyen frauduleux, déloyal ou illicite". "Monsieur Bolzinger a bien été victime d’un tel délit, de manière directe et personnelle", poursuit le texte. "Ses facturations téléphoniques détaillées ont été consultées et exploitées par les services de police sur autorisation du procureur de la République de Nanterre de manière illégale, sans aucun droit."
Secret des sources

L’Inspection générale des services (IGS, la "police des polices") avait requis les factures téléphoniques détaillées de Romain Bolzinger après la diffusion dans l’émission Spécial investigation sur Canal+, en mars 2010, de son reportage intitulé "Les méthodes-chocs des paparazzis". Saisie d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Nanterre, la "police des polices" tentait de découvrir l’identité d’un paparazzi qui monnayait 200 euros avec un fonctionnaire de police une information sur l’immatriculation d’un véhicule appartenant à la journaliste Laurence Ferrari. Les fadettes du journaliste avaient permis de démasquer le paparazzi présumé, qui a été mis en examen pour corruption en mars 2011. Cette mise en examen a été annulée en février au motif que les policiers avaient violé la loi sur la protection des sources.

"Soucieux de faire respecter (...) le principe du secret des sources qui doit être garanti de manière effective aux journalistes dans l’exercice de leur profession, Monsieur Bolzinger sollicite qu’une enquête soit ordonnée afin que les circonstances exactes des faits et les responsabilités individuelles des magistrats et des policiers qui en sont les auteurs et les complices soient établies", relève la plainte.

"On soutient l’action de Romain", a réagi jeudi soir Denis Boutelier, directeur de la rédaction de Tac Presse, par ailleurs "très choqué qu’un magistrat puisse faire appel de telles méthodes pour tenter d’identifier les sources d’un journaliste". Stéphane Haumant, rédacteur en chef de Spécial investigation, l’émission de Canal+, s’est également dit "solidaire" de Romain Bolzinger, dénonçant les "pressions" sur les journalistes. "Ma réaction est un sentiment de lassitude face à des attaques réitérées contre des journalistes qui ont fait leur travail et se retrouvent traités comme des délinquants", a-t-il dit. Quant à Philippe Courroye, il a qualifié vendredi sur RTL ce nouvel épisode de "très beau contre-feu".

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