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Fête de l’Humanité : à gauche rien de nouveau !

Publie le dimanche 14 septembre 2008 par Open-Publishing
1 commentaire

de Julien De Freitas

C’est une fête de l’Huma en apparence comme les autres que nous avons retrouvé cette année. Une fête de l’Huma avec son Ricard, avec ses militant(e)s, avec ses banderolles et ses drapeaux, et avec ses nuits froides ! Pourtant, dans les stands et dans les débats, voire même dans les concerts, un sujet de discussion s’impose : quelle gauche voulons-nous ? Comment le Parti doit-il riposter à Sarkozy ? Qui pour le représenter ? Et surtout comment voir le Nouveau Parti d’Olivier Besancenot, "facteur" d’agacement ou de remise en cause.

Samedi matin déjà, lors d’un débat à l’Agora, trois philosophes s’échangent le micro pour évaluer l’actualité du Manifeste du Parti Communiste, écrit par Engels et Marx en 1848. Quel est notre communisme ? Pour Yvon Quiniou, le manifeste décrit et décompose un "système". Or ce système demeure, et par conséquent son antidote aussi. Et quand un jeune communiste demande pourquoi "aucun leader communiste, PCF ou LCR, n’ose faire campagne sur la collectivisation des biens de production ou sur l’autogestion des travailleurs", Quiniou approuve et en appelle à "une gauche décomplexée", quelle qu’elle soit.

Pourtant, en coulisse, l’appréciation n’est pas la même. Là où les communistes souhaitent du fond politique, les "grand(e)s"s’en réduisent à une lutte primaire. Ainsi, le PCF fait le choix de ne pas convier Besancenot au Forum de la Gauche. Ou peut-être est-ce lui-même qui feint de n’avoir pas reçu d’invitation. Peu importe au final, pendant que la classe dominante poursuit son rouleau compresseur idéologique, les révolutionnaires se contentent de se tirer dans les pattes. A trois mois du Congrès, Marie-Georges Buffet, qui sait sa politique menacée, nous refait le couplet de l’Union de la Gauche, mais en différent : elle a changé le code barre ?

UN P.S. LIBERAL ET UN PCF QUI LUI COURT APRES ?

Car le débat de fond est aussi là. Si les élu(e)s communistes sont incontestablement, et dans leur grande majorité, des militant(e)s dévoué(e)s, quel est le prix de leur action ? Certes, ces élu(e)s interviennent dans les quartiers, militent au quotidien contre l’abandon de la population précaire à elle-même. Pourtant, cela nécessite une alliance de plus en plus insupportable. Or, le Parti Socialiste, auquel a adhéré Cali qui chante le combat des sans-papiers, est toujours le même parti qui avec les lois Chevènement, préparaient le terrain à M. Hortefeux. En plus libéral peut-être ? Si toute la gauche paraît admettre qu’une riposte sociale par l’union "objective" est possible et nécessaire, il n’en est pas de même quant aux perspectives au long terme. Le PCF, déjà en difficulté financière, politique, mais surtout idéologique, est-il prêt à courir à nouveau après la rose, en laissant l’étoile rouge au placard ?

ON NE CHANGE PAS UNE EQUIPE QUI PERD

Le discours final, quant à lui, sème à nouveau le doute parmi les militant(e)s. A la fois l’occasion de réaffirmer des valeurs qui leur sont chères, et celle de rappeler qu’aucune remise en question ne paraît possible pour la direction du PCF. Si le terme "révolution" apparaît à trois reprises, il cotoie le voeu d’une "grande réforme" souhaité par la secrétaire nationale. Manière de donner aux militant(e)s ceux qu’ils attendent, et de rappeler que la politique du PCF n’est finalement qu’affaire d’actualités. Si Mme Buffet regrette la position de contestataire de Besancenot, elle n’apparaît pas pour autant plus concrète. En se résumant à répondre, ou même à riposter à la droite, la gauche perd de vue que là où Sarkozy gagne par dessus tout, c’est sur le fond, sur le terrain de l’idéologie. Le communisme est dépassé, on n’en parle plus. Le capitalisme se maintient, aidons-le à se "moraliser". A cela, le PCF répond qu’il faut augmenter les salaires. Certes, mais encore ? Besancenot appelle à se rassembler. Certes, mais pour quoi faire ?

A l’heure où le terrain des luttes est plus animé que jamais depuis quarante ans, on peut finalement penser que le jour où les communistes cesseront de s’arracher les cheveux et comprendront que c’est en s’affichant ensemble, sur des valeurs réellement révolutionnaires, et autour d’un modèle de société clair et assumé, alors une perspective pourra motiver ces luttes. Et peu importent les Buffet, Besancenot et autres ; ce que de plus en plus de militant(e)s souhaitent, c’est d’abord une perspective crédible.

Messages

  • Le discours final, quant à lui, sème à nouveau le doute parmi les militant(e)s.

    Ca ne devrait pas. Le Discours de la Méthode est très clair et les actes également.

    Les actes surtout. Pourquoi douter ? MgBuffet, F Hollande, C Dufflot. L’union sacrée de la gôche molle centriste droitisante, pour lutter (mais poliment et gentiment) contre sarkozy (ah bon pas contre le capitalisme qu’il incarne et représente ?)

    Allez vive 2012 et l’effondrement TOTAL du PCF et définitif du PCF et le début de la fin pour le PS car le PS VA CREVER AUSSI !

    Comme dit le camarade Le Bris sur un autre fil "camarades du PCf si vous ne voyez pas ce qui se passe depuis quelques temps il faut changer de lunettes"...

    Je passe sur le comportement scandaleusement anti démocratique de ces formations, dont deux au moins sont à 2 ou 3 mois de leur congrès et qui prennent des décisions aussi fondamentales, à quelques semaines de la remise de leurs mandats, sans consulter leurs militants- franchement pour 2012 pourtant, y’a pas de quoi se presser hein ?

    C’est lamentable. Et c’est vraiment la "lutte finale" - mais c’est celle des places.

    LL

    Ps : à part ça très bon article. Bravo.