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France : grève générale dans les raffineries.

Publie le vendredi 15 octobre 2010 par Open-Publishing
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Depuis vendredi matin, l’ensemble des raffineries françaises est en grève.

Ces blocages conjugués à ceux des dépôts et aux actions de la CGT portuaire sur les terminaux pétroliers de Marseille, menacent les approvisionnements des stations-service. Les transporteurs routiers et les industriels pétroliers se préparent à une éventuelle pénurie

Le ton monte dans les raffineries et le spectre d’une pénurie d’essence se dessine plus que jamais. Vendredi matin, l’ensemble des 12 raffineries françaises s’est mis en grève.

La police est intervenue, avec plus ou moins de force, pour permettre le déblocage de plusieurs dépôts (Toulouse, Bassens, Cournon-d’Auvergne et Fos-sur-Mer) tandis que d’autres dans le grand Ouest sont tour à tour bloqués depuis le matin.

"On ne peut pas se permettre une pénurie d’essence, il faut penser à toutes celles et tous ceux d’entre nous qui ont besoin de se déplacer (...), aux entreprises, aux transporteurs routiers, tout ce qui fait la vie de notre pays, d’où ces décisions" de lever les blocages, a expliqué Dominique Bussereau, le secrétaire d’Etat aux Transports.
 
Avec la grève dans les raffineries et le blocage de dépôts depuis jeudi, de plus en plus de stations-service se retrouvent à sec, entraînant aux quatre coins du pays des réflexes de précaution des habitants.

Sur Nantes et son agglomération proche, six des treize stations-service jointes par l’AFP n’avaient plus de carburant jeudi, et une septième n’avait plus que du gazole. Deux des stations encore approvisionnées incitaient en outre à "venir vite", compte-tenu des files d’attente et de l’imprévisibilité des livraisons.

"Il n’y aura pas de pénurie d’essence à la pompe" car "nous avons ce qu’il faut pour au moins un mois", ajoute Bussereau.
 
Déblocage des stocks de réserve.

Cela n’a pas suffi à rassurer les secteurs pétrolier et routier. La Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR) a demandé et obtenu du gouvernement le déblocage prioritaire des stocks de carburant pour faire face à des difficultés d’approvisionnement, ainsi que l’importation de carburant.

Ces stocks correspondent à onze jours de consommation en France. Une demande relayée par l’Union française des industries pétrolières qui réclame également le déblocage des dépôts pétroliers dont l’activité est entravée par des manifestants.

"Il y a d’abord les réserves propres des opérateurs qui représentent entre 10, 12 jours de consommation", a indiqué Dominique Bussereau sur RTL. "Nous avons autorisé les opérateurs à les utiliser. Après, il y a ce qu’on appelle les stocks stratégiques. Si on avait besoin, on pourrait les utiliser, mais nous n’en sommes pas là", a assuré le secrétaire d’Etat.
 
Malgré l’ampleur du mouvement, les industriels du secteur essaient toutefois de temporiser.

"Pour le consommateur, ça ne change rien car les dépôts de distribution continuent à fonctionner", affirme Jean-Louis Schilansky, président de l’Union française des industries pétrolières.

La France compte 219 dépôts de produits pétroliers répartis sur tout le territoire, qui alimentent 12.500 stations-service.
 
Quid de la situation vendredi ?

Pour le groupe TOTAL :

 Les terminaux pétroliers de la Compagnie industrielle et maritime (CIM) du Havre, qui alimentent les raffineries de la vallée de la Seine et livrent les aéroports parisiens. Cinq pétroliers étaient en attente sur rade, au large du Havre.
 La Mède, près de Martigues (Bouches-du-Rhône, 7,7 Mt) quasiment à l’arrêt. L’unité de distillation est déjà arrêtée, faute de brut.
 Grandpuits (Seine-et-Marne, 4,9 Mt) à l’arrêt vendredi
 Donges (Loire-Atlantique, 11,5 Mt) à l’arrêt avant la fin de la semaine. La grève a été reconduite jusqu’à lundi
 Gonfreville L’Orcher (Seine-Maritime, 16,4 Mt) à l’arrêt mardi.
 Feyzin (Rhône) devrait être à l’arrêt "vendredi soir ou samedi".
 
Pour le groupe ESSO :

 Port-Jérôme/Gravenchon (Seine-Maritime, 11,8 Mt) : pas en grève. 
 Fos-sur-mer (Bouches-du-Rhône, 6,2 Mt) : une mise à l’arrêt de la raffinerie n’est pas envisagée bien que l’activité pâtisse du blocage des terminaux pétroliers.
 
Pour PETROPLUS :

 Petit-Couronne, près de Rouen (Seine-Maritime, 7,0 Mt) : la production était toujours réduite au "débit minimum technique" jeudi matin, d’après la CGT.
  Reichstett, au nord de Strasbourg (Bas-Rhin, 4,0 Mt) : le travail se poursuit jeudi. Le brut n’arrive plus et la raffinerie travaille sur ses stocks. Un préavis de grève a été déposé pour vendredi 13h.
Pour LYONDELLBASELL :
 Berre (Bouches-du-Rhône, 6,3 Mt) : fonctionne au minimum technique, devrait commencer sa phase d’arrêt jeudi, selon la CGT.
 
Pour INEOS :

 Lavéra (Bouches-du-Rhône, 9,9 Mt) : en cours d’arrêt. L’unité de distillation est déjà stoppée par manque de pétrole brut.
 Berre (Bouches-du-Rhône) : durement affectée.
 
Les stocks stratégiques pétroliers.
 
Adhérent à l’Agence internationale de l’Energie (AIE) et membre de l’Union européenne (UE), la France est dans l’obligation d’avoir des réserves stratégiques représentant au moins 90 jours d’importation. Elle possède actuellement des stocks équivalant à 98,5 jours de consommation de pétrole, composées à 60% de produits raffinés et 40% de brut.
 
Tous les opérateurs qui commercialisent du pétrole en France doivent fournir l’équivalent de 27% des quantités de produits mise à la consommation l’année précédente au sein d’une réserve gérée par le Comité professionnel des stocks stratégiques pétroliers (CPSSP). Une partie est gérée par la CPSSP, l’autre est conservée à disposition chez les opérateurs.

Ces réserves sont réparties dans 235 dépôts dispersés dans les sept grandes régions françaises (zones de défense). Chaque zone dispose donc de 10 jours de consommation d’essence au minimum. La plus grande réserve est située à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence).
 
Les stocks stratégiques ont un usage uniquement civil. L’armée possède et gère ses propres réserves. En cas de crise locale d’approvisionnement, le CPSSP peut débloquer les stocks en faveur des opérateurs pétroliers. Ces derniers s’engagent à les restituer en moins d’un mois.
 
Seul le gouvernement, après consultation auprès de l’AIE et de l’UE, peut décider du déblocage des réserves. Le dernier recours de la France à ses stocks stratégiques remonte à 2005, après les ravages de l’ouragan Katrina, pour répondre à l’appel de solidarité des Etats-Unis dont les terminaux pétroliers du golfe du Mexique avaient été détruits.

http://info.france2.fr/france/greve-generale-dans-les-raffineries-65353586.html

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