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Francine Blanche, secrétaire confédérale de la CGT : "Inventer une autre façon de vivre dans le monde"

Publie le lundi 9 juillet 2007 par Open-Publishing
5 commentaires

Par Francine Blanche, secrétaire confédérale de la CGT.

Entretien réalisé par Paule Masson

Nicolas Sarkozy répète qu’il va appliquer son programme. La CGT n’est d’accord avec aucune des réformes annoncées. L’incapacité de la gauche à porter des alternatives au libéralisme complique-t-elle l’intervention des syndicats ?

Francine Blanche. Les élections sont un moment important, car elles nous disent où en sont les citoyens. La victoire de Nicolas Sarkozy témoigne d’une progression des idées d’individualisme, de repli sur soi, de rejet de l’autre. Mais le plus inquiétant pour moi, c’est effectivement le manque d’alternatives crédibles pour sortir de cette situation. Une réflexion doit absolument s’ouvrir. Peut-on dépasser la société libérale dans laquelle on vit, peut-on inventer autre chose, et quoi ? Faut-il préserver le capitalisme mais dans une forme moins libérale ou faut-il inventer tout autre chose qui amène une réelle transformation sociale ? Nous, à la CGT, nous voulons transformer socialement la société. Nous sommes donc intéressés de voir quelles forces politiques se penchent sur ces questions. Notre syndicat ne fixe pas son calendrier sur celui des échéances électorales. On veut pouvoir être libre de défendre chaque jour les salariés, quel que soit le pouvoir en place. Mais bien évidemment, dans le débat politique, nous ne sommes pas neutres.

Quel type de réflexion vous semblerait importante à mener pour penser la transformation sociale que vous souhaitez ?

Francine Blanche. Dans les contacts que nous avons avec les partis politiques, j’ai souvent l’impression que des questions fondamentales pour nous ne le sont pas pour nos interlocuteurs. Je pense, par exemple, qu’il est impossible de penser la transformation sociale sans se donner l’ambition de donner plus de droits sociaux et économiques aux salariés dans les entreprises, plus de droits aux citoyens dans la ville et le territoire. Porter des propositions qui contribuent à transformer les rapports à l’intérieur de l’entreprise me semble fondamental. Construire un nouveau statut du travail salarié est urgent et indispensable. Pour le moment, cette exigence est inaudible. Autre exemple. Si nous parlons de l’appropriation sociale de moyens de production, est-ce ou non utopique pour les partis qui se disent de la transformation sociale ? Il y a vraiment des réflexions à confronter.

Pensez-vous que le débat électoral a été à la hauteur sur les besoins sociaux ? Sur le SMIC, par exemple, Ségolène Royal a regretté d’avoir défendu l’idée de le porter à 1 500 euros dans cinq ans.

Francine Blanche. Le débat n’est pas du tout à la hauteur des besoins. Les attentes sociales sont immenses. C’est triste de voir que certains dirigeants se servent de vrais problèmes comme d’un alibi électoral. Le SMIC n’est pas un supplément d’âme mais le salaire minimum qui permet de survivre. La vraie question, c’est comment le porter à 1 500 euros tout de suite. Le vrai débat politique doit parler de la redistribution des richesses. La France est-elle un pays assez riche pour fournir un minimum de 1 500 euros à ses citoyens ? Moi, je pense que oui. Mais, pour y parvenir, en plus de la mobilisation syndicale, il faut aussi de la volonté politique. Et là, ce n’est plus le rôle des syndicats.

Reprochez-vous à la gauche un manque de volonté politique ?

Francine Blanche. Il y a un grand besoin de clarification à l’intérieur de la gauche, il existe des façons différentes de concevoir la société. Il n’y a aucune honte à le dire. Les gens n’aiment pas aller dans une incertitude. Dans les entreprises, ils aiment bien qu’on résiste à un plan de licenciements. Mais, très vite, ils nous disent : « Et vous, la CGT, vous proposez quoi ? » Nous sommes dans l’obligation d’amener, avec eux, des propositions crédibles. La situation est similaire pour les partis politiques. Le monde a changé. La force de Sarkozy est de dire que tout a été essayé et qu’il faut adapter la France à la mondialisation telle qu’elle est. Non, il faut changer la mondialisation. Nous pouvons inventer une autre façon de vivre dans le monde.

http://www.humanite.fr/2007-07-07_T...

Messages

  • C’est aux salariés de dire ce qu’ils veulent, dans quelle société ils veulent vivre.

    Ensuite, il serait peut-être plus judicieux de remettre à plat le "principe d’entreprise", la notion de "patron" et se poser la question fondamentale du "à qui appartiennent les bénéfices de l’entreprise".

    Peut-être qu’un toilettage du contenu du terme "comptabilité" serait nécessaire aussi.

    En fait, il faut faire prendre conscience aux salariés et à l’ensemble des citoyens, que si on ne s’enrichit pas en travaillant, contrairement à ce qu’affirme Sarkozy et le médef, c’est parce que justement le partage des bénéfices ne se fait pas loyalement.

    Si on veut avoir la paix sociale, il faudra bien que ceux qui se croient les grands frères des salariés, je veux parler du médef, devront tôt ou tard lâcher-prise. Maintenant, que le médef apporte la contradiction et nous démontre par "a + b" que les bénéfices ne sont pas le résultat du travail, de la sueur des salariés ! J’attends. GG

  • IL y aurait aussi besoin de "clarification" au sein de la direction de la CGT, et d’une charte de la vie syndicale qu’elle a peu de volonté à faire vivre !

    Je prendrai quelques exemples récemment vécus :
     l’adhésion à la CES, sans aucun débat dans les syndicats
     l’adhésion au CIES, sans aucun débat dans les syndicats
     la présentation plus que positive du TCE faite par les instances dirigeantes de la CGT (invalidée par le CCN) ; Francine Blanche faisait d’ailleurs partie des dirigeants manifestement "verts de rage", qui s’est répandue dans les journaux : quel respect de la "démocratie syndicale" ?
     la dernière mouture des "fiches revendicatives" de la CGT. Quand ont-elles été mises en débat ? Elles ont été certes validées par une majorité du CCN, mais après quel débat au sein des syndicats de la CGT ? Il faut lire le livre de Le Duigou pour en comprendre le sens ? On aurait peine à y lire -sur le fond- autre chose qu’une "adaptation" au capitalisme, et on y lit sans aucun problème l’abandon de certaines revendications phares de la CGT, telle les 37,5 années de cotisation maximum pour une retraite à taux plein (revendication abandonnée dès 2003 par Vladi Ferrier).
    Le comble étant qu’elles sont totalement "fermées", puisque quelques fiches sont encore "ouvertes".
    Quand la "démocratie syndicale" devient la dictature du silence de la majorité

    P. Bardet, militant CGT

  • comme d’habitude les syndicats ferons un semblant de resistance et finirons par signer les salariers n’ont plus confiance dans ces syndicalistes qui ne travaillent pas depuis des annees et se revendiquent des travailleurs