Accueil > Glucksmann est mort 43 ans après Pierre Overney
Glucksmann est mort 43 ans après Pierre Overney
Publie le mercredi 11 novembre 2015 par Open-Publishing2 commentaires
Glucksmann est mort 43 ans après Pierre Overney
En 1979, dans une interview au Nouvel Observateur(1), André Glucksmann faisait l’éloge du « savoir-mourir » de Pierre Overney, militant de la Gauche prolétarienne assassiné en 1972 devant les portes de Renault par un agent de sécurité. 1972, c’était l’époque où les July, Geismard, Glucksmann, Benny Lévy et autres patrons de la GP invoquaient la « résistance » et incitaient à l’affrontement des troupes de militants sincères qui souvent avaient renoncé à toute perspective d’intégration sociale confortable - à la différence de leurs chefs. En 79, Glucksman, loin de faire la critique d’une stratégie politiques et de ses concepteurs, en utilise les conséquences ultimes pour lancer la « nouvelle philosophie », mascarade médiatique censée donner de la profondeur à un phénomène parfaitement vulgaire, le retournement de veste de toute une génération de petits chefs gauchistes. Sept ans après la mort d’Overney, après avoir longtemps appelé à « la résistance » de l’activisme maoïste, Gluscksman garde ce terme, mais ce sera désormais pour désigner la « résistance » des intellos comme lui qui remplacent Mao par Soljenitsyne, et le paradis chinois par celui de l’ « Etat de droit », nom de code de l’OTAN.
Sa mort épargna à Pierrot le spectacle que durent subir ses camarades de la base de la Gauche prolétarienne, quand ils virent la plupart de leurs chefs passer avec armes (le bagout « philosophique » acquis à Normale Sup ) et bagages (leurs réseaux dans les médias et la culture) du côté du reaganisme et du néo-libéralisme. On sait la suite : bâtissant sa fortune médiatique sur une formule publicitaire aussi bête qu’efficace (« le goulag était dans Marx »), néo-conservateur, fan de Marie-France Garaud et de toutes les aventures militaires des Bush père et fils, Glucksmann a fini à la cour de Sarkozy. La longue liste de ses méfaits ne nous fera pas oublier l’infamie inaugurale de cet éloge de 79 du « savoir-mourir », lui qui a survécu 43 ans à un militant que ses semblables et lui envoyèrent à l’assaut d’une société qu’ils ont si bien servi par la suite.
(1) Entretien avec J. Moreau, 9 juin 1979
Messages
1. Glucksmann est mort 43 ans après Pierre Overney , 12 novembre 2015, 13:53, par DF
La chute de l’article est vraiment nulle !!
"un militant que ses semblables et lui (Glucksmann) envoyèrent à l’assaut d’une société qu’ils ont si bien servi par la suite". Je ne connaissais pas Overney mais comme on a, grosso modo, le même âge et le même parcours j’ai une petit idée ce que pouvait être sa vie et son engagement.
Non les jeunes ouvriers de Mai et de l’après Mai 68 n’ont pas attendu l’appel à la révolte d’un tel ou d’un tel pour entrer en action. C’est la force d’attraction de la révolte, violente, des étudiants et de la grève générale qui a poussé des centaines voire des milliers de jeunes prolos dans l’action et non pas les discours de tel ou tel dirigeant. Glucksman et bien d’autres ont retourné leur veste et sont allé à la soupe (comme beaucoup d’autres avant et après) faudrait pas croire que cette désertion a laissé des orphelins sur le pavé. Même si on a pas la façon et le don pour faire des discours ou écrire les choses on arrive à réfléchir tout seul (et aussi avec d’autres) on n’a pas besoin de chef pour partir à l’assaut ou pas. C’est bien le sens d’ailleurs de ce couplet " Il n’est pas de sauveurs suprêmes :
Ni Dieu, ni César, ni Tribun" . Je suis d’accord avec la critique sur le parcours de Glucksmann et consort mais il ne faut pas exagérer l’impact que leur trahison a eu.
1. Glucksmann est mort 43 ans après Pierre Overney , 13 novembre 2015, 18:20, par NOCTURNE
D’accord avec toi en 68 nous pouvions , et nous aurions dut ce passer de ces petits tribuns bourgeois