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Grenoble : Récit d’une journée de manifs étudiantes lycéennes et autres
Publie le mercredi 28 novembre 2007 par Open-PublishingMardi 27 novembre, dans la matinée, quelques centaines de lycéens bougent en ville et tentent de débrayer des lycées. De l’énergie et de la spontanéité, enfin !
A 14h, manif étudiante et lycéenne à la gare. Manif très mal prévue puisque la veille encore presque personne ne savait où et à quelle heure elle aurait lieu. Alors y’a même pas 2 000 personnes, peut-être 1 500...
La manif s’arrête sur la place Hubert Dubedout et bloque le pont de la Porte de France pendant quelques minutes. Et ça repart. Il y a pas mal de lycéens, plus d’énergie que lors des précédentes manifs, même s’il y a moins de monde. Devant chaque lycée et établissement universitaire, on s’arrête et on gueule pour que tout le monde sorte. En vain, la plupart du temps.
Lors de cette manif, les deux seuls drapeaux de l’Unef et du MJS sont arrachés des bras de leurs militants : y’en a marre que ces orgas de merde se fassent leur pub dans ce genre de manif alors qu’il ne font rien dans ces manifs à part tenter de récupérer et endormir le mouvement. D’ailleurs, quelqu’un s’empare du micro de la voiture sono et gueule "Unef-majo casse-toi, casse-toi" et qu’il y en a marre des manifs déclarées (à savoir que Julliard, le chef de l’Unef, vient de sortir "très satisfait" des négociations avec Pécresse, ce qui est bien normal vu qu’il n’est même pas contre la LRU, ni pour aucune des autres revendications du mouvement étudiant - quand aux critiques plus vastes qui émanent du mouvement, il ne veut même pas en entendre parler).
La voiture sono a beau gueuler des slogans comme "tout est à nous, rien est à eux, tout ce qu’ils ont ils l’ont volé - partage des richesses, partage du temps de travail, ou alors ça va péter", on sait très bien qu’avec eux jamais rien ne pétera. Ils cherchent juste à se faire leur place "représentative" dans le petit monde des syndicats étudiants "reconnus" et "responsables" : ceux qui veulent bien négocier.
Arrivée place de Verdun, la manif se termine et une certaine inertie se fait sentir. Personne ne semble "croire" au démarrage d’une manif sauvage. Deux ou trois fois quelques personnes essaient de lancer un mouvement, mais ça ne marche pas. Et un ultime essai est tenté, et ça marche !
100 à 200 personnes partent en direction du centre-ville, par la rue du Général Marchand. Plusieurs slogans sont lancés, notamment en référence aux émeutes de Villiers-le-Bel : "Ils tuent nos frères, c’est la guerre !".
Dans les petites rues du centre-ville (la rue de Bonne est empruntée avant que les manifestants ne bifurquent vers la rue Félix Poulat), l’énergie collective est assez importante. Beaucoup de gens sont masqués et la colère anti-flic s’exprime ouvertement : "Des flammes et du feu pour tous les hommes en bleu !".
Au moins un panneau de pub est explosé, quelques graffitis sont effectués, d’autres slogans fusent, comme le classique "la rue, la rue nous appartient", le très anarchiste "A bas l’Etat, les flics et les patrons" et le moins habituel "Sarkozy t’es comme Hitler, va niquer ta mère !".
Il y a une plutôt bonne ambiance, mais celle-ci retombe un peu sur la rue Félix Poulat, où l’on bloque le tram. Des gens se dirigent vers le Mc Do mais finalement aucune action n’y a lieu...
La manif sauvage est plus calme, là, elle avance jusqu’au croisement place Victor Hugo / boulevard Agutte Sembat et bloque à la fois la circulation automobile et le tram. La police tarde à arriver mais l’inertie de groupe semble ramollir sérieusement les manifestants. Côté boulevard Edouard Rey, quelques flics balancent trois sommations. Il y a des CRS sur la place Victor Hugo et la BAC sur Agutte Sembat. Il y a aussi plein de passants, ce qui rend les choses plus compliquées pour la volaille.
Mais la manifestation paraît de plus en plus mince, donc elle repart vers l’avenue Alsace-Lorraine en direction de la gare. Au croisement du cours Jean Jaurès, il reste moins d’une centaine de personnes, qui bloquent tout de même tram et automobiles à cet endroit. Au bout de quelques minutes, la volaille arrive, la BAC sort ses brassards orange et s’apprêtent à intervenir, mais les manifestants se dispersent à ce moment-là. A priori, aucune arrestation n’a lieu. Quelques dizaines de personnes se retrouvent sur la gare, mais vu l’affluence policière ça m’étonnerait qu’il se passe quoi que ce soit. Il est alors environ 17h, et je me barre.
Demain midi, AG devant l’amphi Weil sur le campus. Une occase supplémentaire de "reconduire" le blocage des facs. Quoi qu’il en soit, le hall sud de Stendhal est occupé, des activités y ont lieu, alors venez ! Le mouvement ne fait que commencer ! Et vu les événements de ce week-end, la "convergence des luttes" devrait être plus que jamais d’actualité !