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Guadeloupe : Qu’on ne serve pas de l’école et des enfants pour faire du chantage !
Publie le mercredi 4 mars 2009 par Open-Publishing2 commentaires
Une fois n’est pas coutume, Chien Créole reproduit un texte déjà publié, en l’occurrence sur le site de l’UGTG ( www.ugtg.org n’hésitez pas à le consulter, on y trouve des interventions très éclairantes). Il s’agit de la retranscription d’un discours prononcé par René Beauchamps,
FRédéric Gircour

René Beauchamp sur le plateau de Canal 10 (photo FG)
Comme vous le savez, depuis deux ou trois jours ces derniers temps, une vaste campagne de propagande a été lancée pour la reprise des cours ; parce qu’ils pensent que la reprise des cours équivaut à la mort du mouvement en cours.
C’est ainsi que les choses ont démarré et c’est sur les enseignants qu’ils mettent le plus de pression
Attention, clament-ils, faute de reprise les élèves ne pourront pas passer leurs examens, échoueront à leurs examens, les dossiers des élèves ne seront pas établis.
Ils tentent donc de jeter le trouble dans les esprits, de déstabiliser les consciences. On a donc vu au journal du soir un individu venu affirmer que la société civile peut continuer le mouvement de grève, mais que l’école doit reprendre pour éviter que les enfants ne perdent l’année scolaire.
Tou sa sé blag a mas !
Nous avons déjà dit que nous ferons des rattrapages et que nous ferons tout ce qu’il faut, tous les sacrifices nécessaires ; quitte à rétrécir les vacances scolaires. Et je le redis, ce ne sont pas des vacances pour nous autres enseignants, mais pour les enfants. Nous ferons donc tout ce qu’il faut ! Et ce rattrapage ne nous gène aucunement, en donnant aux jeunes le temps qui a été "perdu", pour leur permettre de passer leurs examens ou dans la classe supérieure dans de bonnes conditions. Et je rappelle que souvent le temps d’apprentissage ne s’effectue pas sur une seule année, surtout lorsqu’il n’y a pas d’examen, mais que ce temps d’apprentissage se déroule sur deux voire trois années scolaires.
Ce qui signifie que nous rattraperons l’essentiel, et que nous continuerons année après année à renforcer les élèves. Ce n’est pas là le plus difficile !
La tâche la plus difficile concerne les élèves ayant un examen : mais pour eux, nous sommes prêts à tous les sacrifices. Notre conscience est celle de ceux qui luttent contre les pwofitasyon : nous ne sommes pas mobilisés pour faire la moindre pwofitasyon contre les enfants de notre peuple ! Nous ne forons ce qu’il faut pour leur permettre de réussir leur scolarité.
Voilà pour le premier point.
En second lieu, dans le cadre de ces pressions et de ces manoeuvres, nous verrons toute une série de personnages à l’oeuvre : nous avions déjà vu le préfet, puis le recteur...
Aujourd’hui nous avons vu une sorte de chabin a gwo tèt é a gwo vant proviseur du lycée de Baimbridge, venir à la télé pour ordonner aux enseignants de reprendre le travail. Dans la journée il avait téléphoné un peu à gauche et à droite...
Nous leur disons à ces trois là que le travail ne reprendra pas tant qu’un protocole d’accord ne sera pas signé avec le LKP. Car nous le savons : reprendre le travail sans la signature préalable d’un protocole, c’est courir le risque de voir la partie adverse renier, comme il le fait si souvent, ses engagements.
Il n’est donc pas question que nous reprenions le travail sans engagement écrit et signé !
C’est pourquoi, ce matin, au moment de la rencontre avec le recteur, nous lui avons dit Ok pour tout ce sur quoi nous avons trouvé un accord ; ces points seront acté par écrit. Mais tous les autres points de discussion relatifs à l’Education s’effectuant dans le cadre des négociations entre l’Etat et le LKP, seront actés lorqu’ils seront signés dans le cadre de l’accord à venir entre l’Etat et le LKP.
Nous avons donc exigé et obtenu qu’il fasse figurer dans dans notre accord que tout ce qui sera obtenu dans le cadre des négociations globales, sera annexé à cet accord sectoriel.
Tant que ces points n’auront pas été signés, nous ne reprendrons pas le travail. C’est le LKP qui décidera de la suspension du mouvement de grève ; car c’est à l’intérieur du LKP que ces revendications ont été formulées !
Il n’est donc pas question pour le moment de suspendre le mouvement de grève tant que cet accord ne sera pas signé !
Et s’agissant de la fin du conflit, celle-ci interviendra lorsque les 146 points de la plate forme de revendications feront l’objet d’une signature !
C’est cela la réalité !
C’est pourquoi nous disons aux parents : vous n’êtes pas obligés de vous faire du souci, ni de nourrir des craintes. Nous vous demandons de poursuivre ce combat avec nous ! Nous sommes dans la dernière ligne droite. Mais c’est là qu’il faut faire encore plus attention.
Vous avez pu constater que cet après midi, alors qu’aucun accord n’était signé, la Grande distribution a voulu se payer la tête des camarades qui négociaient la baisse des prix de première nécessité...
Nous ne sommes pas fous ! Nous savons que les pwofitasyon touchent tous les domaines ! Tant que les pwofitasyon ne sont pas abolies dans tous les domaines que nous avons identifié, tant que l’accord général n’est pas signé, nous restons en grève ! La grève générale se poursuit ! Nous ne reprenons pas le travail !
Donc, demain mardi 03 mars 2009, les écoles ne fonctionneront pas !
Nous ne cherchons pas à rester éternellement en grève : ce n’est pas notre objectif.
Mais que l’on ne serve pas pas de l’école, de nos enfants pour faire du chantage aux enseignants ! Nous ne l’accepterons pas ! Car ça aussi, c’est une pwofitasyon !
Ansanm ansanm nou ka lité, Ansanm ansanm nou ké gannyé !
Jou nou ké mété a jounou, pôkô vwè jou !
Kenbé rèd !
(Allocution de René Beauchamp)
Messages
1. Guadeloupe : Qu’on ne serve pas de l’école et des enfants pour faire du chantage !, 4 mars 2009, 18:35
Encore bravo pour cette juste appréciation de la situation. Tous les moyens vont être utilisés par le gouvernement et ses commanditaires du Medef pour diviser la population et mater la révolte afin de renier tous les engagements pris. Le même chantage a déjà été utilisé, hélas avec succès, lors de la dernière grande grève dans l’éducation nationale. Je redirais la même chose aujourd’hui : il est préférable de "perdre" une année de scolarité (encore pourrait-on s’interroger sur le terme) plutôt que de collaborer à faire perdurer un système moribond qui engendre de telles inégalités et de telles souffrances à l’échelle de la planète. A quoi bon dans ces conditions passer des examens si c’est pour aller grossir les rangs des chômeurs qui n’en finissent pas d’augmenter. Et ce n’est malheureusement pas prêt de s’arrêter.
2. Guadeloupe : Qu’on ne serve pas de l’école et des enfants pour faire du chantage !, 6 mars 2009, 15:05
il vaut mieux perdre une année que sa liberté ,la liberté de se rebeller ,les seuls qui perdent dans une grève générale ce sont les patrons encore bravo pour votre combat
un jour on lira peut être : " grève générale sur la métropole la contagion s’étend et déjà on compte plus de 10 millions de grévistes dans tous les secteurs publiques et privés ...."
pierrot (coco libertaire)