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Guerre et médias, bataille de liberté
Publie le mardi 4 juillet 2006 par Open-Publishing1 commentaire

de Giuliana Sgrena traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
"Libérez Giuliana, libérez l’Irak" : 500.000 personnes sont descendues dans la rue à Rome avec ces slogans, le 19 février 2005. Grâce aux grandes mobilisations, en Italie et ailleurs, et aux tractations de Nicola Calipari, moi, je suis libre.
Notre engagement doit maintenant se concentrer sur la libération de l’Irak. Un premier pas sera le retrait des troupes italiennes. Ceux qui sont descendus dans la rue pour me libérer ne l’ont pas fait, je pense, que pour des raisons humanitaires et pacifistes, mais aussi avec la volonté de défendre une information libre. Débat qui traverse l’Europe, et les Etats-Unis aussi, où l’information sur la guerre est, à de rares exceptions près, blindée.
Lors de mon récent voyage à New York - par ailleurs la ville la plus libérale des Usa - j’ai pu constater des changements à l’intérieur des rédactions de networks importants pendant la guerre en Irak : craintes des journalistes de parler de questions embarrassantes pour le gouvernement, différence entre les éditions locales et internationales de ces mêmes network. Et pourtant des exceptions de taille ne manquent pas, comme celle de Democracy now, d’Amy Goodman qui a fait une grande place dans son émission à ce qui m’est arrivé. Mais les quelques journalistes qui sont restés en Irak sont embedded, ceux qui circulent ne sont presque que des irakiens, avec des risques graves, même si, souvent, ils ne sont pas comptabilisés dans les listes des victimes qui, selon des données récentes diffusées par eux mêmes, seraient au nombre de 144. En occident, nous en étions restés à 90 environ.
Dans les débats de ces derniers mois, j’ai pu constater cette soif de « nouvelles » chez un public qui n’est plus disposé à accepter une information homologuée. J’ai pu constater aussi l’appréciation de mon travail et celui de mes camarades du manifesto. Ceux qui sont descendus dans la rue pour me libérer soutenaient aussi la liberté d’information que il manifesto a toujours représenté et risque de ne plus pouvoir représenter. La dure expérience que j’ai faite n’a pas changé mes convictions sur la façon de faire de l’information : sur le terrain, avec les gens, pour donner la parole à ceux qui risquent d’être étouffés par le fracas des armes. Cette même conviction que nous avons toujours partagée au manifesto. Et qui est appréciée non seulement en Italie mais à l’étranger aussi, jusqu’aux Usa.
Pour que ce travail puise continuer, il faut cependant un nouvel engagement de nous tous et surtout de la part de ceux qui soutiennent cette anomalie représentée par il manifesto. Qui, pour une grande part, sont aussi ceux qui se sont engagés pour ma libération, en Italie et à l’étranger : en Europe, dans le monde arabe, en orient comme en occident. Finalement, le devoir est maintenant moins difficile que celui de février 2005 - il suffit d’un peu d’argent et de l’engagement de la rédaction d’être à la hauteur de la confiance qui lui est accordée- mais le défi est bien plus ardu.
Chers amis,
Le quotidien il manifesto a de graves problèmes financiers et risque de disparaître.
"Nous risquons de fermer, nous avons des difficultés à payer nos salaires depuis février : histoire particulière d’un journal libre face au marché, une anomalie mondiale." (les rédacteurs avec qui j’ai parlé gagnent 1200 euros environ).
"Un quotidien libre, autofinancé, sans patron, sans parti et lancé sur la base d’une souscription. Il manifesto quotidien, toujours libre, dure depuis 35 ans" (Rossana Rossanda, fondatrice avec Luigi Pintor du journal quotidien, en 1971.)
La campagne de souscription lancée depuis quelques semaines a pour but de "trouver tout de suite des ressources extra-ordinaires pour équilibrer les flux financiers, pour assumer la dette et avoir de l’argent pour investir".
Le journal a toujours eu des périodes de crises, porté par ses abonnements et des campagnes qui, jusqu’à présent, ont permis de poursuivre ; la dernière avait été lancée en novembre 2005, avec un objectif de 7000 abonnements ; actuellement il y en a 5.892 ( kiosque, poste ou Internet). L’année 2005 s’est terminée sur une moyenne très honorable de 29.000 exemplaires quotidiens vendus, "grâce à des événements comme l’enlèvement de Giuliana Sgrena ou peut-être même la mort de Jean-Paul II"...( !). Cete fois la crise semble être plus grave, à cause de l’arriéré de la dette.
Si certains d’entre vous veulent témoigner leur gratitude pour le travail accompli et leur soutien, vous pouvez envoyer votre contribution (et vos encouragements) au journal ; vous trouverez les rubriques nécessaires sur :
Pour ceux qui ne lisent pas l’italien, vous pouvez m’écrire et nous verrons ensemble comment faire parvenir messages et dons au journal (qui publie en dernière page toutes les contributions reçues).
Si chacun de nous prend la peine de faire parvenir ne serait-ce que quelques euros, ça peut constituer une aide non négligeable ; et venant de l’étranger, ce sera un soutien d’autant plus apprécié par les camarades d’ il manifesto, qui savent (certains d’entre eux, au moins) que leurs articles sont traduits et diffusés. Toute aide peut être décisive.
Merci
Marie Ange Patrizio
marie-ange.patrizio@wanadoo.fr...
Messages
1. > Guerre et médias, bataille de liberté, 4 juillet 2006, 14:12
Guerre et liberté de la presse ?
très beaux principes, mais Madame Sgrena s’est autorisée à préconiser la partition de l’Irak : curieuse rencontre avec le projet de l’occupant.
Nous aurions aimé qu’elle nous donne le point de vue de la Résistance irakienne sur le sujet : au nom de la liberté....
Anne-Marie.