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Guggenheim-Bilbao et Pompidou-Metz

Publie le mercredi 19 mai 2010 par Open-Publishing

Écrit en 2005 :

« Krens [directeur du Guggenheim] essayait de muer le capital symbolique en capital financier et vice-versa, comme si c’était la chose la plus facile au monde que de déplacer ses actifs d’une colonne à l’autre. Il était bien tombé à Bilbao, grâce en partie à la finesse de l’architecte, en partie grâce à un soutien financier considérable, et encore en partie parce que, comme la Banque mondiale, il pouvait se payer le luxe de dédaigner les données culturelles et économiques de son propre succès. Mais il se comportait comme si les résultats obtenus à Bilbao pouvaient se reproduire à perpétuité. Ces conditions étaient encore favorables aux USA en dépit de la compétition des autres musées ; elles étaient mixtes au Pays basque espagnol. Elles risquaient l’incendie dans d’autres pays où le rôle politique des musées n’était pas une chose à balayer sous le tapis, où les visiteurs en puissance risquaient fort d’être antipathiques, où le gouvernement ne serait pas aussi accommodant et où l’architecture risquait de s’octroyer un rôle persuasif impossible à réaliser. C’est bien ça, pourtant, le projet : on fourre un taudis-Gehry dans le premier bled venu, et après on n’a plus qu’à se casser tandis que les joyeux paysans s’attroupent à la caisse. Et s’ils ne viennent pas c’est parce que c’est des terrorisques. »

Paul Werner "Museum, Inc, Inside the Global Art World." Paru en France sous le titre « Musée et Cie : Globalisation de la Culture. »

Citation (avec permission), p. 56