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Halte au centralisme au ministère de l’enseignement supérieur !
Publie le mardi 13 janvier 2009 par Open-PublishingHalte au centralisme au ministère de l’enseignement supérieur !
Le 6 janvier dernier, la ministre de l’enseignement supérieur a chargé Bernard Larrouturou, ancien directeur du CNRS, d’une « mission sur l’évolution des établissements universitaires parisiens, notamment dans le cadre de la mise en oeuvre de la loi sur l’autonomie des universités ». Les trois alibis de cette mission seraient ainsi : l’amélioration des conditions de vie des étudiant-e-s, la structuration et le regroupement des établissements « dans la logique des pôles de recherche (...) afin de renforcer leur visibilité internationale », et enfin « les opérations immobilières à engager dès 2009 ».
De fait, si l’on évoque les conséquences de cette mission du point de vue des étudiant-e-s parisien-ne-s, plusieurs inquiétudes peuvent être mises à jour :
- une amélioration des « conditions d’études » n’est pas un problème purement parisien : ceci nécessiterait un réinvestissement massif de l’état dans les CROUS sur l’ensemble du territoire, pour garantir un accès large aux logements étudiants, aux restaurants universitaires, et envisager une refonte globale du système d’aides sociales
- le regroupement des établissements dans la logique de la loi LRU, à Paris comme ailleurs, laisse à supposer qu’ils ne s’effectueront pas sans diminution des effectifs, ni sans coupes budgétaires (au détriment des conditions d’études) puisque l’annonce récente du budget 2009 de l’enseignement supérieur a été l’occasion pour de nombreuses universités de constater que leur budget diminuait et que des emplois étaient supprimés en leur sein
- enfin, le fait d’envisager dans l’urgence des opérations immobilières dès cette année laisse à présager que nombre de bâtiments situés dans le centre parisien pourraient être revendus pour laisser la place aux spéculateurs immobiliers plutôt que de garantir des conditions d’études et de recherches correctes
Si les étudiant-e-s parisien-ne-s ont donc toutes les raisons d’exiger des clarifications sur cette mission, et doivent plus que jamais rester vigilant-e-s quant aux recommandations qui sortiront de cette étude, les étudiant-e-s de province doivent aussi plus que jamais faire entendre leur voix ! La simple création de cette mission permet à chacun-e de constater que le ministère entend bien réaliser ce que les étudiant-e-s dénoncent depuis maintenant plusieurs années : il s’agit ici de créer des pôles d’excellence, dont l’accès serait réservé aux plus fortuné-e-s, et de délaisser les « petites » universités de province. A terme, la logique de ces pôles induit nécessairement le renforcement d’un centralisme territorial et le délaissement progressif des universités de province.
Nous estimons que :
- l’amélioration des conditions d’études doit être posée de manière égalitaire sur l’ensemble de l’hexagone, et passe d’abord par un réinvestissement public massif dans les CROUS
- les universités doivent disposer de financements publics répartis de manière égalitaire, en Bretagne ou en Corse comme à Paris, condition sine qua none de la garantie d’un accès égale aux études pour toutes et tous.
Les orientations qui sous tendent la création de cette mission ne sont pourtant pas marginales, dans la mesure où elles découlent explicitement d’une logique à l’oeuvre depuis la mise en place de la loi LRU. Cette annonce traduit une nouvelle fois la nécessité pour les étudiant-e-s de faire entendre leurs revendications face aux politiques anti-sociales du gouvernement, en rejoignant l’appel des organisation syndicale pour une mobilisation inter-professionnelle à partir du 29 janvier.