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Hirsch, prosélyte ou laïc ?

Publie le mercredi 11 mars 2009 par Open-Publishing
6 commentaires

Par Michel MENGNEAU

Ce propos n’a aucunement pour but de faire un procès d’intention à Martin Hirsch, d’autant que les constations qui m’ont amené à avoir des suspicions sur la parfaite partialité d’esprit de ce monsieur pourraient aussi y inclure l’ineffable Christine Boutin. Seulement voilà, Hirsch s’occupe plus particulièrement de la jeunesse, donc une matière malléable, c’est pourquoi je me suis intéressé à lui.

Je vais probablement en faire hurler plus d’un, mais je considère la charité organisée, médiatisée, plus particulièrement celle qui est confessionnelle comme un cache misère servant d’alibi à un système ne répondant pas, et ceci en toute connaissance de cause, aux désidératas du peuple et surtout à la misère des couches les plus défavorisées de nos sociétés. A tel point d’ailleurs que les œuvres caritatives se trouvent dans une situation absolument hallucinante avec la crise car elles reçoivent de moins en moins de dons alors que le nombre de précaires et de miséreux augmentent exponentiellement. On s’aperçoit là de l’aberration du système. Sans parler de la dégoulinante charité biseness, hyper médiatisée, à l’image du show des restos du cœur, du téléthon, j’en passe et des meilleurs, qui me donnent des haut-le-cœur tant il indécent de faire appel sur l’air des lampions à la charité publique alors que ces problèmes qu’elles tentent d’estomper sont, du moins devraient être, de la responsabilité de la collectivité et surtout de l’etat. Vous me direz, eux au moins ils font quelque chose ! Piètre consolation, qui ne résout rien, et qui de plus cache la réalité. A tel enseigne que lorsque Coluche fonda les restos du cœur son sentiment était que cela serait provisoire, le pauvre ne saura jamais que nombre d’années après il faille encore faire un récital de chanteurs payant ISF pour faire rentrer du pognon afin de nourrir les plus pauvres.

Donc, si je ne jette pas inconditionnellement la pierre à ceux qui font quelques efforts pour soulager la misère humaine, je leur ferais remarquer toutefois qu’il y a d’autres combats plus justifiés qui eux sont primordiaux pour enrayer le mal vivre. C’est par là, en mettant sa notoriété au service de la destruction du capitalisme par exemple, que l’on peut aller vers la disparition des inégalités.

La charité confessionnelle n’échappe pas à ce constat et de plus y associe, s’appuie sur le religieux qui va puiser là avec ostentation une sorte de bonne conscience. C’est probablement le principe le plus hypocrite, dont l’église catholique est coutumière et le meilleur exemple, qui le plus souvent sous couvert de l’aide apporté en profite pour promouvoir une foi allégorique. Qu’on le veuille ou non, cela s’appelle du prosélytisme. J’entends déjà les naïfs s’écrier, oui mais l’abbé Pierre, sœur Emmanuelle, sont des cas particuliers dans l’église et leurs positions n’est pas dans la droite ligne d’un œcuménisme bien marqué. Certes, mais c’est là que ces francs-tireurs sont intéressant pour l’image de marque de l’église qui peut afficher ainsi un pluralisme de bon aloi à la face du monde. Tromperie qui laisse l’illusion d’un monde de bonté et de tolérance que quelques faux marginaux servent à merveille. D’ailleurs, les mêmes naïfs me ferons remarquer : « Oui, mais chez Emmaüs c’est pas pareil tout le monde peut venir, sans distinction de religion ou autre et il n’est pas question de conversion ! ». C’est l’apparence que cela donne car déjà le nom d’Emmaüs ne peut échapper à sa référence biblique, qui de plus est associé à communauté. Donc insidieusement le religieux s’introduit par la force des choses parmi les membres de la communauté. Si le prosélytisme n’est pas ouvertement affiché, il est de toute évidence rampant. Rien d’étonnant, ces gens là sont coutumiers de se genre d’attitude ou ils s’abrogent des qualités et des droits usurpés. Il m’a d’ailleurs été donné de lire récemment sous la plume d’un missionnaire qu’il était un éducateur, ce qui m’a fait bondir, car enseigner le catéchisme n’est pas à ce que je sache un acte éducatif mais celui d’un prosélyte. C’est donc dans ce petit monde que Hirsch avait sévi pendant un certain temps avant de devenir Haut commissaire à la jeunesse, et c’est cela qui m’inquiète.

Déjà il nous avait gratifié d’un RSA qui n’est qu’une fausse bonne idée et dont on s’aperçoit que sa mise en place est en train plus ou moins de foirer. Comme son patron, pas rebuté par la dureté de la tache, ce monsieur qui est fertile en innovations à l’image de son mentor va donc s’attaquer aux problèmes récurrents de la jeunesse avec un programme baptisé F.O.R.C.E. S.

Forces : F pour formation, 0 pour orientation, R pour ressources et résidence, C pour citoyenneté et culture, E pour emploi, S pour santé. C’est le programme pour la jeunesse avec, autour de la table, soixante personnes. Partenaires sociaux, collectivités locales, confédérations étudiantes, associations de jeunes.

Je ne doute pas que les participants vont être triés sur le volet, la question se pose : sur quel volet et quels critères pour l’ensemble et particulièrement pour : « citoyenneté et culture » qui sont des sujets délicats où le mélange des genres favoriserait un choix idéologique mis au service de la Laïcité positive à la Sarkozy. On se souvient du dérapage verbale et nauséabond de l’Intronisé du Latran …

Dans la transmission des valeurs et dans la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé, même s’il est important qu’il s’en rapproche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance. ».

Donc avec le passé de Monsieur Hirsch, le déviationnisme de son patron, je suis dubitatif sur le plein respect de la laïcité que l’on voudra inculquer aux jeunes, connaissant leurs façons de faire il se pourrait que la Laïcité fût dévoyée…

Restons vigilant car si Force dans son ensemble est seulement un effet d’annonce comme c’est souvent le cas avec les innovations de Sarkozy, il n’en reste pas moins que l’on pourrait assister à des atteintes à la Laïcité par le biais de ce programme, et c’est sans doute la seule chose au travers des faux-semblants qui ne sera pas une allégorie !

Messages

  • Article bien vu. Quelques détails supplémentaires :

    L’église fait la charité, mais surtout, elle s’est toujours battue, (et avec Jean-Paul II oh combien victorieusement !), pour que le monde ait toujours plus besoin de charité.

    En 1976, j’ai fait parti des pauvres cons qui menaient une campagne dite "cahiers de la misère et de l’espoir" pour alerter sur le retour de la grande pauvreté après quelques courtes années d’accalmie. Tous les "enfoirés" qui font la charité à grand spectacle depuis 1984 se sont foutus de nous à l’époque. Une de leurs phrases mémorables : "Marchais se prend pour Zola" (Ah, Ah, Ah !) Il ont réagi 8 ans plus tard quand il a été clair que ça allait faire des morts.

    Question, enfin, à propos des même "enfoirés", qui, à mon avis, sont vraiment des enfoirés : sachant qu’ils ont presque tous soutenu Sarko en 2007, quelle infime partie de ce que leur a rapporté le bouclier fiscal donnent-ils aux restos du coeur ?

    Eglises et "enfoirés" même combat : ils sont d’autant plus pour la charité qu’ils sont contre la justice sociale (et fiscale).

  • Bien que beaucoup, de choses dans cet article m’aient choqué, je ne répondrais que sur un point. Vous trouvez le nom d’EMMAÜS trop tendancieux alors que dire des noms de villes, villages, lieux dits portant le nom d’un saint (sainte foy...Saint Maur... saint Ouen...) d’une édifice (sainte mère l’église..., le temple de vaux...) sans parler des rues, des places...
    Y voyez vous là aussi du prosélytisme. Faut il tout changer Et pourquoi, si l’on pousse le raisonnement jusqu’au bout, admettre des noms de personnalités qui auraient eu aussi des idées très engagées mais qui ne seraient pas les nôtres !
    Il est plus facile de critiquer que d’aider quotidiennement sur le terrain. Une page vide sur laquelle vous déversez votre rancoeur ne vous lancera jamais à la figure le désarroi de certain et une main tendue à cet instant est plus bénéfique à une personne en souffrance que tous les beaux articles dont vous devez être très fier !

    • Je ne repondrai pas à la place de Michel Mengneau mais en tant qu’athée convaincu mais tenant compte de l’histoire, je fais avec.

      Par contre je suis issu d’une famille dont la mère a connu l’extrème pauvreté (pas manger à sa faim) et dans son héritage elle m’a appris à me méfier des curés, des assistantes sociales et des "membres d’organisations caritatives" qui en fin de compte n’ont d’autres buts que de "t’aider à survivre" et non pas à vivre dignement.

      Je fais parti d’une génération pour qui le "cathé" était obligatoire et le seul qui soit venu me "balancer" c’est le curé qui a débarqué à la maison pour dire à ma mère que je séchais et que lorsque j’y venais je foutais la merde.

      Jamais aucun prof, ni instituteur, même le plus réac, n’aurait osé faire ça.

      C’est aussi pour cela que j’approuve cet article.

    • des assistantes sociales

      je suis pas trop d’accord ! "y’en a des biens !"

       :)

      lire "le peuple d’en bas" de Jack London

    • Je n’ai pas prétendu que le nom d’Emmaüs était tendancieux, mais biblique. Cela étant dit, j’ai toujours été choqué que l’on accolât le nom de Saint à des individus qui soi-disant auraient fait des choses surnaturelles, et par la même occasion que l’on en affublât maintes villes et villages me semble dérisoire. Dérisoire, aussi la conception du mot Saint qui dans la réalité ne veut rien dire et ne représente rien.

  • Bonjour. Je ne ferai pas l’effort de me hisser à la hauteur de votre prose. Par contre, je vous invite à vous rendre dans des communautés Emmaüs, à rencontrer des compagnons, à discuter avec eux de ce qu’ils vivent et pensent, notamment sur leur sentiment envers la religion au sein des communautés. L’idée que vous vous en faites changera peut-être... Il est évident que ce ne sont pas les grands phénomènes médiatiques qui sont dans la Vérité mais bien ceux qui vivent cette pauvreté et qui la côtoient. N’oublions pas la misère intellectuelle, qui est la pire !
    Et pour terminer, je peux peut-être vous aider en corrigeant vos fautes d’orthographe avant que vous ne publiez un texte.
    Belle journée