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Histoire d’un Français ordinaire ?

Publie le lundi 11 octobre 2010 par Open-Publishing
1 commentaire

de FH

Mouloud H. est foncé, Mouloud H. est fiché.

Mouloud H. est fatigué, parce qu’il est toujours contrôlé (son physique le rend irrésistible). Mouloud H. est déprimé (ce n’est pas réservé qu’aux autres), parce qu’il comprend que le mot réhabilitation est inconnu des services de police.

Mouloud H. sait qu’il n’a pas eu un comportement exemplaire, qu’il a commis des erreurs, qu’il n’a plus droit à l’erreur, mais l’incarcération n’est pas un tribut suffisant.

Parce qu’il est connu des services de police, il ne mérite ni vouvoiement, ni présomption d’innocence, il n’a le droit qu’au "tu" et au "tais toi", il est de toute façon coupable d’être un foncé fiché.

Convoqué, il est nécessairement gardé à vue, toute autre forme d’audition étant exclu.

La provocation, l’acharnement, l’accablement, l’humiliation, la violence verbale, les menaces (comprendre techniques modernes d’investigation) ne sont pas des délits, il les encaisse sans contrôle jusqu’au dérapage qui augmentera le chiffre d’affaires attendu et utilisé par l’Intérieur.

Une interpellation musclée (comprendre 4 minimum contre 1, le un étant Mouloud H. en cas de doute) le rend responsable de violences contre les représentants de l’ordre et son opposition est qualifiée de rébellion.

Mouloud H. a beau tenter d’expliquer ce qui s’est passé et pourquoi le ton est monté, mais qu’importe, Mouloud H. ment même quand il dit vrai, Mouloud H. est de mauvaise foi puisque les procès verbaux de police font foi.

Le baveux à l’audience n’a pas le choix s’il veut économiser des mois à son client : il n’insistera pas sur le curieux mal de tête curieusement gonflée et bleuie de Mouloud H. résultat d’une simple discussion animée à la suite d’une délicate et courtoise interpellation.

Mouloud H. aurait dû rester poli (comprendre se taire), acquiescer purement et simplement aux chefs de prévention reprochés, et tout ce serait bien passé.

Mouloud H. sait qu’il passera de nouveau par la case départ PRISON, la rue de la PAIX lui étant interdite.

Mouloud H. ravale sa douleur en exécutant sa peine se rajoutant à celle de la garde à vue, sa haine attisée par le système et ses dérives.

Mouloud H. n’a pas confiance, la société n’a pas confiance, et l’histoire recommencera avec au milieu une Justice qui n’en rend pas et un Intérieur qui continuera de le traiter de racaille au motif qu’il ne trouve pas de travail (malgré son physique irrésistible), n’utilise pas un langage châtié (parce que l’éducation n’est plus nationale), et continue de résider chez ses parents, les seuls qui ne le rejettent pas malgré son casier qu’ils portent comme une croix.

Le débat sur l’Avocat et la Garde à vue n’est pas suffisant, pourquoi pas des caméras ou une l’exigence de la présence d’un tiers chargé de contrôler des dérives qu’il convient d’arrêter de faire semblant d’ignorer.

Il faut aussi débattre des comparutions immédiates (ou bureau de placement en détention), de la société et de son fonctionnement (discrimination à l’embauche, marché du travail…).. la liste est sans fin en réalité.

Le problème au milieu de tout ça, est que les victimes ne sont pas seulement celles qu’on croit.

My name is Mouloud H, Français, foncé et fiché.

Messages

  • excellent et édifiant , qu ’on pourrait un peu rapprocher de celui-ci

    il s ’appelle Samir (*)

    on le connait bien à l’UL CGT de Porto-Vecchio, il a eu des soucis avec un employeur aux méthodes douteuses et nous l’avons épaulé dans ses démarches ,qui ont toutes les chances d’aboutir favorablement.
    un type sympathique ,souriant et pas peureux.

    L’ autre jour sur son nouveau lieu de travail ,un de ses potes lui laisse un message :

    " la police de l’air est passée aux caravanes , ils étaient sept ,ils te cherchent. "
    comme il est logé par son nouvel employeur ,il ne passe plus trop au camp où ils etaient tous entassés ,dormant dans des caravanes délabrées et dans leurs voitures ,revers du clinquant de notre cité du bord de mer qui se voudrait Jet -Set mais n’ est qu ’une vieille mère maquerelle ,maquillée comme un carré d’As.

    Un peu inquiet , il appelle notre secrétaire pour lui en parler. Mais puisqu’il est en règle ,il veut se presenter de lui-même à la police. notre secretaire propose donc de l’accompagner.

    Direction la gendarmerie.

    "ah non ! nous c ’est pas la police ,ces affaires là c est la police de l’air et des frontières , faut aller à Figari , à 40 km "

    Pas de soucis ,le duo se met en route.

    Sur place ,les deux membres présents s’avèrent accueillants. controle du passeport ,de la carte d’identité ,tout est en ordre pour eux.

    "mais ..et la visite des sept agents ? demande le secretaire de l’ UL ?
    ça c ’est Ajaccio ,ils ne nous préviennent pas quand ils font une opération ....il faudrait revenir demain ,c ’ est rien de grave juste un controle sur le passeport "
    Rendez-vous est pris pour le lendemain .

    Puisqu’il s’agit d’un contrôle de routine et que notre secrétaire ne pouvait pas se libérer ,ils tombent d’accord pour que Samir revienne seul .

    Le voici donc ,dans les locaux...

    Deux heures d’attente..

    Deux voitures arrivent ,en sortent sept personnes.

    "bon faut controler votre passeport , il y a un problème de fraude ..

    Samir leur remets ses papiers ,tranquille ,il est en règle.

     ce passeport est faux , je m ’ y connais ,ça se voit de suite...

     comment faux ? mais j ’ai la carte d’identité qui va avec...

     ça veut rien dire et puis faut aller controler votre domicile venez avec nous jusqu aux caravanes..."

    et hop ! tout le monde en bagnole..40 bornes "tendues" arrivés sur place ,sortie des agents ,mains sur leurs armes à la ceinture...

    "bon on va jeter un oeil dedans , on cherche des pistolets et des mitraillettes , t ’as pas des potes à Al Quaîda au moins ?"

    fouille rapide ..

    rien ...évidemment .

    "bon faut qu’on t’emmene à Ajaccio pour tout vérifier.

     Ajaccio ? mais c est a 2h30 de route .et mon travail ? et pour rentrer ?

     ton boulot tu verras ça avec ton patron et pour le retour tu n’auras qu à prendre l’avion d’Ajaccio à Paris et Paris Figari..

     et payé par qui ?

     ça c’ est ton problème ! allez en route.

    oui , en route ,tendue la route.

    Surtout quand les deux véhicules s’arretent en pleine foret , qu ’un des passager sort avec la main sur son arme ( intimidation ? nooon ,voyons il parait que les écureuils Corses ont des pistolets ,des mitrailletes et des potes chez Al Quaida.a moins que pour pisser le symbole phallique de l’arme soit necessaire ... )

    Arrivée à destination, ça recommence.

     l’ est faux ce passeport..l’ est volé ...

     enfin si je vole un passeport ,je mets ma photo sur le nom de la personne ,il serait pas à mon nom ,le même que ma carte d identité... et puis vous avez appelé le consulat ?

     non .

     appelez les ..

    au bout d’ un temps tres loooong ,ils appellent et on leur dit que tout est en règle.

    on le prie donc de s ’en aller .

    oui mais il est tard ...

    plus de car pour rentrer.

    bilan ?

    une journée de travail de perdue ( ça aurait pu etre son job ,si son patron ne l avait pas cru ou avait penser avoir affaire a un delinquant...)

    une nuit sur un banc

    un billet de car

    et un sentiment profond d’injustice .

    Qu’est-ce que c ’est que ce pays ?

    qu’en est -il de l’Europe ?

    il faut dire ,c’est le paradoxe de l’histoire ,que Samir ,comme son prénom ne l’indique pas est Italien.

    qu’ il a le droit de circuler et travailler en France.

    Sûr ..ça a du les contrarier un peu qu ’ il soit Italien...
    nos zélés patrouilleurs devaient etre ,on ne saura jamais par qui ,mal renseignés...

    voici la journée véridique de Samir au royaume de France ,le pays du flicage et des pressions policières.

    (* )le prénom a été changé

    Gidéhem