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IRAN : FUREUR IMPERIALE…

Publie le mercredi 24 juin 2009 par Open-Publishing
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LES IRANIENS VIENNENT D’ELIRE LEUR PRESIDENT. MALHEUREUSEMENT, ILS ONT MAL VOTE…

Mais, qu’est-ce qu’ils ont dans la région ?… A moins de leur taper dessus, ils votent tous mal !... Pourtant, nous n’avons pas arrêté de les inciter à voter pour les candidats qui représentent nos intérêts chez eux. Pas moyen. Ils n’écoutent pas.

Vérification, encore une fois, de ce que nous n’arrêtons pas d’affirmer : “ils ne comprennent que la force”. Cogner est la seule solution pour leur faire entendre ce qu’est une véritable démocratie : voter pour ceux que nous souhaitons, nous, les occidentaux.

A l’exemple de l’Irak, de l’Afghanistan, ou de Gaza, et d’ailleurs. Du Mexique à Taïwan, du Nicaragua au Gabon, de l’Argentine à l’Egypte. Bref, partout, où nous utilisons drones, obus au phosphore, à l’uranium “appauvri”, ou nos escadrons de la mort, “experts es-tortures”, “chasseurs d’opposants”, formés dans nos écoles des “forces spéciales”.

Le droit des peuples à décider de leur destin ?... Bien sûr. C’est exécuter d’abord ce que nous dictons. Parce que “nous”, nous sommes porteurs de civilisation, les autres peuples doivent nous écouter. Les Iraniens, tout comme les Vénézuéliens ou les Palestiniens, doivent obéir à nos consignes de vote.

TANT PIS POUR EUX, ILS ONT ETE PREVENUS.

La main tendue ou le bâton. En clair : “tu t’écrases, ou tu as mon poing dans la gueule”. On va être obligé de leur faire le coup de Gaza. Quelques bonnes séances de bombardement. Cela va crier un peu dans les chaumières, chez nous (chez eux, on s’en fiche…), mais ils verront ce que parler veut dire. Si nous ne nous faisons pas respecter, où va-t-on ?...

A moins qu’entre-temps, ils n’arrivent à renverser leur président…

PRENDRE SES DESIRS POUR LA REALITE

Chez nous, quand Sarkozy a été élu, les voitures ont brûlé dans les “quartiers défavorisés”, ce qu’on appelle “les banlieues”. Plusieurs nuits durant. Nous étions la risée de nos amis anglo-saxons, se payant notre tête avec notre démocratie policière sur fond d’inégalités sociales. Oubliant que chez eux, c’était pareil…

Finalement en Iran, à l’annonce des résultats, ceux qui ont perdu les élections ont fait comme chez nous.

Sauf que…

En Iran, en fait à Téhéran, c’est dans les quartiers nord où il y a eu des incendies. Ce sont les quartiers chics. Certes, les riches quartiers d’une capitale ne représentent pas tout un pays. De plus de 75 millions de personnes. Toutefois c’est un symbole, et les médias ont raison de ne se focaliser que sur ça. Car, les beaux quartiers c’est l’avenir de l’Iran. Comme chez nous, en France.

Les beaux gosses des quartiers riches se sont défoulés, sous les encouragements des SMS des Lolitas peinturlurées en Gucci, brûlant de descendre dans les rues avec leurs minijupes (1). Comprenons-les, elles n’en peuvent plus de ne les porter que dans les “boom-disco-techno-boum-boum”, chez les parents, les tantes ou les oncles.

Toutefois, les gentils casseurs ont courageusement évité de brûler les voitures des quartiers huppés. Prenant soin d’épargner la limousine Toyota de papa, et le 4x4 Mitsubishi de maman. Et, surtout, leurs coupés Hyundai. Importés d’Abu Dhabi, via les cousins installés sur place. Des milliardaires du business. Ils n’ont brûlé que des poubelles, ou quelques pneus traînant dans les garages de la maisonnée.

Se réunir en criant : “Halte à la dictature”, “Où est mon vote ?”, “Ahmadinejad va te laver” !... Quel frisson ! Avec un peu plus de poils au menton, ils pourraient être pris pour le Che, sur les photos de leurs portables. Envoyées illico aux Lolitas, s’extasiant sur les exploits de leurs preux chevaliers.

Certains, se sont quand même posé des questions existentielles, pour manifester leur mécontentement face aux résultats. Fallait-il jeter l’écran plasma familial par la fenêtre sur les policiers, avec les consoles de jeu, ou pas ?... To be or not to be, “plasma” ?...

Finalement, ils ont renoncé. Cela aurait fait “enfant gâté”. Se limiter à quelques poubelles, c’est plus écolo.

La jeunesse des beaux quartiers s’ennuie...

C’est vrai comme le disait un "étudiant-ingénieur" sur une vidéo que les chaînes TV françaises passaient en boucle. En train jouer à la Box, bardé de PC, portables, IPhone, Blakberry, devant l’écran géant de son salon climatisé. On s’ennuie, en Iran.

Bien sûr, dans les campagnes beaucoup de “jeunes” font une dizaine de kilomètres à pied pour rejoindre leur école, souvent sans chauffage en hiver. Tous les jours. Ceux-là n’ont pas le temps de s’ennuyer. Ils ont de la chance.

Cette jeunesse issue de la bourgeoisie qui n’a connu ni la dictature sanguinaire du Shah, ni la guerre de 8 ans avec l’Irak (2), a envie de s’éclater. Normal. A sa place, j’éprouverais le même spleen…

Des intellectuels et des artistes, aussi, qui ont envie de vendre à une riche clientèle leur production avec les prix qu’atteignent les moindres croûtes en Occident. En Iran, on est très loin des cotes des galeries d’art moderne occidentales. C’est vrai, il y a de quoi souhaiter tout casser.

Mettez-vous à leur place. Voir des ballons gonflés à l’hélium au château de Versailles, ou dans le musée-palais de Pinault à Venise, atteindre des millions d’euros… Produire n’importe quoi et ramasser des millions dans l’extase des gogos ! Qui ne voudrait pas gagner des millions, dans ces conditions ?...

Moi, je les comprends. Attendre encore une génération, voire deux, pour pouvoir jouir des mêmes spectacles qu’à New York, Londres ou Amsterdam, j’en conviens, c’est trop long. Horrible attente, comme pour ce spectacle en ce moment à Paris (3) :

« … Pâquerette ne se contente pas d’effeuiller la marguerite mais de "faire danser tous les orifices, dont l’anus", selon ses auteurs. "On a envie de trouver des intensités nouvelles, loin des normes et des codes, raconte François Chaignaud.

… La question de la morale est rejetée par les artistes. La fameuse formule, bien commode aussi, "l’art est au-delà de la morale" fleurit un peu partout. "Mais il y a des limites à la représentation de l’acte sexuel sur un plateau, nuance Alain Buffard, dont la nouvelle pièce, Self & Others, est en tournée en France… »

Chez nous, en Europe, nous n’avons pas le droit de contester le résultat des élections, même si vous comme moi, nous n’avons pas la possibilité de nous présenter à la présidence de la république. Pour être candidat, on doit être "coopté"... On n’a même pas le droit de contester la Constitution européenne par référendum. Refusé. Mais, par contre, nous avons le droit, sur des scènes de théâtre subventionnées, de “voir danser tous les orifices, dont l’anus”…

Ils ont du chemin les Iraniens, avant d’arriver à notre niveau de liberté !…

Il est évident que ce n’est pas avec ces amateurs qu’on va provoquer la chute d’un régime. C’est notre vitrine qui permet de modeler l’opinion publique dans nos pays. Pas plus. Faire croire que quelques quartiers représentent l’ensemble des Iraniens, passant leurs journées à activer leurs PC et leurs GSM.

Pour passer aux choses sérieuses et accentuer la tension, nous avons nos provocateurs, nos tueurs, capables de tirer dans la foule. Nos valises de dollars. Comme lorsque nous avons renversé Mossadegh, en 1953, qui avait eu la prétention de restituer les revenus du pétrole et du gaz aux Iraniens. Une opération de déstabilisation qui est un chef-d’œuvre du genre. Modèle étudié, de nos jours, dans toutes les officines des services spéciaux dans le monde…

EN “VERT” ET CONTRE TOUT

Nous savions qu’Ahmadinejad allait l’emporter. Depuis trois semaines, c’était l’évidence. Tous les sondages “sérieux” que nous avions commandés donnaient, avant les élections, la victoire d’Ahmadinejad par au minimum 2 voix contre 1 à Moussavi.

Notamment, celui financé par le Rockefeller Brothers Fund, organisation qu’on ne peut accuser de “pro-Ahmadinejadisme”… Ce n’est un secret pour personne, un article du Washington Post en donne le détail (4).

Vainqueur de loin. Dans les 30 provinces. Pire : Ahmadinejad est le plus populaire des candidats, notamment parmi les 18-24 ans. L’horreur !...

Ken Ballen et Patrick Doherty, analystes des sondages et observateurs des élections, estiment qu’il n’y a pas eu fraude. Du moins à grande échelle. Les résultats correspondant aux sondages.

Les commentaires, occultés en Occident, de Pavel Zarifoulline, rédacteur en chef du portail analytique Geopolitika (Russie), qui a suivi parmi les observateurs russes la dernière élection présidentielle en Iran, estimant les résultats corrects, ont fait beaucoup de bruit dans les médias internationaux non-occidentaux et la blogosphère. Il a été clair (5) :

" A titre d’observateur, j’ai participé à bien des élections, notamment en Biélorussie et en Moldavie, mais je n’ai vu nulle part d’élections aussi démocratiques qu’en Iran".

Et, alors ?

Si la popularité d’Ahmadinejad est un obstacle dans l’opération de putsch en cours, elle n’en est pas insurmontable. Une popularité se dynamite encore plus facilement qu’un bloc de rochers. Il suffit de lui tailler un costume sur mesure à la Chavez.

Regardez Chavez, c’est un des rares chefs d’Etat élu dans des conditions de régularité parfaites, dans le monde, mais notre propagande le fait passer pour dictateur. Et ça marche !

L’opération actuelle est préparée de longue date. Suivant les techniques rodées dans plusieurs pays, nous avions adopté le “vert” comme couleur emblématique du mouvement de contestation du résultat des élections. Couleur symbolique en pays d’Islam. Ces mouvements colorés ont beaucoup de succès et se véhiculent très bien dans les médias occidentaux. On se souvient du plus réussi : la révolution “orange” en Ukraine.

Cela fait des mois que nos experts de la désinformation bossent sur cette opération, avec un budget “no limit”. Notamment israéliens, qui sont parmi les plus forts pour mettre au point les argumentaires de "décrédibilisation" (6). Très implantés dans les médias, ils sont chargés de l’encadrement des rédactions.

Un solide argumentaire, auquel s’ajoutent de confortables enveloppes dans des paradis fiscaux, font des merveilles dans le réseau médiatique. Comparé à notre appareil de propagande en Occident, par sa sophistication et son efficacité, celui de Staline paraît, à posteriori, dérisoire…

Quand on a franchi les bornes, il n’y a plus de limites… Suivant le mot bien connu. Autant y aller à fond ! Objectif : Arriver à persuader le chaland que la lune est carrée. Et, décliner à l’infini. Inverser la réalité. Nous avons été royalement servi. Un régal, jusqu’à
présent. Comment ne pas admirer le niveau de désinformation atteint par nos médias ?... Nous évoluons au sommet de l’art, en la matière.
Parmi les summums de la virtuosité médiatique, admirez dans le genre :

« Les conservateurs euphoriques, les réformateurs en colère. » (7)

En fait, c’est le contraire. Ce sont les conservateurs qui sont en colère et les réformateurs qui sont euphoriques. Formidable renversement de perspective !

Ou encore, parler d’un score électoral stalinien pour Ahmadinejad, élu avec 62,3% des voix sur un pourcentage de votes exprimés de 80%. Alors que son prédécesseur, Khatami (le patron de son concurrent Moussavi) avait été élu avec une moyenne de 70% des voix sur un pourcentage de votes exprimés de 84%.

Pendant les élections, les médias occidentaux n’ont montré que les manifestations des partisans de Moussavi. La plus importante a réuni 100.000 personnes dans le centre de Téhéran. Le maximum qu’ils peuvent atteindre. Alors que la veille ceux d’Ahmadinejad en avaient rassemblé environ un million. Cela, ils n’en ont pas parlé. A chaque manif, c’est la même chose. Voilà du bon travail.

Ne montrer que des jeunes, au visage lisse et sympathique, pour la contestation. Face à des partisans d’Ahmadinejad qui ne peuvent être que des vieux ou des gueules patibulaires. Excellent !

Pour le reste, il suffit de jeter de l’huile sur le feu de l’imaginaire émotionnel...

La jeunesse iranienne est frappée par le chômage. Comment ne pas partager leur inquiétude, et en profiter pour la présenter en martyre d’un régime ?…

Quand on analyse les statistiques du chômage des jeunes en Iran, ce sont les mêmes qu’en Europe avec des taux moyens supérieurs à 10% et des zones où il dépasse les 20 à 40%. A l’identique de certains de nos quartiers ou de nos pays. Surtout chez les diplômés de l’enseignement supérieur. (8)

Une différence, toutefois : les pays européens, parmi les plus riches du monde, peuvent commercer librement alors que l’Iran est soumis à un embargo drastique. Qui fait la fortune des contrebandiers, de leurs couvertures, et bien sûr de leurs partenaires occidentaux. Mais, ça, il ne faut pas le dire… Chut !

Mettez-vous dans la peau d’un libéral de l’import-export, d’un conseiller financier, d’un avocat d’affaires, d’un architecte, d’un chirurgien, de tous ces traders et brokers, ces businessmen, ils étouffent avec cet embargo qui les empêche de démultiplier un business aux multiples ramifications, depuis le pétrole jusqu’à la privatisation des services publics. En liaison avec la diaspora iranienne, celle qu’on voit manifester devant les ambassades dans les pays occidentaux.

Ces exilés qui avaient pu partir avec une partie du magot familial amassé pendant les années de la terrible dictature du Shah, compromis dans la corruption et les exactions du régime. Ce sont leurs rejetons qu’on fait passer, à présent, pour des “experts” sur l’Iran. Nos meilleurs auxiliaires, pour nos campagnes de propagande.

Tous ces gens ont le sentiment de bricoler, alors que le jackpot est à portée de main : pétrole et privatisations !... De quoi enrager.

L’ENTROPIE

Problème : la révolte gronde dans les beaux quartiers de la capitale, le reste du pays est calme. Même à Téhéran, il y a des points de blocage. Dans l’opération de déstabilisation actuelle : le “Bazar” ne bouge pas.

Rien à voir avec le folklore orientaliste. En Iran, c’est ainsi qu’on désigne le grand commerce qui a son siège à Téhéran. Articulé sur les grossistes, demi-grossistes. Ils tiennent l’économie du pays. Ce sont eux qui vivent du commerce intérieur, qui assurent la banque de détail, par des prêts aux particuliers, aux détaillants, aux petits commerçants, aux transporteurs, jusque dans les provinces les plus éloignées.

Ils savent qu’avec la libéralisation à outrance, rêvée par les spéculateurs de la mondialisation en cheville avec les milieux financiers internationaux, ils vont être balayés avec autant de considération que pour des feuilles mortes.

Le “Bazar” est la mémoire du pays. Il a vécu le “libéralisme économique” du Shah avec les richesses du pays confisquées par l’Occident et une oligarchie pourrie jusqu’à la moelle vivant dans un luxe inimaginable. Laissant le pays à l’abandon. Ils ont efficacement contribué au renversement du Shah.

Normal que Le Bazar traîne des pieds. Il va falloir augmenter la pression de l’insécurité pour l’assouplir, le bousculer, le convaincre. L’insécurité, ce n’est pas bon pour le commerce. Ils devront choisir…

La situation est complexe, plus que les clichés médiatiques. Mais la grille d’analyse est simple. Nous sommes face au principe de l’entropie qui veut que tout système d’organisation, fut-il "révolutionnaire", génère son propre éclatement ou son propre chaos.

Cela me rappelle l’évolution de la révolution de Sun Yat-sen, le fondateur de la république Chinoise, qui a vu progressivement deux clans se former : celui autour de Mao et sa volonté de réforme d’une société féodale, et celui de Tchang Kai-Chek corrompu et désireux, en satellisant la Chine à l’Occident, d’y retourner.

Pour nous, ceux qui acceptent de passer sous la coupe de l’Occident ce sont les réformistes. Les autres, ce sont nos adversaires : les conservateurs.

En Iran, abstraction faite de la religion, on assiste au même phénomène, à l’affrontement de deux clans :

=> Les “Pro-West”, les réformistes, qui comptent deux anciens présidents : Rafsandjani et Khatami. Ceux sont eux qui “drivent” leur poulain ou leur marionnette : Moussavi, ancien collaborateur des deux.

Ils sont modernes, pour nous ce sont des pragmatiques. Ils se sont considérablement enrichis depuis la révolution. Eux, ils ont compris l’évolution du monde et de sa loi fondamentale : La Loi du Plus Fort. Ce sont nos alliés dans la place. Des alliés de poids.

Rafsandjani, président élu de l’Iran de 1989 à 1997, est l’homme le plus riche d’Iran. Une des plus grandes fortunes mondiales d’après le périodique américain Forbes. Fortune bâtie à une vitesse exponentielle, dès la fin de la guerre avec l’Irak : pétrole, gaz, immobilier, immenses propriétés agricoles, commerces, industries. Une colossale puissance financière.

A l’origine son père était un producteur prospère de pistaches. Nous savons qu’il est méprisé par le peuple iranien pour avoir sombré dans l’affairisme et la corruption. Il a su acheter et corrompre une partie du haut clergé. Il est surnommé par l’homme de la rue : Le Requin... Avec son clan, ses fils et ses filles. Tous richissimes.

Il est d’ailleurs amusant de voir les médias occidentaux montrer une de ses filles, milliardaire elle aussi, haranguer dans une mise en scène un groupe de femmes (100 $ pour chaque participante…), comme si elle souhaitait défendre les libertés publiques !... A se tordre de rire. Encore un bon coup de notre appareil de propagande.

Khatami, président de 1997 à 2005. Même évolution, en plus discret dans l’ostentation de la richesse et de l’influence. C’est la vitrine “intello” du clan. Le cachet et la patine de la respectabilité.

C’est avec des gens de cette étoffe, que nous nous entendons à merveille. Pour faire du bon busines il nous faut, en Iran, des hommes de la trempe d’un Eltsine.

=> Face à eux, un clan représenté par Khamenei, qu’on appelle “le guide spirituel” et Ahmadinejad. Des demeurés. Ils n’ont rien compris : ils sont “incorruptibles”. Se prenant pour Eliot Ness face à Al Capone. Ou, dans un autre genre, pour Mao face à Tchang Kai-Chek. Des rêveurs, des idéalistes. Ceux qui croient que demain on rasera gratis. Il y en a encore de ces bouseux. Les plus faibles.

Pour le peuple Iranien les partisans de Moussavi sont les conservateurs, l’extrême-droite. Ceux qui veulent rétablir un régime analogue à celui du Shah, avec ou sans son héritier en exil, approuver tout ce que veut l’Occident, surtout privatiser à tour de bras, casser le peu d’aide sociale et laisser crever le reste du pays. Pendant la campagne électorale à la TV iranienne, Ahmadinejad a mis en cause la corruption de ce groupe. Il faut inverser cette perception.

Imaginez : Ahmadinejad a mis en place une couverture sociale pour toutes ces femmes qui travaillent dans une des principales industries du pays, celle de la fabrication des tapis ! Exploitées par les riches propriétaires qui ne rêvent que de casser cela aussi vite que possible. Exemple dévastateur pour le reste de la région.

Khamenei et Ahmadinejad : des hommes dangereux pour notre stratégie coloniale en Iran.

En trente ans, l’Iran, malgré l’embargo s’est beaucoup développé, avec des réalisations spectaculaires. C’est au Moyen-Orient le pays, avec la Turquie, où la société civile évolue le plus rapidement. Dans les universités plus de 60% des étudiants sont des femmes. Avec un taux atteignant 70% en médecine. (9) Le meilleur taux mondial, actuellement. La plus grande partie de ces femmes, issue de milieux modestes, soutient Ahmadinejad. Nous arriverons à les convaincre du contraire.

Deux visions différentes. Des conservateurs qui rêvent de prospérer au sein d’une confortable nouvelle féodalité, arrimée au Big Business US et occidental. Face à des réformateurs qui rêvent d’une société fondée sur la solidarité.

Le choc : d’un côté les nantis et de l’autre les ouvriers, paysans, petite bourgeoisie qui ne supportent pas la corruption en train de se développer, avec la spéculation, à grande vitesse. Individualisme, face au vivre en communauté. La “loi du plus fort”, face à la solidarité.

Symbolisé par l’opposition entre l’architecte Moussavi, fils de riches commerçants, et l’ingénieur Ahmadinejad, fils d’un modeste forgeron. Situation dangereuse pour nos intérêts : les néo-conservateurs iraniens, alias les réformistes dans notre propagande, doivent impérativement gagner. Tout doit être fait pour les appuyer. Le putsch doit réussir.

Après avoir écrabouillé consciencieusement Gaza, nous démolissons avec application le Pakistan, dans l’impunité. Nous avons réussi à casser brillamment l’Irak, l’Afghanistan. Pris en étau, l’Iran va être démembré, éclaté. Comme les autres.

En fait, la véritable arnaque ce n’est pas le comptage des votes ou l’identification des fraudes électorales, c’est de faire croire qu’on se préoccupe de la démocratie en Iran. C’est notre force.

Notre seule préoccupation, ce n’est même pas “la bombe”, c’est tout simplement comme en Irak : le Pétrole, le Gaz. Avec, au passage, la privatisation à notre profit des services publics (de véritables rentes de situation !) et la main mise sur le système bancaire et financier. Le reste on s’en contrefiche !...

L’Iran, ce n’est qu’une question de temps. L’Empire aura sa peau.

Que le reste du monde, la Russie ou la Chine estiment que cela commence à faire beaucoup ou pas… Même eux ne perdent rien pour attendre. Plus tard, leur tour viendra. On s’occupe déjà, méthodiquement, de leur cas.

L’Empire a l’éternité devant lui !

(1) En référence au titre du roman de Azar Nafisi : Lire Lolita à Téhéran…

(2) 1980-1988. Plus d’un million de morts du côté iranien et toute l’infrastructure de raffinage de pétrole et de gaz détruite (par des avions français Super-Etendard armés de missiles exAvec l’embargo qui a suivi, notamment sur les pièces détachées et composants spécifiques aux installations, les Iraniens ont éprouvé les plus grandes difficultés à les reconstruire. Ce qui explique que ce producteur de pétrole soit obligé d’importer une grande partie de l’essence nécessaire à sa consommation intérieure.

(3) Journal Le Monde du 13 juin 2009 : http://www.lemonde.fr/culture/article/2009/06/13/erotisme-sexe-et-strip-tease-s-invitent-sur-les-scenes-actuelles_1206508_3246.html

(4) Ken Ballen et Patrick Doherty, http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2009/06/14/AR2009061401757.html, traduction en français : http://www.legrandsoir.info/Le-peuple-iranien-s-exprime-Washington-Post.html

(5) http://fr.rian.ru/world/20090617/122018642.html RIA Novosti 17/06/09

(6) Trans-Atlantic Con Man, Guest Post by Marsha B. Cohen, http://www.ips.org/blog/jimlobe/?p=258 :

“… Two weeks ago, the head of the Israeli Foreign Ministry’s “Task Force on Isolating Iran” sent a classified telegram to all Israeli embassies and consulates titled “Activities in the Run-up to Iran’s Presidential Election.” It detailed a variety of ways that Israeli representatives could “blacken Iran’s international reputation” and delegitimize the Iranian elections, before, during and after they took place on June 12…”

(7) “Les conservateurs euphoriques, les réformateurs en colère”, Le Monde, 13 juin 2009.

(8) Lire l’excellent dossier économique sur l’Iran, de Thierry Coville, dans Alternatives Internationales - n°43 - Juin 2009

http://stanechy.over-blog.com/
(9) Thierry Coville, Op. Cit.

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