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ITALIE:Marghera, nouveau procès pour les morts de l’usine pétrochimique

Publie le dimanche 25 janvier 2004 par Open-Publishing
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ITALIE : Marghera, jugement en appel, un nouveau procès pour
les morts de l’usine pétrochimique.


Il y a deux ans tout le monde fut acquitté.

C’était le 2 novembre 2001, le jour des morts. Le "tous acquittés" prononcé par
le juge

M. Ivano Nelson Salvarani remplit de stupeur, d’indignation et de protestations
la salle d’audience de Mestre. Dans la même salle dépouillée a commencé hier
le procès en appel pour les morts et le désastre environnemental causés par l’usine
pétrochimique de Porto Marghera.

Pour rappeler les ouvriers tués par le chlorure
de vinyle monomère (aux 157 du procès s’en sont ajoutés une quarantaine), Mme Beatrice et M. Gianluca
Bortolozzo avaient une fleur à la main.Ce sont les enfants de Gabriele, le premier à s’être
aprçu de la très grande incidence de tumeurs et de maladies particulières parmi
les ex collègues exposés au cvm. Un exposé présenté par lui fit démarrer l’enquête
du ministère public, M. Felice Casson qui, après trois ans de débat, demanda
185 ans de prison pour 28 gros et petits bonnets de la chimie italienne (Montedison
er Enichem) accusés d’homicide involontaire et de désastre environnemental. Des
accusations qui n’ont pas été prouvées, selon la sentence de premier degré qui,
en acceptant la thèse des défenseurs, soutient que le caractère cancérigène du
cvm ne fut démontré qu’en 1973.

Tous les décès qu’on peut sûrement ramener au cvm remontent à une période précédent
1973, et donc ils ne pouvaient pas être évités. Ensuite l’entreprise mit en œuvre
dans ses installations les précautions prescrites par les lois et "en l’état
des connaissances actuelles" il n’est pas prouvé que des expositions plus basses
aient causé les décès et les maladies les plus récentes. Des argumentations identiques
pour la dégradation environnementale : la pollution la plus importante et la plus
grave de la terre, de l’air et de l’eau a été réalisée alors que les lois de
protection environnementale n’existaient pas encore. La contamination actuelle
des canaux et des poissons, "même si elle est importante, ne représente pas un
risque réel pour la santé publique, dans les termes prévus par le délit d’empoisonnement".

La deuxième section de la Cour d’Appel, présidée par M. Francesco Aliprandi,
confirmera le plein acquittement, bouleversera la sentence en première instance
ou fera au moins quelques distinguo ? Il vaut mieux s’abstenir des prévisions,
car la dernière fois elles ont été radicalement contredites. L’audience d’hier
a servi pour constituer les parties au procès. Un des accusés, le nonagénaire
M. Angelo Sebastiani, ex-directeur de l’usine pétrochimique, est décédé entre-temps.
Le Ministère de l’Environnement n’est plus partie civile contre Montedison. A
la veille de la sentence, le ministère et Montedison s’étaient accordés pour
une indemnisation de 550 milliards de lires (environ 550.000 euros : NdT). Presque
rien par rapport au montant du dégât : 80.000 millliards de lires (environ 80
millions d’euros : NdT) selon les calculs de l’avocat de l’Etat, maître Giampaolo
Schiesaro.

La Mairie et la Province de Venise, ainsi que des syndicats et des associations
restent dans le procès. Parmi ces dernières, Médecine Démocratique qui a en M.
Luigi Mara un des connaisseurs les plus attentifs du dossier de ce procès. "Les
raisons pour lesquelles nous sommes ici sont toujours les mêmes : donner visibilité et
dignité aux victimes, contribuer à la vérité et à la justice", dit M. Mara. A
son avis, l’acquittement se base sur "un faux énorme" : les faits et les documents
démontrent que les usines chimiques étaient au courant de la dangerosité du cvm
bien avant 1973. D’autres documents prouvent que, même après cette date, à l’usine
pétrochimique la sécurité des installations était un article du bilan à comprimer
coûte que coûte. En ce qui concerne l’environnement, "les lois de protection
existaient à partir des années 50".

La prochaine audience, fixée au 10 février, sera consacrée à la première manoeuvre
de la défense Montedison à qui s’est associée celle de Enichem. Il s’agira d’une
exception de constitutionnalité sur le recours en appel de la part du ministère
public en cas d’acquittement. La question a déjà été soulevée dans d’autres procès
et retenue comme "négligeable". Pour discuter de l’exception, il y aura dans
la salle le Procurateur Général de Venise Ennio Fortuna. Felice Casson a demandé et
obtenu de seconder le substitut procureur général M.Bruni chargé de l’accusation.

Hier, dans la salle d’audience, il y avait le premier adjoint M.Bettin, des centres
sociaux et des étudiants avec une banderole "Non au phosgène".

MANUELA CARTOSIO

Publié par Il Manifesto du 21.01.2004

traduit de l’italien par Mc et G.R.

25.01.2004
Collectif Bellaciao

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