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ITER : le coût de la fusion nucléaire explose

Publie le lundi 13 octobre 2008 par Open-Publishing
6 commentaires

 Lundi 13 octobre 2008 - Olivier Dessibourg

ENERGIE. La construction du réacteur expérimental de fusion nucléaire ITER a commencé en France. Mais son budget risque d’augmenter de 30% de plus que prévu. Une conférence à Genève fait le point.

Si la population de la planète double, la consommation d’énergie pourrait tripler. Pour parer à ces besoins énormes, il "existera" d’ici 2050 une énergie propre, sûre et abondante : la fusion nucléaire. C’est en tout cas ce que pensent les dizaines de scientifiques réunis du 13 au 18 octobre à Genève pour une conférence placée sous l’égide de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Un colloque qui sert aussi à fêter un anniversaire : « C’est à Genève, en 1958, que s’est tenue la Conférence internationale pour les applications pacifiques de l’énergie atomique », rappelle Minh Quang Tran, directeur général du Centre de recherche en physique des plasmas (CRPP) à l’EPFL.

L’une de ces applications pourrait être la fusion nucléaire. L’idée est de reproduire sur Terre, en milieu confiné, les processus qui ont lieu dans le Soleil, et d’en tirer de l’énergie sous forme de chaleur, puis d’électricité. Pour concrétiser cette vision, les présidents Mitterrand, Reagan et Gorbatchev ont jeté, en 1985 déjà, les bases d’ITER.

Ce gigantesque réacteur expérimental de fusion de type « tokamak » doit apporter la preuve de la viabilité de cette technologie. Le projet, qui réunit sept partenaires (UE - à laquelle est associée la Suisse -, Etats-Unis, Russie, Japon, Chine, Inde, Corée du Sud) a été approuvé en 2006. Et la construction de l’installation pharaonique vient de commencer à Cadarache, dans le sud de la France.

En 2001, le budget avait été fixé à 5 milliards d’euros pour sa construction, et autant pour son exploitation. Or aujourd’hui, ce chiffre risque bien d’exploser. La raison ? « Depuis sept ans, de nombreuses avancées ont été effectuées dans le domaine de la physique, de la technologie, des matériaux, explique Carlos Alejaldre, vice-directeur général d’ITER. Nous avons fait revoir le design du réacteur. Et voulons y inclure ces développements. » Pour quel surcoût ? « C’est difficile à estimer... » Certains experts, dans les revues Nature et Science, évoquent un dépassement pouvant aller jusqu’à 30% du budget total. Des dépenses supplémentaires qui font déjà grincer les partenaires du projet.

Les modifications proposées sont multiples. La plus importante concerne le confinement du plasma, cette « soupe de particules » portée à 100 millions de degrés dans laquelle aura lieu la fusion nucléaire. Or récemment, les physiciens ont découvert que ce nuage de gaz pouvait, sur ses bords, émettre des « bulles », appelées instabilités. Et que ces « petites éruptions » chaotiques, au rythme d’une par seconde, pouvaient rapidement endommager le réacteur.

« C’est un gros problème, concède Ambrogio Fasoli, directeur exécutif du CRPP. Mais nous venons aussi de trouver la parade. Sans savoir toutefois ni comment ni pourquoi, elle fonctionne. Nous allons donc étudier ce phénomène à l’EPFL. » Le CRPP, qui emploie 160 personnes, dispose en effet depuis 1992 de son tokamak, le TCV, qui a coûté 52 millions. Il est ainsi devenu un des centres mondiaux qui valideront les technologies installées sur ITER. « Qui reste une machine avant tout expérimentale », tient à préciser Carlos Alejaldre.

« Obligation morale ». Certains physiciens continuent d’ailleurs à penser que la technologie de fusion est si complexe qu’elle ne pourra jamais être appliquée à large échelle. Et - pire - qu’ITER risque de finir comme le SSC, l’immense accélérateur de particules américain, devisé à 4,4 milliards de dollars, mais dont la construction a été stoppée après que son budget eut presque triplé.

Carlos Alejaldre rejette cette idée : « Parmi les scientifiques, plus personne ne doute qu’ITER pourra remplir ses objectifs. Plus rien ne peut arrêter ITER. C’est même une obligation morale que de tenter de trouver des réponses au problème énergétique. » Et d’ajouter que le Conseil d’ITER prendra la décision d’accepter ou non ces modifications de design lors d’une de ses deux prochaines séances, en novembre ou en juin. Une chose est sûre aujourd’hui déjà : la mise en service de ce colossal instrument de science interviendra en 2018 au plus tôt, avec deux ans de retard sur l’agenda prévu.

Messages

  • Ne vous inquiétez pas braves gens les apprentis sorciers sont à l’oeuvre et en attendant de faire péter la planète ils font la fortune des Bouygues et consorts.

  • Dans une autre dépèche et auparavant signalé, les USA ont retiré leur part d’investissement sur l’exercice 2008. Surement que nos amis outre atlantique ont d’autre chat d’éternité à foueter.

    Lors de la pose de la première pierre de cette ETERNELLE folie et grosse chocolaterie en béton pour l’ami Martin ! La dame Pécresse faisait les louanges de cette machinerie, dont personne ne peut a ce jour dire si elle fonctionnera réellement un jour et combien mème , quel en sera le prix ?

    Livraison initiale prévue en 2016, prévision d’il y a un an à peine et d’avant le krach financier. Cette usine à soleil ne verra jamais ni le jour, et c’est mon avis, ni le bout de sa fabrication.

    Un seul conseil, arrèter les frais. Illico presto.

    • Ben pq pas ...

      Si les frères lumières avaient arrêter les frais il y a deux siècles, n’auriez même une lampe pour rédiger votre bafouille, et encore moins de PC...

      Avant de cracher sur les couts de la recherche, proportionnels à chaque époque, méditer un moment sur la technologie qui vous entoure et aux efforts des chercheurs, jour et nuit, ainsi qu’à l’élaboration de leurs propres outils pour nous permettre d’aller toujours de l’avant et ensemble.

      Les parallèles sociaux et économiques sont uniquement inappropriés car les gens qui y travaillent pour "l’améliorer", ne travaillent tout simplement pas avec la même rigueur et discipline scientifique ! Les résultats s’en font ressentir et cela ne tient pas uniquement à une balance de budgets...

      Les gens ont plus tendances à critiquer et supputer de ce qu’ils ne connaissent pas plutôt que de s’informer et cela représente déjà une énorme lacune d’informations conduisant, quasi inévitablement, à des erreurs grossières d’interprétations.

      Imaginons la fusion fonctionnant sur chaque continent, une source inépuisable et non polluante d’énergie...Nos petits enfants y vivant devront aussi penser aux efforts, aux budgets, à l’énergie nécessaires pour que cette énergie soit produite chaque jour. Ils penseront et verront peut être aussi les déboires et doutes des sociétés quant à l’élaboration et la conduite chaotique des recherches amenant aux résultats qu’ils connaissent.

      Redoublons donc d’efforts et pensons toujours à un avenir meilleur, résolvons les problèmes sans s’apitoyer dessus.

      Bonne journée à tous et soyez heureux,

    • « Imaginons la fusion fonctionnant sur chaque continent, une source inépuisable et non polluante d’énergie »

      Une autre version , du pain et du vin ! Rien de plus. Ce ne sera pas la première fois que des chercheurs se plantent ici dans le cas présent à vouloir recréer le soleil sur terre. Rien que l’idée est complètement délirante. Ton truc ne tient pas !

      Recherche fondamental Oui, application industrielle, si toutes les garanties ont été posées. Ce qui n’est pas le cas.

      Energie éternelle, ce concept en physique ne tient pas,coco

  • 5 milliards d’euros, même + 30 pour cent , c’est une paille quand on voit ce qu’ils mettent pour sauver les banques.

    C’est ca le vrai scandale, y a rien pour le futur. Même si on découvre finalement que la fusion ne peut pas marcher, plus tôton le saura, mieux ca sera, et au moins on aura appris d’autres trucs potentiellement intéréssants en étudiant la faisabilité de cette technologie.

    Des sous pour nous, pas pour les les banquiers !
    Pour le social, pour la recherche.